Quand j'étais mon frère de Daniel Ansquer
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Symbiose dérangeante
Erwan et Ronan sont frères jumeaux. L’un est la parfaite réplique de l’autre, si ce n’est que Ronan est tétraplégique. Différence de taille… Cyanosé à la naissance, son corps ne répond plus, il n’est plus que chair insensible dont Erwan s’occupe avec le plus grand soin, avec une attention sans limites, comme si, en agissant de la sorte, Erwan expurgeait tout sentiment de culpabilité d’être valide face à son double diminué.
Erwan et Ronan s’aiment. Pas seulement comme deux êtres, plutôt comme deux parties d’un seul et même être qui aurait été séparé, deux fusionnés de la vie et du sang. Erwan aime le corps de Ronan, il veut qu’il épouse les siens, que les deux êtres ne fassent qu’un. Beaucoup d’impudeur dans les lignes de Ansquer qui crée par moments une impression de malaise, un sentiment malsain de voyeurisme bourgeois.
La maman des deux frères, alcoolique et folklorique, est présente dans le récit, mais de manière secondaire, femme invisible qui observe mais ne dit rien, regarde sans bouger, se déleste de ses responsabilités sur les épaules de Erwan, qui devient Ronan pendant que Ronan vit à travers lui.
Cette histoire d’amour fraternelle, sanguine, fusionnelle, dépasse tout entendement. Quelle issue pourrait-elle trouver si ce n’est la mort d’un des deux frères, seul moyen d’échapper à un cercle vicieux qui se réduit de plus en plus sur la personnalité de ces jumeaux meurtris et devenus totalement dépendants l’un de l’autre.
Ce récit de Daniel Ansquer est émotionnellement très fort, même si l’auteur se retient (et ça se sent) de sombrer dans le pathos gratuit. C’est peut-être ce qui mitige mon impression quant à son roman, c’est trop ou pas assez, c’est constamment "borderline", avec une impression déguisée qu’on a voulu (volonté de la maison d’édition ?) faire du sensible avec un minimum obligé de qualité et en même temps produire un texte qui devait se démarquer de la veine Courbet-Pradel. Bof bof au final, l’idée était intéressante, le début original et bien mené mais le côté sirupeux qui se dégage ne colle pas à la violence de l’histoire. Un marshmallow au vinaigre, il y a erreur quelque part.
Les éditions
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Quand j'étais mon frère [Texte imprimé], roman Daniel Ansquer
de Ansquer, Daniel
Albin Michel / Romans français
ISBN : 9782226141644 ; 2,00 € ; 20/08/2003 ; 132 p. ; Broché
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