L'amant de lady Chatterley de David Herbert Lawrence

L'amant de lady Chatterley de David Herbert Lawrence
( Lady Chatterley's lover)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Mœlibée, le 8 mai 2004 (Paris, Inscrit le 17 avril 2004, 40 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (43 083ème position).
Visites : 9 327  (depuis Novembre 2007)

Roman érotique, « honnête » et « sain»

Je ne ferai pas ici une critique fraîche et précise de ce roman dont il ne m'est resté — et c'est l'essentiel — que l'intrigue générale, la psychologie floue de ses héros, et une atmosphère particulière. Car j'en ai un souvenir lointain et brumeux, un souvenir empreint de la langueur qu'inspirent les sous-bois et le climat anglais du domaine de lord Chatterley, où se déroule l’histoire. Dans l’effervescence des années 20, au lendemain de la Grande Guerre et des révolutions — communiste et industrielle — fondatrices des sociétés du XXème siècle, se tient autour de lord Chatterley une sorte de salon scientifique, politique et intellectuel. Au milieu de l’entourage masculin de son mari, et de ses discussions sur les problèmes du monde, Constance Chatterley s’ennuie. Lord Chatterley est paralytique, impuissant et n’entretient plus avec elle qu’une étroite complicité intellectuelle ; Constance, elle, éprouve pour lui une grande tendresse — avec la part de pitié que peut susciter un estropié de guerre, mais plus une véritable passion, et se sent délaissée. Or, loin des salons feutrés où des hommes qui, à l’heure des grands progrès scientifiques, n’estiment plus les passions et la sexualité absolument primordiales — voire dignes de la race humaine — et les relèguent parfois même au rang de simple nécessité biologique, sans s’y intéresser davantage (et quand ils semblent y accorder quelque intérêt, c’est à peine pour en parler et s’épancher en considérations purement intellectuelles) ; loin de ces salons donc, Constance découvre peu à peu, grâce au garde-chasse du domaine, l’absurdité de ces discours fertiles. Cet homme viril et terrien, qui, quoique un peu rude au départ, devient vite son amant, incarne pour elle les valeurs perdues par ces intellectuels qui peuplent le salon de lord Chatterley, et lui fait découvrir la sensualité, le plaisir, et le mystère de la vie. Car les relations charnelles recèlent pour eux deux bien davantage que le seul plaisir : elles sont l’occasion d’un véritable questionnement sur le mystère attractif d’un sexe pour l’autre, sur ce qui fait de la sexualité une « chose » à part, sur l’énigme même de la vie. Pourtant, et c’est heureux, ces scènes d’amour n’ont rien d’abstraites digressions philosophiques, mais nous sont retranscrites par ce qu’éprouvent les deux amants, l’expérience directe de leurs sens, et de leur mise en abyme respective — leur sexe : John Thomas & Lady Jane, personnages à part entière. Si ce roman manque un peu de la spontanéité, de la simplicité, de la disponibilité naturelle des corps, que d’autres auteurs, d’inspiration plutôt méditerranéenne, ont si bien écrits, c’est que la mentalité et le décor anglais les empêche à peu près. Or c’est bien la confrontation, d’un côté, des sphères éthérées de la haute société britannique et d’une humanité viciée par les leurres du progrès et de l’esprit, avec, de l’autre côté, la vérité terrestre, le monde réel et sensuel, oublié et méprisé par les « âmes pures », qui fait l’intérêt de ce livre, longtemps expurgé, et qui fut à l’origine d’un scandale. Ce livre est cru en effet, mais pas grossier. Ainsi se défend Lawrence : « Malgré tout ce qu'on pourra dire, je déclare que ce roman est un livre honnête, sain et nécessaire aux hommes d'aujourd'hui. »

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Long et mou

4 étoiles

Critique de Sonic87 (, Inscrite le 28 mai 2014, 40 ans) - 26 juin 2014

Après avoir vu le film (2h45 environ) j'ai été curieuse de lire le roman (390 pages environ). Dans les deux cas je me suis ennuyée, comme Lady Chatterley à son époque. Des pages et des pages de description avec de nombreuses répétitions. Après avoir lu sérieusement les 80 premières pages, j'ai sauté de nombreux paragraphes sur la beauté du bois alentour ou les petits oiseaux.
On ne peut pas vraiment dire que ce roman est érotique, il ne s'y passe rien, les 5 ou 6 scènes de sexe répètent la même chose ("ils s'allongèrent sur la couverture et la pénétra").
J'ai tout de même été étonnée de l'adaptation filmographique : l'acteur choisi pour jouer l'amant n'a rien à voir avec la description (physique ou personnelle) qu'en avait fait le romancier.

Amours ancillaires

3 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 5 juin 2013

Je trouve personnellement que le beau film de Pascale Ferran est infiniment supérieur au roman, bien plus sensible et talentueux, bien plus riche. C'est une ode à la création, à la nature et au corps.

Par contre, ce livre, bien écrit, scandale en son temps, classique des bibliothèques interdites de tout potache qui se respecte quand l'étude des Lettres étaient encore celle de la littérature et non un décodage froid et souffrant des mêmes manques que ce pauvre Lord Chatterley, (note aux boutonneux post-pubères qui pourraient me lire, ce n'est pas à lire sous la couette), l'histoire raconte finalement les amours d'une riche bourgeoise qui s'ennuie et fantasme sur ses domestiques, et paraît maintenant bien anodin, on trouve cette histoire racontée avec plus de franchise, si j'ose dire, dans beaucoup de films produits par Marc Dorcel (exemple qui me vient tout de suite à l'esprit ; voix off très mâle : "les jeunes filles étaient fascinés par la bosse énorme du pantalon du jardinier, naïves comme elles l'étaient, elles pensaient qu'ils souffraient d'un handicap grave", je vous laisse imaginer la suite petits saligauds). Il n'y a pas de vertige dans ce livre, pas de folie, c'est de la sexualité choquante à la victorienne.

Ce qui est encore intéressant, c'est que l'auteur était un partisan des sens et des flux sanguins (y compris ceux irriguant les corps caverneux) contre l'intellect mais il est bien sage. On parlera de mélanges des classes mais il est à noter quand même que chaque personnage garde son statut social.

L'amour, le seul, le vrai, le grand !

9 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 18 mars 2008

J’avais toujours hésité à lire le chef d’œuvre de DH Lawrence, l’érotisme made in 1920 ne m’inspirait que médiocrement et je craignais de tomber dans une nouvelle histoire « bovaryenne » dont je n’avais jamais pu arriver à bout malgré plusieurs tentatives au cours de mes années « potache ». Mais la sagesse et la patience venant avec l’âge, je me suis lancé l’an dernier dans cette grande aventure et bien m’en pris.
L’histoire de Constance Chatterley est d’une grande banalité et tout le monde la connaît, Monsieur ne peut plus satisfaire Madame mais Madame a une très bonne éducation alors elle sait contraindre son corps et rester auprès de Monsieur, là où son devoir de bonne chrétienne la requiert. Jusqu’au jour où le garde chasse met ses sens en émoi et progressivement la conquiert et l’enlève à son vaniteux mari.
En fait, L’Amant de Lady Chattterley c’est le livre de la transgression :
- Transgression sociale : la belle lady appartenant à l’aristocratie se compromet avec un vulgaire garde-chasse,
- Transgression religieuse : Constance élevée dans la foi chrétienne et la puritaine vertu anglaise ose quitter son époux légitime pour connaître les plaisirs de la chair dans l’adultère,
- Transgression sexuelle : l’épouse légitime de lord Chatterley ne se contente pas de calmer les ardeurs de son jeune corps, elle recherche le plaisir de la chair alors qu’à cette époque le plaisir sexuel était réservé aux hommes, les femmes devant se contenter de leur apporter ce service et d’assurer leur descendance
Mais, c’est aussi le livre de la rupture avec un ordre établi qui règne alors dans la bonne société anglaise où les choses de l’esprit priment sur les choses du cœur et plus encore sur les choses de la chair. Alors que Constance et son amant sont profondément humains, ils ont un cœur qui vibre et qui aime et un corps qui palpite, qui demande et qui se donne. C’est le livre de l’être, de l’homme et de la femme de chair et de sang avec ses vices et ses vertus qui remet en cause la société de la naissance, des apparences, de la vertu et de l’esprit … supposé souvent. C’est le roman de l’amour dans toute sa pureté et toute sa vérité !

Lutte des classes, lutte des corps

7 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 27 août 2004

Femme délaissée, pompeusement aimée pour son esprit, par un homme intellectisé qui se sent supérieur à tous et à tout. Constance Chatterley est avant tout un corps, qui s'amenuise, s'use et se vide d'être sacrifié. Se révéler à elle-même dans ce monde de "têtes" sans chair qui compose l'entourage de son mari lui semble impossible et c'est entre les bras, sous le corps du garde chasse du domaine qu'elle redécouvre les valeurs primordiales de la vie: le sexe, pur et cru, le plaisir commun sans limite de bienséance, l'attirance des corps.
Replacé dans son contexte temporel, aucun doute que ce roman a dû faire grand bruit. Les scènes érotiques sont effectivement saines, simples, mais dans un langage cru et dépourvu de sophistication, dans le but sans doute de banaliser ainsi son côté tabou.
Prétexte aux conflits des classes, ce "faux" choc entre ces deux mondes a priori si dissemblables laisse croire à l'attirance sans critère d'issue sociale tout en nuançant l'origine des deux protagonistes: Constance est une bourgeoise "de campagne" et son garde chasse un ancien officier cultivé et intelligent.
"Retour aux sources", au corps, à l'incontinence des besoins physiques, qui entraîne un amour faisant fi de la nourriture spirituelle soi-disant capitale.
Malgré sa spontanéité et sa simplicité, je ne suis pas parvenue à y croire complètement mais "L'Amant de lady Chatterley" a certainement sa place parmi les romans ayant marqué l'histoire de la littérature.

Chatterley chuchote

6 étoiles

Critique de Bérénice (Paris, Inscrite le 18 mai 2004, 38 ans) - 14 juin 2004

Il ne me reste plus à moi non plus que des bribes de souvenirs et des images floues de ce roman. Je me rappelle avoir apprécié la délicatesse anglaise des situations et des sentiments. Mais je n'ai pas gardé un souvenir très admiratif de ce roman qui si je me rappelle bien m'avait quelque peu déçue. C'était un petit peu trop doux, un petit peu trop calme, un petit peu trop plat - beaucoup trop silencieux. Je n'entends pas par là un manque de scènes violentes et de passions, cela peu faire la force d'un roman, mais un esthétisme poussé jusqu'à la fadeur, jusqu'à ne plus rien communiquer., sauf peut-être un rien de langueur.

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