Berthe Morisot : Le secret de la femme en noir de Dominique Bona
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Un très bon livre, très bien écrit
Ce livre est une biographie des plus documentées, mais elle est écrite par une romancière.
Le ton est donc tout à fait différent de ce que beaucoup de biographes ou d'historiens auraient fait.
On entre directement dans la famille Morisot et la psychologie de ses personnages. Le père était un homme frustré de ne pas avoir été un architecte, études qu'il avait faites mais une faillite a interrompu sa carrière. Il est donc devenu fonctionnaire. Il est cependant toujours arrivé à très bien entretenir sa famille. La mère de Berthe Morisot était particulièrement douée pour le piano, mais son mariage l’a forcée à oublier cela. Voilà pourquoi ces parents ont accepté sans difficultés que deux de leurs filles suivent des cours de peinture. Yves, l'aînée, n’a rien fait d’artistique, mais Edma, la seconde, et Berthe iront loin dans ces études.
Edma, peut-être la plus douée, s'arrêtera au moment de son mariage. Berthe, volontaire et décidée, n'envisagea jamais de pouvoir abandonner cet art. À trente ans elle n'était toujours pas mariée et cela inquiétait fortement sa mère. Elle finira par épouser Eugène Manet, le frère d’Edouard, et en aura une fille. Toujours entourée des plus grands peintres de son époque, Degas, Renoir, Puvis de Chavanne, Manet, Monet, elle ne fera jamais que chercher sa propre voie en refusant toute influence. C’est Edouard Manet qu'elle admirait de loin le plus. Elle en a d’ailleurs été très amoureuse mais rien ne nous prouve que leurs relations aient pu dépasser ce stade.
Berthe Morisot est peut-être un peu passée à côté du vrai bonheur tant toute sa volonté était tendue vers sa peinture et sa volonté de réussir. Il est vrai qu’à cette époque, il était très pénible de se lancer dans cette carrière pour une femme.
Si vous aimez la peinture, Berthe Morisot et les impressionnistes, n'hésitez pas à lire ce livre plein de charme. L’écriture en est superbe, ainsi que le rendu des différents personnages célèbres qui le parcourent. L'auteur s’est énormément documentée et son ouvrage a donc aussi une véritable valeur historique.
Les éditions
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Berthe Morisot [Texte imprimé], le secret de la femme en noir Dominique Bona
de Bona, Dominique
B. Grasset
ISBN : 9782246537113 ; 2,10 € ; 06/09/2000 ; 347 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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L'énigme Morisot
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 17 septembre 2019
Cette méconnaissance est d’autant plus injuste que le talent de Berthe Morisot n’a rien à envier à celui de ses homologues masculins. Elle les fréquenta, elle se lia tout particulièrement avec Edouard Manet, mais elle fit également l’admiration d’Auguste Renoir, d’Edgar Degas, de Claude Monet ainsi que du poète Stéphane Mallarmé qui lui dédia un grand nombre de ses vers alambiqués, sans jamais se départir de sa propre voie, de son propre style, de son indépendance. Elle dut lutter pour pouvoir se consacrer pleinement à sa passion pour la peinture. Ses parents, et particulièrement sa mère, pour qui cet art ne relevait que d’un passe-temps, ne l’encouragèrent pas à en faire sa passion, d’autant plus qu’ils voyaient d’un mauvais œil ses fréquentations, en particulier avec la famille Manet. Berthe Morisot, qui, pendant longtemps, se refusa à envisager quelque mariage que ce soit, finit tout de même par épouser Eugène Manet, le frère puîné d’Edouard, dont elle aura une fille, Julie, qui fut sa fierté, son bonheur et le modèle de nombre de ses tableaux.
En visitant récemment l’exposition du musée d’Orsay, je fus fasciné par les regards des modèles peints par Berthe Morisot, combien elle avait su y suggérer l’intensité des sentiments les plus divers tout en préservant une grande part de mystère. Cette même énigme se retrouve d’ailleurs dans sa personne telle qu’elle fut peinte par Edouard Manet sur son tableau Berthe Morisot au bouquet de violettes : « Le regard surtout fascine, écrit Dominique Bona dans son excellente biographie, à la fois doux et sérieux. On n’en finirait pas de tenter d’analyser les nuances qu’il exprime. Il est en lui-même une énigme et ressemble à un gouffre. » (page 10).
Si Berthe Morisot dut s’armer d’une grande détermination pour exercer son art et, à force de persévérance, dialoguer à égalité, d’artiste à artiste, avec Manet et les autres impressionnistes, elle ne se laissa jamais détourner de sa manière à elle, de sa touche particulière. Comme le répète Dominique Bona, elle peignait « à bout de pinceau », tout en affinant de plus en plus, au fil du temps, son style, jusqu’à tendre vers une épure, un inachèvement pleinement assumé, qui semblent comme les prémisses de ce que sera, plus tard, l’art abstrait. Elle ne peint que le bonheur, elle préfère, par-dessus tout, peindre des enfants ou de très jeunes filles. Elle qui, hormis en tant que mère, ne fut jamais ni vraiment épanouie ni heureuse, projette sur ses toiles ses rêves de sérénité. « Elle ne peint pas ce qu’elle est, écrit Dominique Bona, (…) elle peint ce qu’elle voudrait être. » (page 206).
Il est temps de la découvrir en admirant ses œuvres et, pourquoi pas, en lisant le remarquable ouvrage de Dominique Bona, qui abonde d’informations précieuses sur Berthe Morisot et les autres Impressionnistes. Il est temps, aussi, de réviser ses préjugés et de considérer les femmes au même titre que les hommes, entre autres quand il s’agit des arts, quels qu’ils soient. Berthe Morisot, qui fut toujours davantage entourée de femmes que d’hommes, émit, une seule fois, au cours de sa vie, un jugement collectif sur les premières, après avoir fait la rencontre de Marie Bashkitrseff (auteur d’un précieux journal intime, peintre plutôt académique, morte à 24 ans) : « Vraiment, écrit-elle, nous (les femmes) valons par le sentiment, l’intention, la vision plus délicate que celle des hommes et si, par hasard, la pose, la pédanterie, la mièvrerie ne viennent à la traverse, nous pouvons beaucoup. » (page 326).
Une femme imposée dans le monde de l'art
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 7 août 2019
Les débats n'ont pas clairement tranché la question lancinante de savoir si sa qualité de femme représentait une qualité ou un handicap pour peindre, ce qui finit par montrer que l'argument était parfaitement neutre. Cette biographie "pointilliste", par les détails fournis, en montre la preuve. Bien documenté, riche, alliant description et psychologie, outre quelques tendances à la répétition, ce livre restitue bien le conservatisme du régime républicain naissant, qui a octroyé la démocratie et le suffrage pour tous, mais pas pour les femmes. Ce ne fut pas pour rien qu'une telle percée est restée si rare et exceptionnelle : aussi cet ouvrage s'avère fort pertinent pour montrer un destin hors norme et les difficultés à concevoir l'égalité des sexes.
Je le conseille donc assez vivement.
Peut mieux faire
Critique de Lovelyvirginie (, Inscrite le 22 septembre 2005, 48 ans) - 14 mai 2006
Tout le cocktail d'un bon livre est pourtant là, mais l'auteur disserte sans cesse sur les mêmes tableaux (au propre comme au figuré).
On retombe dans du déjà dit, et le lecteur peut s'ennuyer et trouver quelques passages un tantinet longuets.
D’où mon post: pas mal, mais peut mieux faire.
la femme peintre impressionniste
Critique de Mamie (, Inscrite le 5 février 2005, 65 ans) - 5 février 2005
ouvrage très bien documenté et qui nous transporte dans les ateliers de ces grands peintres et nous fait rencontrer d'autres artistes (poète écrivain) et hommes politiques de l’époque
bio très abordable et très agréable qui se lit comme un roman
berthe morisot
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 13 août 2003
"Le secret de la femme en noir".
Tel est le sous-titre de l'ouvrage. L'incipit donne pratiquement la teneur du "secret", que l'ouvrage mentionne ensuite avec des allusions transparentes. Là n'est pas l'essentiel. Dominique Bona, respectueuse de son sujet, présente une artiste à part entière dans l'univers de son époque.
Proche de sa soeur Edma et de sa mère, Berthe développe dans le cocon familial une forte personnalité, une volonté de fer qui lui fait poursuivre sa carrière dans une époque agitée, peu bienveillante pour les femmes peintres et les "Refusés" des Salons officiels.
Elle fait partie des "chercheurs de Vérité", - plus que de beauté académique, qui ont voué leur existence à la peinture (ou à la littérature). Son idéal ? "fixer quelque chose de ce qui passe [..] la moindre des choses.. un sourire, une fleur, une branche d'arbre, et quelquefois un souvenir plus spirituel des miens, une seule de ces choses..."
Dominique Bona dresse des portraits d'artistes contemporains, des notices individuelles, et esquisse des parallèles avec une maîtrise qui évite le ton des "manuels". Toute une époque revit, avec ses turbulences politiques - guerre de 1870 et Commune..., ses opinions, et ses figures emblématiques. On y voit vivre l'intéressée, mais aussi ses proches, et on glane des renseignements intéressants sur les oeuvres - ainsi pour le "cerisier", p 261 et 313. L'ouvrage se lit avec intérêt, encore que, facilité du genre, l'auteur dessine fortement, a posteriori !, les lignes directrices d'une vie qui dut avoir hésitations et détours. Berthe Morisot devient à l'heure de sa propre vieillesse, la peintre des jeunes filles en fleurs, dont elle montre les débuts dans l'existence, avec leur fraîcheur parfois ingénue. Au total, une artiste qui s'est acceptée en tant que femme et a fait de la peinture un hymne à la jeunesse et au bonheur, même si la sérénité n'était pas le trait dominant de sa personnalité.
ombres sur la lumière
Critique de Renardeau (Louvain-la-Neuve, Inscrite le 6 avril 2001, 66 ans) - 16 avril 2001
Renardeau
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