Madame Petit-Pépin de Monique Sauriol

Madame Petit-Pépin de Monique Sauriol

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 12 septembre 2017 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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La Maladie a ses avantages

À quarante ans, la femme comme l'homme doivent changer leurs rapports à la nourriture. C'est bien connu. Les cliniques minceur le prouvent. Comme la gourmandise déplace les montagnes, voilà que le bedon de l'homme se donne des allures alpines. Pour la femme, c'est une autre paire de manches pour ne pas dire que c'est une histoire de paire de fesses. Les satyres peuvent se rhabiller. Dans un cas comme dans l'autre, les lignes courbes revendiquent le droit de s'attaquer à la base de notre fierté.

Véronique, 45 ans, en a gros à dire sur le sujet. En amorce, l'auteure l'emmène chez son médecin afin qu'il l'aide à réduire son poids. Mon Dieu, qu'elle porte mal son nom ! Madame Petit-Pépin. Depuis que la loi accole le nom du mari à celui de la femme, il y a de ces dérisions qui font sourire. Mieux vaut être une Petit-Pépin qu'une LeBoeuf-Hachez. C'est moins traumatisant. Pas autant qu'elle le pense parce que le Dr Sanschagrin lui apprend avec attrition qu'il y a un petit pépin dans l'engrenage. Selon les analyses préalables, Véronique ne deviendra pas plus grosse parce que Dieu ne lui accorde que trois mois de vie. Au moins, elle sait qu'Il ne viendra pas la chercher comme un voleur.

L'élément déclencheur est assez fort pour assommer un bovin et encore mieux madame Petit-Pépin. Mais c'est mal connaître Véronique. Le développement présenté en antithèse nous montre une femme résolue à combattre le mal par le mal. Pourquoi s'en faire avec ses petites misères puisque, dans la vie, personne ne s'en sort vivant? Aussi bien se livrer avec plaisir à ses péchés mignons. C'est une façon comme une autre de faire poireauter la maladie dans la salle d'attente. Quand le moral tient bon, l'attaquant se sent moins fort. Dans son entêtement, Dieu a même voulu que Véronique soit un cordon-bleu. Pourquoi ne pas faire fructifier son talent tel que l'a demandé le Seigneur?

Surprise dans la famille! Les diètes ont foutu le camp. Madame Petit-Pépin a un mari, une fille de 18 ans, un garçon de 16 ans et un amant. N'allez pas croire qu'elle va profiter de l'occasion pour attirer la pitié sur elle. Ils ne sauront rien de la situation. Ils l'apprendront bien assez vite quand ses forces déclineront. Pour l'instant, elle est capable de vaguer à ses occupations, surtout celle de s'empiffrer, mais comme journaliste à la pige, elle ne rédige plus d'articles pour son journal. Véronique est une femme forte qui sait affronter l'adversité avec stoïcisme. Elle garde le phare même au pire de la tempête pour protéger sa fille enceinte et son garçon alcoolique. Il le faut bien car elle a un mari qui a fondé une famille qui repose sur ses épaules. En dernier recours, il lui restera la fuite pour ne pas se montrer dans toute sa vulnérabilité. La maladie rend humble, mais il faut sauvegarder sa dignité, surtout que l'obésité l'oblige à fréquenter les boutiques pour les tailles fortes dans une société qui prône la minceur, voire la maigreur.

Si la thèse et l'antithèse sont bien développées, la synthèse est décevante. Le dénouement vient tout détruire le dossier que l'auteure a monté sur la femme. Avec la fin imprévisible, elle opère un virage insignifiant de 180°. Dommage parce que le roman enfilait humour, tendresse et émotions avec bonheur.

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