L'Homme des vallées perdues de Jack Schaefer

L'Homme des vallées perdues de Jack Schaefer
(Shane)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Ludmilla, le 5 septembre 2017 (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 657ème position).
Visites : 4 262 

Une lecture sous tension

« Il arriva dans notre vallée au cours de l’été de 1889. J’étais alors tout gamin […]. Juché sur la barrière de notre modeste corral, je me prélassais au soleil de cette fin d’après-midi quand je l’aperçus qui chevauchait dans le lointain […] »

1889, la période des affrontements entre les éleveurs et les fermiers dans l’Ouest américain.
Bob, le narrateur, est le jeune fils de Joe et Marian Starrett, des fermiers concessionnaires, dans une vallée éloignée : « Le marshal le plus proche se trouvait à une bonne centaine de miles. Nous n’avions même pas de shérif en ville. […] Quoique en pleine expansion, [la ville] n’était guère encore qu’un modeste établissement en bord de route.».
Fletcher, le grand éleveur, veut chasser les fermiers.

Shane, le cavalier solitaire, qui ne s’est arrêté dans la ferme que pour demander de l’eau, restera l’été pour aider Joe.
« Avec les beaux jours, s’acheva aussi dans notre vallée une période de calme et de paix. Fletcher était rentré […] En ville, il disait à qui voulait l’entendre qu’il aurait de nouveau l’usage de toute la prairie et que les fermiers allaient devoir plier bagage. »

Un fabuleux western, une histoire d’amour, un roman d’apprentissage,…
Une lecture qui n’a duré que quelques jours, mais que je n’oublierai pas.

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Les éditions

  • L'homme des vallées perdues [Texte imprimé], roman Jack Schaefer traduit de l'américain par Éric Chédaille préface de Michel Le Bris
    de Schaefer, Jack Le Bris, Michel (Préfacier) Chédaille, Éric (Traducteur)
    Phébus / Libretto (Paris. 1998)
    ISBN : 9782752906601 ; EUR 7,99 ; 01/10/2015 ; 192 p. ; Format Kindle
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Sous un regard d'enfant

9 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 1 octobre 2021

Ce ne devait être, au départ, qu’une nouvelle que Jack Schaefer, qui travaillait, le jour, comme rédacteur en chef d’un journal et, le soir, comme enseignant dans la prison de Norfolk, s’était mis dans la tête d’écrire pour se délasser. En fin de compte, pris par son sujet, il en fit un court roman d’un peu plus de 150 pages dans cette édition Libretto. Et un roman qui, du fait de ses qualités, devint un classique du genre (western), surtout à la suite de son adaptation au cinéma sous la direction de George Stevens, en 1953.
Tous ceux (dont je fais partie) qui apprécient immodérément le film constateront, s’il leur vient à l’idée de lire le roman, sa parfaite fidélité à ce dernier, même si, bien évidemment, celui-ci a d’avantage d’ampleur. Il est vrai que certains critiques jugent le film un brin trop académique et le choix d’Alan Ladd pour jouer son personnage emblématique pas très heureux. Ces réserves, à mon avis, n’ont pas lieu d’être. Le film supporte d’être vu et revu sans jamais se lasser. Quant à Alan Ladd, je trouve que sa silhouette correspond à merveille à la description de son personnage faite par Jack Schaefer : « Il n’était guère plus grand que la moyenne, et presque fluet. (…) Je discernais pourtant de l’endurance dans les lignes anguleuses de sa silhouette, une force tranquille dans cette façon qu’il avait de compenser, machinalement et sans effort, les mouvements de sa monture fatiguée. »
Ce personnage, ainsi décrit par Bob, le narrateur qui, à l’époque des faits, était un jeune garçon, se nomme Shane, l’homme dont on ne sait d’où il vient et dont on ne saura pas non plus où il va, à la fin du récit. Nous sommes en 1889, quelque part dans une ferme du Wyoming, au cours d’une année qui, comme l’explique fort bien Michel Le Bris dans sa passionnante préface, se situe à une époque charnière de l’histoire de l’Ouest américain. Ce sont, en effet, les temps d’un affrontement entre les grands éleveurs, premiers venus, convaincus qu’il ne pouvait y avoir de limites à leur toute-puissance (on les appelle cattle barons), et les fermiers souhaitant s’établir, à leur tour, sur ces vastes terres, quitte à empiéter sur les domaines occupés par les premiers. C’est dans ce contexte qu’intervient Shane, en se liant à la famille Starrett, une famille composée de trois membres : Joe, le père, Marian, la mère, et le petit Bob. Alors qu’au départ, il ne faisait que passer par là, Shane se laisse convaincre de se mettre au service de ces gens.
A plusieurs reprises, Bob est invité par ses parents à ne pas trop s’attacher à Shane, personnage qui, par essence pourrait-on dire, ne peut demeurer longtemps au même endroit. Mais rien n’y fait, le jeune garçon ne tarde pas à se laisser fasciner par le nouveau venu, au point qu’il se demande parfois s’il ne l’admire pas d’avantage que son propre père. Même si le roman est bref, Jack Schaefer prend le temps de bien camper les personnages et l’atmosphère. En témoigne, par exemple, le long passage où Shane s’emploie à débarrasser le terrain de la ferme d’une souche d’arbre que Joe s’était juré d’enlever sans y parvenir. En fin de compte, c’est en conjuguant leurs forces que les deux hommes en viennent à bout. Des passages comme celui-là font la beauté de ce roman, peut-être plus encore que les scènes d’affrontement, quand il s’agit de mettre un terme aux agissements du cattle baron local et de ses hommes de main, décidés à reprendre de force des terres qu’ils estiment leur appartenir. Nul doute, dès ce premier roman, Jack Schaefer démontre que son talent d’écrivain de fiction est de premier ordre. Quant à avoir eu l’idée de choisir Bob comme narrateur, celui qui, avec ses yeux d’enfants, assiste à toute cette aventure en vouant à Shane une admiration sans bornes, c’est ce qu’on appelle une idée de génie. Ce qu’on peut affirmer, après l’avoir lu, c’est que ce roman est un chef d’œuvre, bien plus encore que son adaptation au cinéma, au demeurant, comme je l’ai dit, excellente.

Chien et loup

9 étoiles

Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 27 août 2018

Le roman de Schaefer peut être interprété comme une allégorie de la fable du chien et du loup. Le loup, c'est cet étranger solitaire répondant au nom de Shane, qui va accepter de se poser quelques mois par amitié pour une famille. Après un parcours par vaux et par monts, il semble tenté, un moment de s'arrêter, pour partager la vie de labeur et les agréments de la douceur du foyer de ce fermier chez qui il est hébergé. Une véritable amitié naît rapidement entre les deux hommes sans qu'aucun des deux n'ignore la nature profonde de l'autre. Cette période de paix ne dure guère, Aussitôt, qu'un autre loup (le tueur) surgit dans la vallée, Shane est le seul à même de régler cette intrusion de la violence, monde qui, en dépit de son courage, reste étranger à notre fermier.

Par certains aspects, L'Homme des vallées perdues est un roman résolument anti-moderne si l'on entend par modernisme la déconstruction de toutes les valeurs. Les valeurs telles que la loyauté, la rectitude et l'amitié y sont assumées sans naïveté, mais aussi sans honte. Cela peut surprendre le lecteur contemporain tant nous sommes habitués au déminage systématique de toute qualité positive, mais ce n'est pas sans rentrer en résonance avec des sentiments profonds.

La préface de Michel le Bris est utile en ce qu'elle explique les métamorphoses de l'Ouest américain en 1889, période au cours de laquelle les fermiers viennent s'installer sur ces terres au détriment des grands éleveurs de troupeaux qui voient leurs espaces se réduire considérablement.

Quatre étoile et demi et un frémissement vers cinq tant il me semble que l'auteur est parvenu avec cette forme courte à décrire ce qu'il avait l'intention de dire de manière épurée, dense et parfaite.

Un Western un peu trop plat...

6 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 12 janvier 2018

Bon je vais être moins dithyrambique que mes prédécesseurs dans ma critique bien que l’homme des vallées perdus soit un bon roman dans la catégorie des Westerns.

Le début du récit particulièrement bien écrit donne d’entrée de jeu le ton. Je dois avouer que j’ai apprécié le procédé narratif. Le fait que le récit se déroule à travers le regard d’un jeune garçon qui va se retrouver malgré lui au cœur d’une histoire typique du monde impitoyable du far West apporte une touche originale au récit. A cela s’ajoute la belle plume de Jack Schaeffer.

Cependant à la différence des critiques précédents je n’ai pas été marqué au fer rouge par ce roman. Je l’ai apprécié, certes, mais il ne m’a pas marqué à la différence des mémoires d’un visage pale, du pouvoir du chien ou encore de Danse avec les loups.
La lenteur d’action n’est en rien dans mon jugement. Il s’agit tout simplement du ressenti global. Quelque chose de difficilement explicable.

Néanmoins il serait dommage de passer à côté de ce roman pour les amateurs du genre.

Une mini-déception.

L'Autre Homme...

10 étoiles

Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 18 septembre 2017

Il est clair qu’une fois la lecture terminée on sait qu’elle restera en nous à jamais...

On est suspendu à l’histoire dès le début, l’atmosphère particulière, due à cette belle écriture simple et intense, imprégnera le roman jusqu’au bout.
Et pourtant, il s’agit de gens simples, de vie simple, le fermier et sa famille dans l’ouest américain (sans les indiens) image bucolique tout en étant la démonstration de labeur et courage dans un univers naturel de toute beauté et un autre de tous les dangers.

Ce que j’ai aimé, surtout au début, car je le redoutais, c’est l’absence de manichéisme entre bons et méchants. Les fermiers ne sont pas tous des anges et les éleveurs pas forcément les méchants. Chacun cherche sa place dans cet ouest (volé aux indiens mais ça c’est une autre affaire...) où tout est à faire..
Luke Fletcher est convaincu de son bon droit ayant occupé le premier les grands espaces pour ses troupeaux ; ce n'est pas un tueur, mais il croit qu'avec l'argent il peut tout acheter, même la vie et les espoirs de fermiers venus chercher une vie meilleure. C'est ce sentiment de liberté et d’impunité dans ces espaces laissés à disposition sans règles précises et surveillance des lois qui fera que tout va changer. Et lorsque l'argent ne peut rien, il est fait appel au tueur...

Bob, l’enfant qui raconte donne le ton, celui de la découverte de situations qui vont s’enchaîner dans une sorte d’incompréhension en ce qui le concerne car n’ayant pas encore connu la violence et l’injustice.
Il est rêveur Bob, il pense que l’homme est bon et, dans la simplicité de sa vie, il va découvrir l’Autre Homme ; découverte chargée de mystère et de craintes et qui incarnera à lui seul l’admiration, l’amitié, avec la sensation que tout ne restera pas simple et qu’il faudra un sauveur...

L’Autre Homme, Shane ! La nature humaine à lui tout seul, qui réprime sa force et sa violence pour trouver une autre voie, celle qu’il n’a pu avoir au départ ; et qui va être submergé par l’amitié et l’amour au point de croire un instant en la possibilité d’une rédemption.
Mais «Quand on a tué, Bob, on ne peut revenir en arrière. Qu’on ait été dans son droit ou dans son tort, on reste marqué à jamais.»
Ici pas de notion de vengeance, la violence est une contrainte à laquelle on n'a pu échapper même si on la hait de toutes ses forces ; paradoxe malheureux, c'est par amitié et amour que Shane y aura de nouveau recours. La leçon pour Bob étant de ne pas y goûter pour essayer de devenir un homme loyal et bon. Et Bob n'oubliera jamais Shane...

Utopique oui, mais c’est beau, vrai, profond, tout en subtilité dans les sentiments.

Grand classique du western.

10 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 6 septembre 2017

Jack Schaefer (1907- 1991) est un auteur de romans et nouvelles western malheureusement trop peu traduit chez nous. A ma connaissance, seul cet excellent "L'homme des vallées perdues" est traduit en Français.
Ce roman de Jack Schaefer a fait l'objet de deux adaptations au cinéma. En 1953, "Shane" (en français L'homme des vallées perdues) de George Stevens, avec Alan Ladd, Van Heflin et Jack Palance. En 1985, "Pale Rider" de et avec Clint Eastwood.
La version de 1953 est fidèle au roman, celle de Eastwood est une très libre interprétation.
Il existe aussi une série télé américaine en 17 épisodes intitulée "Shane" (1966). Shane y est interprété par David Carradine.
Pour les amateurs de bédé, le méchant Phil Defer (Lucky Luke) a été inspiré à Morris par le personnage incarné par Jack Palance dans Shane.

Pour les amateurs de Westerns, je vous conseille la superbe collection dirigée par Bertrand Tavernier chez Actes Sud - L'Ouest, le vrai.

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