Bagages enregistrés, journal de voyage en Méditerranée de Evelyn Waugh

Bagages enregistrés, journal de voyage en Méditerranée de Evelyn Waugh
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Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par CCRIDER, le 6 mai 2004 (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 643ème position).
Visites : 6 026  (depuis Novembre 2007)

Agréable croisière

A bord du Stella Polaris , Evelyn Waugh entame une croisière en Méditerranée . Il note ses observations au fur et à mesure de ses escales . Il faut savoir que l'auteur , jeune romancier anglais à succès , s'est fait offrir le voyage par la compagnie qui en attendait des retombées promotionnelles .
Ce livre ne donne pourtant pas du tout l'impression d'être de commande tant le ton en est libre et souvent corrosif .
Waugh passe d'abord par Paris qu'il trouve "toc" . Il fait la tournée des grands ducs qui consiste à aller de nights-clubs en boîtes de nuit jusqu'au petit matin ce qu'il trouve lassant et sans grand intérêt . Il arrive ensuite à Monte-Carlo qu'il lui semble provinciale . Il faut préciser que nous sommes à la fin des années vingt , baptisées "années folles" . Il embarque , se dirige vers l'Italie , fait escale à Naples dont il dénonce la saleté et la malhonnêteté des chauffeurs de taxi qui font trois fois le tour de la ville pour alourdir la note du touriste , puis la Sicile avec Messine dont le détroit lui semble moins extraordinaire que sa réputation . Catane puis Haïfa et Nazareth . Il nous fait visiter Port-Saïd puis Le Caire . Il trouve les pyramides plus intéressantes de loin que de près . Ensuite vient Malte , qu'il apprécie beaucoup , la Crête , Constantinople puis Athènes , seul endroit où l'on reçoive les touristes avec égard et sans essayer de les voler et où les hommes dansent en costume traditionnel pour leur simple plaisir et sans rien attendre de l'étranger .
Il longe la côte Dalmate , contourne l'Italie , retraverse la Méditerranée , fait escale à Alger où l'on atteint des sommets dans l'art de dépouiller le touriste . Finalement c'est l'Espagne , Gibraltar , Lisbonne qu'il apprécie beaucoup avant le retour à Londres .
Un très beau récit de voyage qui n'a rien à voir avec le Baedecker ou les guides bleus car Waugh y est d'une honnêteté totale , mis à part sa vie personnelle : en effet , cette croisière fut son voyage de noce avec sa femme malade . Elle fut immédiatement suivie de son divorce ce qui marqua profondément Waugh . Alors , il se mit en scène seul dans le livre et présenta de façon très intermittente un jeune couple tout à fait semblable au sien . Etrange et un peu schizophrénique , ce livre vaut surtout par un style très personnel , agréable , alerte et plein d'humour (anglais "of course").

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Les éditions

  • Bagages enregistrés [Texte imprimé], journal de voyage en Méditerranée Evelyn Waugh trad. de l'anglais par Jocelyne Gourand préf. de William Boyd
    de Waugh, Evelyn Boyd, William (Préfacier) Gourand, Jocelyne (Traducteur)
    Payot & Rivages / Petite bibliothèque Payot (Paris).
    ISBN : 9782228884556 ; 2,98 € ; 05/11/1991 ; 359 p. ; Poche
  • Bagages enregistrés [Texte imprimé], journal de voyage en Méditerranée Evelyn Waugh trad. de l'anglais par Jocelyne Gourand préf. de William Boyd
    de Waugh, Evelyn Boyd, William (Préfacier) Gourand, Jocelyne (Traducteur)
    Quai Voltaire
    ISBN : 9782876530140 ; 2,98 € ; 14/04/1988 ; 359 p. ; Broché
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Croisière pélagique

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 22 décembre 2013

Selon la préface de William Boyd, en hiver 1928, Madame Waugh, Evelyn, Elle-Evelyn pour la différencier de Lui-Evelyn, tombe malade victime d’une rubéole, le jeune couple décide alors de faire une croisière en Méditerranée pour que la jeune femme puisse se rétablir plus rapidement. Ils obtiennent la possibilité de voyager gratuitement en promettant en échange que Lui-Evelyn écrive un récit de voyage valorisant le bateau et la croisière. La croisière est en fait un véritable désastre, le couple se défait, Elle-Evelyn est malade et le retour en Angleterre est pénible. Lui-Evelyn s’isole alors pour terminer un ouvrage en cours et entreprendre la rédaction du récit de voyage qu’il a promis à l’armateur.

Waugh raconte ainsi une croisière qu’il aurait faite seul mais qui est en fait la croisière qu’il a faite peu de temps auparavant avec son épouse, se livrant à un exercice de dédoublement en se glissant dans la peau de l’ami du couple avec lequel il voyage et qui représente le couple qu’il formait avec son épouse lors de la précédente croisière.

Son voyage commence par Paris puis s’oriente vers la Méditerranée, à Monte-Carlo, pour se poursuivre sous forme d’une croisière vers Naples, Catane, Haïfa, Saint Jean d’Acre, Port-Saïd, où il abandonne le navire pour suivre le jeune couple dont la femme doit se faire soigner à terre comme lui a abandonné la croisière précédente, dans ce même port, pour faire soigner sa femme atteinte d’une pneumonie. Il reprend la mer, comme il l’avait reprise précédemment avec son épouse, pour la Méditerranée occidentale avant de retrouver son navire, le Stella Polaris, à Malte tout comme il l’avait fait avec son épouse lors de leur croisière.

Son mariage ayant explosé au retour de leur périple en mer, Waugh raconte son voyage à travers la Méditerranée en romançant un peu l’histoire pour laisser le couple qu’il formait avec Elle-Evelyn un peu en dehors du récit. D’une plume critique, acerbe, sarcastique, il décrit le monde déjà frelaté à cette époque du tourisme de masse qui se rue en troupeau dans les ports de la Méditerranée. Son regard est celui d’un Anglais convaincu de la supériorité de son pays : c’est toujours mieux en Angleterre ou éventuellement moins mal quand on ne peut pas dire que ça y est bien. Ces descriptions restent tout de même un excellent témoignage sur le monde puéril des croisières à la fin des années vingt et un regard acéré et lucide sur les grands ports du Bassin Méditerranéen qui a, aujourd’hui, valeur historique. Un regard que Francis Carco confirmera sept ans plus tard en visitant surtout les clandés. Sa description des métropoles, de leurs habitants, de leurs coutumes, de leur patrimoine est riche et précise, il s’appuie beaucoup sur un guide touristique célèbre à son époque, celui de Baedeker qu’il site abondamment. Il raconte un temps que nous avons peut-être oublié ou qu’il n’a pas vu comme ceux qui nous en ont parlé dans les décennies suivantes, un monde méditerranéen beaucoup plus homogène, beaucoup moins divisé, beaucoup moins éclaté, beaucoup moins déchiré, un temps où, par exemple, le racisme n’existait pas à Alger, si on le croit.

Dans ce premier récit de voyage, Il n’est en rien un explorateur, pas plus qu’un découvreur, il est simplement un observateur et un témoin de son temps qui a laissé son regard en héritage. « J’ai appelé ce livre Bagages enregistrés pour la simple raison que tous les endroits que j’ai parcourus lors de ce voyage ont été largement visités et décrits ».

Délicieux et grinçant

7 étoiles

Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 8 décembre 2010

Amateurs de récits de voyage, vous risquez de beaucoup apprécier ce livre !

Evelyn Waugh raconte une croisière avec liberté, honnêteté et humour. Chaque escale est décrite en détails et est l'occasion pour Waugh de donner son avis, parfois acide, sur ce et ceux qui l'entourent. On se régale de son écriture raffinée et très maîtrisée (j'ai presque envie de dire guindée) et en refermant ce livre on se dit que, comme Waugh, on a fait un beau voyage.

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