Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant

Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hcdahlem, le 19 août 2017 (Inscrit le 9 novembre 2015, 65 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 299ème position).
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Légende d’un dormeur éveillé

Un mille-feuille. Je ne vois pas meilleure image que ce grand classique de la pâtisserie française pour décrire ce délicieux roman, si riche et si magnifiquement construit, offrant des couches successives de lecture pour nous régaler.
La couche de base est celle consacrée à Robert Desnos. Par la magie de sa plume, Gaëlle Nohant va nous faire découvrir la vie de ce poète et nous prouver que s’il est un peu oublié de nos jours, c’est bien à tort. Le récit commence en 1928 au moment où Desnos revient en France, après avoir assisté à La Havane au Congrès de la presse latine. Dans ses bagages, il ramène un passager clandestin, Alejo Carpentier. Grâce à son nouvel ami, il va non seulement réussir à fuir le régime du dictateur Machado, mais trouver à Paris un refuge, un emploi et une communauté d’artistes en pleine effervescence. Les compositeurs travaillent avec les peintres, les écrivains avec les cinéastes, les photographes avec les musiciens. Sans oublier leurs muses, modèles, épouses, inspiratrices. La fièvre créatrice s’empare de chacun d’eux, l’émulation est permanente, les rendez-vous presque quotidiens…
« Tandis qu’il marche vers l’atelier de Man Ray, Robert repense à la soirée d’adieux que Man et Kiki ont donnée pour lui avant son départ pour Cuba. Comme elle lui semble loin! Yvonne était la, ils ont bu des vins délicieux, son amour riait, Kiki a chanté et il a récité des vers de Victor Hugo. Oui c’est ça, il s’en rappelle maintenant, parce que Kiki a fini par lui réclamer gentiment: « Du Desnos, du Desnos! » Alors il a sorti une feuille froissée de sa poche, dépliant le récit en forme de poème qu’il avait écrit à une table du Dôme. En lisant, il les sentait suspendus à sa voix, il entendait la densité du silence de Man Ray, son excitation. Quand il a terminé, le photographe lui a dit avec son accent inimitable:
– Robert, ton poème c’est un film, tu sais? just the script I was looking for. Nothing to change.
Se levant pour finir son verre, d’une démarche que l’ivresse rendait chancelante, l’Américain a demandé à Robert s’il l’autorisait à mettre ses mors en images. Kiki applaudissait, ravie :
– Quelle idée merveilleuse! Je veux participer, Man. Laisse-moi jouer la femme fatale.
Man a hoché la tête en souriant, et Yvonne a souligné qu’avec Kiki la brune, il fallait un blond, pourquoi pas André de la Rivière ? Et pour jouer l’intrus qui enlève Kiki au héros, qui mieux que Robert lui-même ?
– On va tourner la dernière scène après Cuba, Bob, a réfléchi Man Ray. Better this way. Je promets, le film est prêt quand tu reviens.
Ce projet euphorise le poète. Depuis toujours, les écrans de cinéma sont le prolongement de ses rêves. »
De cette manière, on voit L’Étoile de mer naître et le rôle moteur qu’y joue la passion amoureuse.
Grâce à un travail documentaire exceptionnel, les femmes qui ont traversé sa vie son ici incarnées, à commencer par Yvonne George pour laquelle il brûle d’une passion d’autant plus intense qu’elle n’est que fantasmée et que la chanteuse et comédienne belge sera emportée dans la mort dès 1930. L’ironie du hasard veut que ce soit lors de son ultime gala qu’il rencontre Foujita et son épouse Lucie Badoud, que le peintre japonais appelle Youki. Desnos s’éprend presque instantanément d’elle. Commence alors une sorte de ballet amoureux à trois avant que Foujita ne regagne définitivement le Japon et que Youki n’emménage chez Robert Desnos, ne devienne sa femme et ne l’accompagne jusqu’à ce moment tragique où il partira pour Auschwitz. « Quand il eut passé le pont, les Fantômes vinrent à sa rencontre. »
On n’oubliera pas non plus la courte apparition de la chanteuse de la Nouvelle-Orléans, Bessie de Saussure, qui séduira aussi le poète sensible aux belles voix.

Mais revenons à notre mille-feuille. La seconde couche, tout aussi riche et intense nous plonge au cœur de la création artistique avec une impressionnante liste d’artistes qui se côtoient, s’aiment avant de se détester cordialement, mais sentent combien ils sont complémentaires. De Montmartre on passe à Montparnasse et, nonobstant quelques excès, on essaie sans cesse d’explorer de nouveaux domaines. Ainsi « Robert n‘entend pas limiter sa poésie à un seul support. Pour lui, l'écriture est ce territoire mouvant qui doit se réinventer sans cesse, demeurer une insurrection permanente, une fontaine de lave, des corps joints dans la danse ou l’amour, une voix qui descelle les pierres tombales et proclame que la mort n’existe pas, une expérience sensorielle. » Les surréalistes sont alors au faîte de leur carrière. Un groupe qu’André Breton entend régenter, quitte à attaquer tous ceux qui n’entendent pas suivre le dogme qu’il a édicté. Pour l’auteur de Nadja, Robert « a renié le surréalisme, il s’est vendu à la presse bourgeoise, il a démenti les espoirs placés en lui et stagne désormais dans sa poésie rétrograde et ses alexandrins boiteux, par faiblesse de caractère et auto-complaisance. Pour faire bon poids, André a crû bon d’ajouter une anecdote pleine de sel qui dépeint Robert comme le poivrot de service. Et puis il y a cette phrase si blessante : « Depuis lors, Desnos, grandement desservi dans ce domaine par les puissances mêmes qui l’avaient quelque temps soulevé et dont il paraît ignorer encore qu’elles étaient des puissances de ténèbres, s’avisa malheureusement d’agir sur le plan réel où il n’était qu’un homme plus seul et plus pauvre qu’un autre, comme ceux qui ont vu, je dis : vu, ce que les autres craignent de voir et qui, plutôt qu’à vivre ce qui est, sont condamnés à vivre ce qui “fut” et ce qui “sera”. »
Robert sort en claquant la porte. Marcher, c’est la seule chose à faire quand il n’est que rage. Marcher, tandis que son esprit martèle au rythme de ses pas les mots auxquels plus tard il lâchera la bride. Sa colère est un miroir traversé d’un poing sanglant qui l’étoile en milliers d’éclats meurtriers. Il y a des mois qu’il s’est éloigné du groupe surréaliste, et il sait que la survie du clan repose sur le rejet des individus qui cessent de croire en lui. Mais il n’a pas mérité un tel rejet.
Dans quelques heures, comme presque tous les soirs, il ira retrouver Prévert, Bataille, Masson, Queneau et les autres excommuniés aux Deux Magots. Ils décideront quelle forme donner à cette fureur, comment la pétrifier sous forme d’arme blanche, d’arme de poing, de poing serré. » Là encore, on aimerait raconter tous les épisodes qui vont suivre, les affinités électives, le rôle de la presse et des revues, mais aussi de la radio qui permet à Robert Desnos d’offrir aux Français quelques grands moments de poésie et quelques souvenirs mémorables tels que cette journée Fantômas. Si le bouillonnement intellectuel est quelquefois noyé dans l’alcool et les paradis artificiels, c’est que constamment on cherche les limites et comment les franchir. On aimerait aussi retracer les samedis dans le nouvel appartement qui ont été érigés en rituel par Robert et Youki et qui accueillent semaine après semaine les amis, les frères Prévert, les Fraenkel, les Jeanson et Alejo et les amis des amis, on aimerait aussi revenir sur la création des Artistes Révolutionnaires, sur les belles rencontres comme celle avec Garcia Lorca, par exemple. C’est peut-être à ce moment que Robert pressent sans doute que les poètes doivent s’insurger face aux périls qui montent, s’engager dans le combat politique.

La troisième couche du mille-feuille, celle qui nous dépeint l’histoire du monde, la montée des périls et cette guerre qui arrive peut à priori vous sembler indigeste. Rassurez-vous, il n’en est rien. Ce sont mêmes les plus belles pages du livre. Car nous sommes alors confrontés au combat essentiel, celui où l’on peut – on doit? – mourir pour des idées, celui où les sentiments sont transcendés par l’urgence, celui où la colère face à l’injustice vous remue corps et âme. « La poésie, le théâtre, la peinture et la musique peuvent triompher de la peur et de la haine, créer des ponts entre les hommes. Même si le temps presse, il est encore temps.
Insiste, persiste, essaye encore.
Tu la dompteras cette bête aveugle qui se pelotonne. »
Depuis 1933, on suit la montée du nazisme avec l’édiction des lois qui déchoit les juifs de leur nationalité et de leurs droits civiques, la montée du fascisme et l’envahissement de l’Éthiopie par Mussolini, la Guerre d’Espagne et ce combat inégal entre une armée organisée et des partisans aussi désarmés que novices, la montée de l’extrême-droite en France qui ne va pas hésiter à s’en prendre physiquement à Léon Blum après l’avoir copieusement insulté et va refermer la parenthèse du Front populaire et préparer le terrain aux troupes allemandes.
L’évidence s’impose alors très vite à Desnos: il faut résister. Après sa mobilisation, il part au front, est fait prisonnier puis libéré. Une fois encore, il entend mettre ses mots au service des valeurs universelles dans les colonnes d’Aujourd’hui fondé par Henri Jeanson. Même après la mise sous tutelle par les autorités allemandes, il essaiera de conserver une liberté de parole. Mais l’ennemi aura le dernier mot. Sauf que l’ennemi est à chercher dans les rangs des aigris, des jaloux, des revanchards et non dans ceux des envahisseurs allemands. Une histoire française qui fait tant de mal. Dramatique, terrible, bouleversante. Dont le journal de Youki retrace les ultimes épisodes…
« De toi, je n’ai rien oublié. Ce geste, quand tu te penches et enlèves tes lunettes pour m’embrasser. L’odeur de tes cheveux, le goût de ta salive, la brûlure de tes mains. Le désir qui te change imperceptiblement, donnant un éclat fauve à tes prunelles. La ferveur. Tes yeux traversés d’orages et de tendresse après la jouissance. Le poids de ton corps sur le mien.
Pardonne-moi de m’arrêter là, c’est trop douloureux. »

Entre les couches de pâte feuilletée, notre mille-feuille tient grâce à la crème pâtissière, à l’écriture de Gaëlle Nohant. Au moins depuis La part des flammes, on sait avec quel talent elle parvient à dépeindre une atmosphère, à camper des personnages, à entraîner le lecteur dans une histoire. En suivant Robert Desnos, elle devient magicienne, parvient à nous hypnotiser et à nous transformer en dormeurs éveillés. Je prends le pari qu’en refermant cet extraordinaire roman vous serez tous devenus des inconditionnels de Robert Desnos et que vous aurez envie de (re)découvrir son œuvre dont les plus beaux vers parsèment le livre. Peut-être même voudrez-vous adhérer à l’association des Amis de Robert Desnos? Mais vous serez aussi devenus des inconditionnels de Gaëlle Nohant et irez courir chez votre libraire acheter ses deux autres romans disponibles en livre de poche. http://urlz.fr/5HlN

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Desnos, à redécouvrir. Magnifique

10 étoiles

Critique de Peche07 (, Inscrite le 22 février 2006, 67 ans) - 24 août 2018

A Desnos on associe souvent un poème enfantin : « Une fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête »… Dommage de s’arrêter là. Qui soupçonnerait que Desnos a composé ce poème pour distraire un petit garçon juif terré pour échapper à la Gestapo..?. Mais revenons aux années 30, Desnos file sa jeunesse, imprudent et fêtard , maladroit souvent, touchant d’être celui qui aime trop. Ces pages nous laissent découvrir un homme empêtré dans sa sensibilité, infiniment sincère dans ses engagements. Vous croiserez ses amis : Prévert, Artaud , Argon, Eluard et le tout jeune Jean Louis Barrault. La grande histoire croise la petite, les bruits de bottes se rapprochent. Desnos était une belle personne, un homme droit, viscéralement humaniste, veilleur prémonitoire, il s'est engagé.
Figé trop tôt dans une éternelle jeunesse, le poète retrouve grâce à ce roman sa stature et son courage, magnifique… On regrettera parfois le choix des extraits poétiques mais l'exercice était périlleux. A découvrir sans réserve, une très belle lecture

JUSTE MAGNIFIQUE

10 étoiles

Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 11 novembre 2017

C'est dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2017 que j'ai lu ce roman en LC avec ma binôme préférée. J'avais beaucoup aimé "La part des flammes" et l'envie de suivre la plume de Gaëlle Nohant était grande, je n'ai pas été déçue bien au contraire.

C'est une biographie romancée qu'elle nous propose, celle du poète et résistant Robert Desnos, un homme aux mille vies épris de liberté.

C'est une lecture exigeante, mon rythme de lecture était beaucoup plus lent qu'à l'habitude au début du livre mais c'était nécessaire je pense pour s'imprégner de l'époque, entrer dans l'ambiance et se glisser dans le sillage de Robert Desnos et éprouver le sentiment étrange de vivre avec lui sa vie, ses soirées folles dans Paris. J'ai vraiment eu le sentiment durant toute la lecture qu'il m'accompagnait, de sentir sa présence auprès de moi.

Quelle vie les amis, ou plutôt devrais-je dire quelles vies incroyables car cette existence était tellement riche en contacts, en amitiés qu'on a le sentiment qu'il en a vécu plusieurs.

On se plonge au coeur des années 20 jusqu'à la fin de l'occupation. Gaëlle Nohant nous plonge non seulement dans la vie de Robert mais aussi nous conte l'Histoire en majuscule, la situation mondiale, en Espagne, la crise économique, la montée du nationalisme, l'avènement d'Hitler, la guerre..

Avec Robert on va vivre des soirées folles dans Paris, on côtoie les précurseurs du surréalisme Breton, Crevel, Man Ray, Jeanson mais on participe aussi à des discussions intéressantes avec Prévert, Aragon, Rimbaud, Néruda, Eluard, Garcia Lorca, Picasso. On refait le monde au café des "Deux Magots"...

On vit avec lui le processus de création, ses nouvelles, poésies, romans, théâtre... , toujours ce besoin d'écrire pour vivre, pour être libre.

On vit les tensions avec Breton, sa rencontre avec Deharme qui l'amène à devenir animateur de radio, rédacteur puis chroniqueur dans un journal où la rencontre avec Laubreaux déterminera une partie de sa vie.

Desnos c'est aussi le fêtard, l'amoureux. Deux femmes dans sa vie Yvonne George une célèbre chanteuse et celle qui sera l'Amour de sa vie, Youki Foujita, muse de Montparnasse, collectionneuse d'hommes mais qui au final découvrira l'amour véritable avec Robert.

Des amis : Foujita, Jean-Louis Barrault, Frankel... J'ai appris énormément de choses sur cette période sur les personnalités artistiques célèbres qui faisaient partie de son quotidien. J'ai adoré ces découvertes.

Et puis il y a l'autre facette de l'homme toujours généreux, rendant l'espoir et le sourire dans toutes les circonstances, quelle homme généreux qui prit parti durant l'occupation et devint résistant actif. Son engagement était total ne supportant pas l'occupation et étant trop épris de liberté.

Peu à peu je suis rentrée dans le récit de sa vie, c'est passionnant, enrichissant. Je me suis attachée à lui et surtout à Youki qui grâce à lui a appris à aimer pleinement. Quel amour incroyable, véritable jusqu'à la fin de sa vie. Que d'émotions et de larmes versées je dois bien l'avouer à la fin du récit. La plume est magnifique, ponctuée de la poésie de Robert Desnos. Que de poésie, de passion et d'amour, un choix des mots justes, c'est juste splendide, envoûtant et lumineux.

Je vous invite vivement à découvrir ce très beau coup de coeur. ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

Pour lui, la vie ne saurait se limiter au jour. Il y a trop à faire, tant de musiciens à écouter, de vins à boire et d'amis à saluer !

Yvonne. Le y qui ouvre son prénom est le delta ondoyant qui l'aimante et le repousse. Yvonne est une étoile de mer. Pour l'aimer, il faut accepter d'être blessé.

L'amour à sa naissance a la cruauté des bêtes sauvages c'est ainsi depuis la nuit des temps.

Yvonne et Youki, les soeurs siamoises qui se partagent son coeur et qu'on ne peut détacher l'une de l'autre sans le déchirer.

Robert n'entend pas limiter sa poésie à un seul support. Pour lui, l'écriture est ce territoire mouvant qui doit se réinventer sans cesse, demeurer une insurrection permanente, une fontaine de lave, des corps joints dans la danse ou l'amour, une voix qui descelle les pierres tombales et proclame que la mort n'existe pas, une expérience sensorielle.

Robert avait rejoint les surréalistes car l'inconscient, le merveilleux et le rêve étaient son territoire de toujours, le seul dont il se sentait un arpenteur légitime.

Robert, ce qui me terrifie le plus, c'est de vivre sans amour. Je sais que ce n'est pas un remède facile, qu'il peut être balayé au premier souffle... Mais sans amour rien n'a de sens, rien de nous retient, toutes les nuits se ressemblent.


Les coeurs qui ont déjà été brisés redoutent l'amour parce qu'il porte sa fin. Ils craignent de ne pouvoir endurer ce coup supplémentaire, l'arrachement et la terre brûlée.

Toute oeuvre d'art porte une vision du monde, observe Robert que cette discussion passionne même si les traducteurs peinent à en suivre le rythme. Les despotes entendent imposer la leur, et nous leur opposons une multiplicité de regards et de points de vue qui leur est odieuse. Pour eux, il ne peut y avoir qu'une seule vérité, qui devient un catéchisme. La culture est un enjeu. Quand on permet à ceux qui en sont exclus d'accéder à l'art et à la connaissance, on sème une graine de liberté qui peut les soustraire à la toute-puissance des tyrans.

Il ne chasse plus les mots comme les papillons rares. Il veut que sa poésie sonne clair comme un chant de révolte, qu'elle s'alimente à un réel de chair et de sang.

La poésie, le théâtre, la peinture et la musique peuvent triompher de la peur et de la haine, créer des ponts entre les hommes.

-On ne peut dompter la nature qu'avec son consentement, répond Seghers avec un grand sourire. Tous les poètes le savent.
-Et la nature de l'homme n'est pas de ramper devant les tyrans, murmure Robert. Sans quoi nos genoux seraient couverts d'écailles ...

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