La nature exposée de Erri De Luca
(La natura esposta)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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L'art au service des émotions
Un sculpteur qui fait passer des migrants par la montagne gratuitement fuit son village italien depuis que la presse s'est emparée de son histoire et ne le laisse plus en paix. Il part dans un port de mer et y accepte de restaurer la nudité d'un Christ en croix du début du XXème siècle, en marbre dont on a voilé la "nature" après le concile de Trente. ("Tu dois savoir que dans les crucifixions le condamné était hissé nu. Il fut un temps où l'on admettait cette représentation du supplice.") Le sculpteur y met toute son âme. Ce Christ suscite sa compassion. Il va même jusqu'à se faire circoncire, alors qu'il se dit non-croyant.
Alors qu'il regrette toujours une femme qui l'a quitté, il en rencontre une autre avec qui il a une aventure et qui lui demande de lui faire passer la montagne...
J'ai beaucoup aimé l'implication de ce sculpteur dans son art, la manière dont il fait vivre son sujet, la relation qu'il entretient avec lui jusque dans les plus infimes détails. Le lecteur s'attache au personnage qui vit sa vie sans grand discours, mais selon ses principes et sa conscience. Le style est très dense et très bien traduit.
Les éditions
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La nature exposée [Texte imprimé], roman Erri De Luca traduit de l'italien par Danièle Valin
de De Luca, Erri Valin, Danièle (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782072697913 ; EUR 16,50 ; 02/03/2017 ; 176 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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84 pages... 84 de trop
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 20 janvier 2024
Entre un personnage dont on ne comprend pas clairement ce qui mène sa vie, les relations avec les autres très énigmatiques, la pudibonderie exacerbée pour désigner le sexe par "La nature", et j'en passe, on se trouve face à un ensemble de phrases qu'il est difficile de cataloguer de récit.
Des questions pourraient se poser tout au long du processus de lecture mais tout cela est tellement emmêlé que l'on en vient à se demander si l'auteur sait lui-même quelle est son intention.
Le contenu étant évoqué, passons à l'écriture. Ce n'est guère mieux. On subit une accumulation insupportable de "Je" ; la seule structure syntaxique connue de l'auteur semble être l'indépendante ; la structure se limite bien souvent à sujet, verbe et, avec un peu de chance, quelque chose qui ressemble à un complément.
Pour moi, c'est la négation de la littérature ou alors c'est la mise en exergue d'un style d'écriture destiné aux "Intellos" où il est de bon ton d'écrire en détruisant tout ce qui fait la richesse d'une langue en pouvant ensuite dire haut et fort que cela ne s'adresse qu'à une élite et qu'il est normal qu'une telle subtilité ne peut être atteinte par le commun des mortels même lecteurs avérés.
Certains, voire même beaucoup, ont aimé ce livre et je respecte ces opinions évidemment mais, pour ma part, je déconseille vivement cet ouvrage et je suis le premier à le fuir.
Je suis conscient de ma virulence dans mon propos mais je suis exaspéré par la condescendance de certains à l'égard de ceux qui n'aiment pas ce type de lecture et par cette affectation pseudo intellectuelle pour des écrits sans respects des conventions. Ce type d'écrit serait bien plus recevable s'il était placé dans un registre écriture expérimentale, déstructuration, à l'image de ce qui se fait en art contemporain.
Savant mélange de poésie, d’humanité et de réflexion.
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 8 août 2021
Nature intime
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 19 novembre 2020
Le "héros" ouvre la voie, permet le passage d'un monde à l'autre, gratuitement, car ce qu'il y gagne ne tient pas dans la poche. Ce secret révélé le marginalise de son village, lui qui se sentait déjà isolé. Le tissu social s'effondre, il passe de la montagne à la mer, de la hauteur des cimes vers la contemplation de la profondeur des mers. Et pourtant c'est dans la pierre qu'il entre vraiment en contact intime avec lui-même, sculptant sous une toile, entrant dans une relation d'intense identification à son sujet, à son dépouillement, au corps meurtri, celui du Christ, celui de ce soldat ayant offert cet offensant crucifié au regard de tous.
Beaucoup de poésie, de flou aussi, on entre vraiment dans ce roman comme dans un espace calme et à peine éclairé, chaque page se dévoilant avec une impudique pudeur.
Un auteur que je découvre avec délectation.
Une restauration pleine de surprises
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 16 mars 2019
Cette quasi-nouvelle, ou ce roman court, interroge sur la place du corps du messie dans une religion, de sa possible représentation, de la symbolique cultuelle. L'interrogation est traitée d'un ton sec, analytique, à l'instar de la manière dont est étudiée l'oeuvre à rénover. Cela n'empêche pas d'exprimer des interrogations philosophiques, métaphysiques, ainsi que des émotions, assez nombreuses, qu'il est besoin de mettre au clair. L'aspect synthétique de la rédaction en rend l'effet plus dense, d'autant plus que le sujet reste assez déconcertant. Désorienté, j'ai fini par bien aimer ce livre.
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