Nini : Mulâtresse du Sénégal de Abdoulaye Sadji
Catégorie(s) : Littérature => Africaine
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Nini, ni Blanche ni Noire
Saint-Louis du Sénégal, charmante petite ville coincée entre 2 bras du fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique.
Le roman raconte une période de la vie de Nini, jeune métisse comme il en existe tellement en Afrique, aux Antilles, en Amérique.
Elle est descendante d’une Signare. Une Signare est une femme noire de colon, ce dernier souvent riche et/ou aristocrate, ayant fait bénéficier son épouse de ses biens et de sa position sociale avant de rentrer en Europe….seul.
Dans les années 1950, malgré quelques velléités d’indépendance, le pays est toujours sous régime colonial.
Nini exerce l’emploi de commis dactylo pour une entreprise française. Son obsession, le but de sa vie, est de se faire épouser par un « toubab », un Européen blanc.
Plus blanche que la plupart de ses copines métisses, ce qui la comble d’aise, elle adopte les expressions des Blancs, leur langage châtié, mange comme eux, les imite dans leurs attitudes, étale son savoir sur Paris, la France, la vie occidentale glané dans quelque magazine pour expat’.
Dans ses efforts pour ressembler à ce qu’elle n’est pas, elle fait assez précieuse ridicule, il faut bien le dire.
Mais en même temps, elle a des côtés attachants et son charme ne laisse pas indifférent l’un de ses collègues de travail français, Monsieur Martineau.
Ça commence par des parties de tennis, et dieu sait où ça se terminera…..
Justement, à propos de dieu, la grand-mère et la tante de Nini sont très bigotes, vont à la messe tous les jours où elles s’adressent à tous les saints pour tenter de forcer le destin de leur petite-fille et nièce.
Elles ont même recours à un marabout qui tente de convaincre les djinnes et les ravannes (esprits) d’envoûter Martineau afin de lui faire promettre d’épouser la jeune métisse.
Celle-ci ne croit pas à l’action des marabouts et en veut à ses tutrices : conflit de génération, perte des traditions….
Et il y a bien d’autres points de divergences, malgré le respect ancestral dû aux ainés dans la société africaine : par exemple, jamais Nini n’accepterait l’aide et encore moins les avances d’un Noir, race qu’elle considère comme inférieure, alors que les générations précédentes sont plus enclines à la solidarité inter-tribale et interraciale.
Il faut dire que la catégorisation raciale est de mise à l'époque; elle se note particulièrement dans les contrats offerts dans les entreprises : emplois de catégorie A réservés aux Blancs ; B pour les métis à peau claire, C pour les peaux plus sombres D pour les peaux noires. Sans aucune considération pour les capacités du travailleur, ni pour ses efforts.
Si Abdoulaye Sadji se serait réjoui de savoir que des gens de race noire ont depuis lors pu accéder aux plus hautes fonctions, il aurait également constaté avec amertume que le bout du chemin vers l’égalité des chances, partout dans le monde, est encore bien long….
Son roman, dans un style rafraîchissant, coloré et humoristique, nous éclaire sur l’organisation de la société sénégalaise et africaine, sur la situation spécifique dans les colonies peu avant l’ indépendance et sur l’intériorité hybride des métis.
Les éditions
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Nini : Mulâtresse du Sénégal
de Sadji, Abdoulaye
Présence africaine
ISBN : 9782708704978 ; EUR 6,20 ; 11/07/2000 ; 252 p. ; Poche
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