Un roman à la fin émouvante, écrit avec finesse et qui évolue tambour battant.

En chapitres alternés, il raconte le quotidien de 2 ados dont la prime enfance fut particulièrement éprouvante, et qui finissent par se rencontrer.

Le temps d'un été, ils s'éprennent l'un de l'autre, mais tandis que le garçon en ignore tout et disparait, la maman accouche sous X du fruit de leur amour. Et c'est ainsi que le bébé, pupille de la nation, est confié à une famille d'accueil.

Une quinzaine d'années plus tard, voici que le hasard fait que nos héros se rencontrent à nouveau : la femme est demeurée célibataire tandis que l'homme s'est entre temps marié, est devenu papa, et apprend alors seulement qu'il est père pour la seconde fois !

Après son opus intitulé "Dahlia", voilà que je re-découvre la délicate écriture de Delphine Bertholon ... un immense bonheur !

Comment une jeune adolescente délaissée, négligée voire mal-aimée par un mère égotique, perverse, obsédée par son pouvoir de séduction va trouver dans un amour de jeunesse l’oxygène et la liberté qui lui manquent tant dans son univers familial. Comment cette échappée estivale va bouleverser son destin et s’inviter dans sa vie 17 ans plus tard.
Delphine Bertholon écrit les sentiments avec finesse et décrit avec délicatesse les affres de l’âme humaine en proie aux pires questionnements, confrontée aux choix les plus douloureux. Ses personnages, Lyla et Joris, tous deux victimes de parents destructeurs, sont des êtres écorchés par un début de vie difficile qui vont s’aimer le temps d’un été puis se perdre de vue.
Quand le passé les rattrape, alors qu’ils tentent l’un et l’autre de se construire malgré les souffrances et les traumatismes de l'enfance et de trouver le bonheur, il va falloir l’affronter et l’assumer au risque de voir leur existence bouleversée. Une déferlante d’émotions va s’abattre sur eux et sur le lecteur. Ce livre m’a vraiment donné envie de découvrir les autres romans de Delphine Bertholon.

Quelle belle écriture !
A seize ans, Lyla rencontre Joris en vacances dans les Landes. Elle tombe amoureuse de ce surfeur taiseux que la vie n'a pas épargné (sa mère est morte quand il était bébé et son père se noie dans l'alcool et la violence). De son côté, Lyla peine à grandir sous la coupe d'une mère égocentrique, séductrice, manipulatrice et perverse, et d'un père soumis, invisible.
Dix-sept ans plus tard, alors que Joris vide la maison de son père tout juste décédé, il tombe sur une lettre de Lyla et l'appelle. Leur vie va s'en trouver bouleversée : ce coup de pied va réveiller Lyla qui est "tranquillement malheureuse" et menacer le fragile équilibre de Joris.
Quelle magnifique conteuse que Delphine Bertholon ! Elle instille beaucoup de douceur dans les morsures de la vie. Rien que la première page est une merveilleuse invite à laquelle le lecteur ne peut résister ("La routine (…) est ce qui nous reste lorsqu'on a tout perdu.").

Accoucher sous X alors que l’on a à peine 17 ans laisse indéniablement des séquelles. Lyla en a fait les frais, puisqu’elle a dû laisser son bébé à cet âge à cause, entre autres, d’une mère trop fière et d’un manque de maturité évident. Le père, lui, déstabilisé par son propre géniteur, n’a jamais été mis au courant. A trente ans passés, Lyla et Joris demeurent deux âmes en peine pour qui renouer le contact n’est pas une mince affaire. Si lui jure n’avoir rien su jusqu’à ce jour, Lyla a gardé ce secret enfoui pendant toutes ces années et n’est pas parvenue à surmonter ce drame qui la bouleverse au quotidien. Sa sensibilité est touchante ; elle se cache constamment derrière une carapace qui s’effrite peu à peu.

Le roman alterne tour à tour les pensées de Lyla et Joris, pendant leur jeunesse et 17 ans plus tard. Il nous incite à réfléchir sur l’enfance et la vie que l’on donne : « en offrant ce bébé au monde, Lyla avait sans doute réalisé le rêve de quelqu’un. Mais où sont passés les rêves de Lyla ?.... « l’absence de choix est une abomination, et ce même si l’existence est une suite de non-choix. On aimerait croire le contraire mais en vérité, on passe son temps à jongler entre la peste et le choléra. » Roman touchant, il est vrai, mais pas aussi exceptionnel que je l’aurais souhaité.

C'est le regard embué, les larmes aux yeux que je termine "Coeur Naufrage".

Que de sensibilité, d'émotions. Ce roman est une pépite que j'aurais dû sortir plus vite de ma Pal. Un roman magnifique qui nous parle des "non-dits", des accidents de la vie.

Lyla a 34 ans, elle a l'impression que sa vie est vide, qu'elle passe à côté de l'essentiel. Impossible pour elle de se fixer, d'avoir une vie amoureuse...

Faut dire que la vie ne l'a pas épargnée. Un père absent, cocu. Une mère qui n'en a que le nom, photographe célèbre, rigide, égoïste, ne pensant qu'à elle, utilisant l'image de sa fille mais ne lui donnant aucun amour.

Un jour, un coup de fil. C'est Joe, enfin Joris.

Elle se souvient de son adolescence, elle avait 16 ans. Elle se souvient de Joris, le taiseux, un autre écorché de la vie. Une chaîne de vélo qui saute, dans les Landes, une rencontre qui allait changer sa vie.

Joe est secret, il est orphelin de mère, son père est strict, violent et ne quitte jamais sa bouteille.

Joe est en quelque sorte son "jumeau", un parent absent, l'autre qui l'ignore. Ce sont deux écorchés, deux jeunes qui vont devoir se construire en bravant tant d'obstacles.

Je ne peux en dire plus sans déflorer l'histoire mais c'est un récit que l'on ne lâche pas, une nuit blanche de lecture tellement on est captivé par cette plume qui alterne le ressenti de l'un puis de l'autre en faisant des allers-retours à dix-sept ans d'intervalle.

Une plume captivante, tout en délicatesse, en émotions. Lyla avec un y ne peut vous laisser indifférent. J'avais l'impression que j'allais la rejoindre l'écoutant me raconter son histoire.

Magnifique pépite. Merci Delphine Bertholon.

Gros coup de ♥



Les jolies phrases

La jeunesse, Lyla est un monstre. Quand on la possède, on ne sait pas en profiter, pas vraiment, on n'en a même pas conscience. Puis un jour, on réalise trop tard, qu'elle est partie. Alors on rêve que ce monstre revienne, mais il ne revient jamais. Et il n'y a rien d'autre à faire que chialer, ma pauvre petite, chialer sur un monde à jamais disparu.

Les pères sont pareils aux oiseaux : ils migrent. Mais comment simplement exister, quand on n'a pas de mère ?

Être mère, Lyla, ce n'est pas juste être aimée.

Ce n'est pas où on vit qui importe, murmure-t-elle C'est avec qui.

L'absence de choix est une abomination, et ce, même si l'existence est une suite de non-choix.

La routine, je m'en rends compte aujourd'hui, est ce qui nous reste lorsqu'on a tout perdu.

Les rêves n'ont pas toujours vocation à se réaliser. Ils font avancer, persévérer, donnent du courage, et c'est tout ce qu'on leur demande.

Cela peut paraître paradoxal, mais les mots des autres, m'ont aidée à devenir quelqu'un - ou simplement, à rester quelqu'un.

On a tous un passé . Sauf qu'il ne nous revient pas toujours en boomerang dans la gueule.