Aux Cinq Rues, Lima de Mario Vargas Llosa

Aux Cinq Rues, Lima de Mario Vargas Llosa
(Cinco Esquinas)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Tanneguy, le 13 juin 2017 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 333ème position).
Visites : 5 510 

Chantage dramatique à Lima

Vargas Llosa se laisse aller ! Il nous conte une histoire sordide de chantage sexuel visant un industriel riche et renommé qui s'est laissé aller au cours d'une partie fine. C'est un hebdomadaire spécialisé animé par des journalistes vindicatifs qui révèle l'affaire qui fait grand bruit dans le Pérou dirigé d'une main de fer à l'époque par Fujimori secondé par le "Docteur" le chef de son service de renseignement, aux mœurs pour le moins répréhensibles. On se rappellera l'hostilité (le mot est faible !) que l'auteur voue à ce dirigeant auquel il tentera vainement de succéder quelques années plus tard, cela explique le ton du récit...

Bref, il nous décrit par le menu les agissements des protagonistes assez bien typés, dans son style habituel, facile à lire. Mais il s'appesantit également sur les mœurs sexuelles de ces riches familles qui n'ont qu'un saut d'avion pour rejoindre Miami où ils peuvent oublier pour quelque temps les misères épouvantables de leur pays, terrorisme, corruption, pannes d'électricité... Ce qui m'a choqué, c'est la complaisance avec laquelle l'auteur décrit les ébats sexuels nombreux des protagonistes. On attendrait davantage d'un Prix Nobel de littérature, même vieillissant.

On ne s'ennuie pas toutefois, mais on oubliera vite ! Dommage...

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Polar péruvien

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 7 novembre 2022

C’est dans le cadre de ma démarche consistant à lire des polars émanant du monde entier que j’ai lu ce Aux Cinq rues, Lima, de Mario Vargas Llosa, auteur que pour ma part j’apprécie en outre beaucoup. C’est que des auteurs de polar péruviens recensés et traduits, ça ne court pas les rues.
Si j’ai pu qualifier récemment Qui a tué Palomino Molero ? du même Mario Vargas Llosa de « pré-polar », Aux Cinq rues, Lima (quel drôle de titre !) est franchement un polar. Un polar sociétal s’il en est. Je veux dire un polar qui, outre une enquête, s’intéresse et dévoile les mœurs d’une société, la société péruvienne en l’occurrence, et notamment la « high society » péruvienne, politique, industrielle et militaire sous l’ère Alberto Fujimori, pas franchement un « copain » de Mario Vargas Llosa !
Les ingrédients sont assez classiques mais typés péruviens, péruviens des années Fujimori (1990 – 2000) ; photos compromettantes, maître-chanteur, journalisme à sensation, assassinat dudit journaliste, omnipotence du Service de Renseignement du pouvoir politique, luxe indécent de riches industriels, misère générale et notamment du journalisme d’investigation livré à lui-même face au pouvoir politique …
Finalement on pourrait considérer aussi ce roman comme une étude sociologique de la société péruvienne.
Ah, au fait, « Aux Cinq rues » c’est le nom d’un carrefour à Lima, dans l’un des quartiers les plus fréquentés de la ville.

Déception

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 août 2019

Vargas Llosa se déchaîne dans l'univers du scandale politico-sexuel. Le Pérou vit des heures sombres, kidnappings, opposants au régime emprisonnés sans procès et l'âge d'or du sentier lumineux.
L'histoire se lit sans déplaisir même si par moment ça sent un peu l'odeur du vernis. Bref l'auteur s'en donne à coeur joie, quant au lecteur je doute que même avec beaucoup de bonne volonté on puisse dire qu'il s'agisse d'un grand livre.
Déception.

La comédie du pouvoir

8 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 30 décembre 2018

C'est l'atmosphère tragique des jeux du pouvoir et du contre-pouvoir. Les critiques précédentes ont bien décrit les tours et détours de cette histoire de chantage sexuel. L'art de l'auteur, de premier ordre, est de la raconter de manière légère. Les pires turpitudes sont narrées avec réalisme, mais un ton léger, presque primesautier, donne à ce récit un écrin presque joyeux qui en rend la lecture facile et intéressante. Le lecteur découvre les puissantes arcanes de ces jeux dans un Pérou aujourd'hui largement oublié (les années 1970), sans trembler ni pleurer. Pourtant il y aurait de quoi, le fond des choses est crasseux, méphitique et violent. L'humour, toujours présent, permet à la fois de tout prendre au sérieux et d'une certaine manière de le survoler, ne serait-ce que par les amours coupables et joyeuses des femmes de deux des protagonistes principaux. La leçon à en tirer est peut-être que la turpitude et la joie se mélangent dans le vie. Je ne sais ce qu'en pensent Chalamov, Margolin ou Soljenitsyne..

Farce tragique et chantage politico-sexuel

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 14 août 2017

Un entrepreneur péruvien en vue fait l'objet d'une campagne de destruction médiatique, par le projet de parution de photographies le compromettant par sa présence, au moins alléguée, dans une partie fine où sont présentes des prostituées. Il fait l'objet de chantages, d'autant que le rédacteur en chef du périodique à sensations est retrouvé assassiné. Derrière, se trouve le pouvoir d'Alberto Fujimori, président péruvien, qui a non seulement mis fin aux exactions terroristes du Sentier lumineux mais aussi et surtout mis en place un tournant délibérément autoritaire du régime politique. Aussi l'auteur a-t-il été candidat malheureux à la présidentielle contre ce dernier, lors de son accession au pouvoir, en 1990.
Le ton est enjoué, les rebondissements ne manquent. Il peut être estimé que le romancier se livre à la facilité de style et à la condamnation d'autant plus simple pour lui qu'il est tout de même acteur politique, même indirect. Mais la cause sous-jacente mérite d'être soutenue, les dérives politico-médiatiques valant la peine d'être condamnées, quitte à donner dans de la littérature à sensation, ce qui correspond à prendre les armes de ses ennemis, au moins partiellement.
Ce livre contient d'assez nombreux passages burlesques, au sein d'un climat tragique. Il ne s'avère donc pas totalement vain et donne une petite idée des mauvais penchants de la société péruvienne.

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