La douleur de Manfred de Robert McLiam Wilson
(Manfred's pain)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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La douleur comme remède
Ce livre fut une gifle. Manfred aime sa douleur, il la chérit du mieux qu'il peut, il l'aime car elle lui permet de se complaire dans son malheur. Un malheur incarné par sa vie qu'il repousse. Manfred se réjouit de mourir. Fou. L'histoire d'un homme qui aime la douleur et la mort, car elles sont libératrices. Avoir mal pour mourir, mourir pour être libre.
McLiam Wilson va très loin, c'est subtil, grandiose par moments. C'est un enchaînement de souffrances et de silences, des secrets véhiculés au fil des années par Manfred, des éléments qui le font souffrir et la souffrance morale est souvent plus pénible à supporter que la souffrance physique. Un corps qui hurle pour masquer les cris d'une âme en peine, un homme qui meurt car cela fera taire ce corps qui masque son esprit, tout disparaîtra. Raisonnement simple et efficace. Trop simple. L'esprit humain ne peut se nourrir de cela. La douleur physique réveille les douleurs morales, les souvenirs enfouis, des images de guerre, de violence, d'une femme meurtrie (Emma), de juifs persécutés... Mince, peut-on encore revendiquer sa propre souffrance face à tous ces coups de poings balancés dans la figure de l'humanité ?! Manfred estime que oui, il le fait avec une froideur et un calcul qui me laissent pantoise devant tant de noirceur. Si la douleur est une drogue que l'on respire à pleines bouffées, peut-elle devenir une arme destinée à se satisfaire soi-même au détriment des autres ?
L'auteur l'a bien compris, il transforme la déchéance d'un corps en exorcisme des tourments de l'âme. Effrayant.
Les éditions
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La douleur de Manfred [Texte imprimé] Robert McLiam Wilson trad. de l'anglais par Brice Matthieussent
de Wilson, Robert McLiam Matthieussent, Brice (Traducteur)
Christian Bourgois / Fictives (Paris).
ISBN : 9782267016895 ; 19,00 € ; 22/08/2003 ; 262 p. ; Broché -
La douleur de Manfred [Texte imprimé] Robert McLiam Wilson trad. de l'anglais par Brice Matthieussent
de Wilson, Robert McLiam Matthieussent, Brice (Traducteur)
10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
ISBN : 9782264039224 ; 1,77 € ; 01/03/2005 ; 262 p. ; Poche
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la douleur, comme dirait Duras
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 15 août 2011
Oui, quand on cumule tant de discriminations (la judéité pour Manfred, qui pense comme Sartre : «comme toujours lorsqu‘il rencontrait quelque manifestation antisémite, Manfred se sentait soudain un peu plus juif que d‘habitude», le cancer, l’abandon par rupture du lien amoureux, le vieillissement, et l’approche de la mort), on vit dans un temps différent du temps ordinaire. Et ce que dit McLiam Wilson de Manfred : «Il ne désirait pas vraiment la mort, mais il mourait d’envie d’être débarrassé de la vie», s‘applique à tout le monde.
Voilà pourquoi ce livre est important, pour moi du moins, et m‘a permis de mettre des mots sur mon vécu. Il contribue, comme tout grand livre, à ne pas dévaluer «l‘étoffe précieuse du temps» dont parle notre auteur. Dans la lueur de la nuit, figée de fatigue comme une bête de somme, quand j’ai ouvert les volets vers sept heures ce matin, j'ai vu la neige tourbillonner, et je sentais davantage d’harmonie en moi grâce à cette lecture, mon âme était moins mélancolique. Et c’est vraiment là la victoire de la littérature, qui nous est à la fois nourriture, vêtement, maison, air pur, espace, reflet de nous-mêmes, puisque nous intégrons, ingérons, assimilons ce que d’autres ont écrit, danse et parfum de l’âme. Même et surtout quand la tonalité des œuvres est sombre, sans exclure d’ailleurs l’humour (cf la réponse de Garth à Manfred).
À quoi bon lire ? pensent certains. Je pense avoir répondu à la question, que je reformule ainsi : oui, à quoi bon lire des inepties, aussitôt oubliées que lues ? Quand les plus intimes nécessités deviennent pour nous difficiles, écoutons les écrivains et les poètes : «Ennoblissons, mon cœur, l’imagination !» comme écrivait Apollinaire à Lou.
Douleur thérapeutique...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 29 juin 2005
Fin d’une triste vie
Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 27 mai 2005
À l’heure de la mort, un bilan noir d’une triste et sombre vie. Le roman de la vie de Manfred, vieil acariâtre, est déprimant, accablant..
« Il l’avait battue parce qu’elle avait vécu avant lui et sans lui. Il l’avait battue à cause du mal que lui-même n’avait pas fait. Il l’avait battue à cause de la guerre. Il l’avait battue à cause de sa beauté à elle, à cause de son fils, de son silence et de ses souffrances. Il l’avait battue parce qu’il l’aimait »
McLiam Wilson
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 23 avril 2004
Pourrait-on en dire autant ici ? Le sujet me donne l'impression que non.
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Le rire dans la douleur de Manfred | 3 | Sahkti | 11 septembre 2006 @ 16:12 |