Télésérie de Hugo Léger
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Fantasmer sur les vedettes de la télé
Avant l’arrivée des I Pod et compagnie, la télévision nous a modelés selon une image uniforme pour créer un consensus autour des mêmes valeurs. Aujourd’hui, elle insiste sur la santé, menacée, semble-t-il, de toutes parts. Le nombre d’hypocondriaques a tellement explosé qu’ils engorgent les salles d’attente des hôpitaux.
C’est au plan psychologique que la télévision perturbe le plus le téléspectateur. Edgar Morin a servi en 1972 une mise en garde contre ce phénomène dans son essai Les Stars. Phénomène qui crée une équation entre l’acteur ou l’actrice et les mordu(e)s du petit écran. ¬¬¬Le sociologue Hugo Léger revient sur le sujet avec son roman intitulé Télésérie. Son questionnement s’incarne à travers Xavier Lambert, un comportementaliste canin, qui mène une vie très paisible entre sa femme et son garçon.
Un soir, en regardant la télévision, il est happé de plein fouet par Margot de Brabant, qui joue le rôle de l’avocate Évelyne Miller dans la série Instincts. Il tombe en amour (anglicisme québécois : to fall in love) sur-le-champ. Comment son fantasme pourrait-il se métamorphoser pour atteindre la frontière de la réalité ? Xavier décide de la suivre en s’inscrivant comme ami sur la page Facebook de son idole. Il réussit même à se faire choisir comme figurant pour un épisode de l’émission. Et le hasard fait bien les choses. L’actrice veut élever son chien pour qu’il ne jappe plus. Sans le savoir, elle recourt aux services d’un spécialiste qui n’est nul autre qu’Xavier. Voilà l’huile qu’il fallait pour déclencher un brasier inextinguible.
L’auteur ne porte pas de jugement comme tel, mais le lecteur comprendra que ces amours nées de notre attachement aux vedettes sont fort malsaines. Elles sont vouées à des échecs pitoyables si jamais elles se matérialisent, d’autant plus qu’elles sont vécues aux dépens de ceux que l’on aime vraiment. L’épilogue vient le prouver.
Hugo Léger a exploité un rare filon de la littérature. Son roman creuse à fond la thématique avec une écriture enlevante et teintée d’humour. L’auteur a le sens de la dérision. Même si l’on sent la moquerie dans le propos, on sent aussi son amour d’autrui. C’est un beau roman qu’il a précipité un peu trop quand est venu le temps de désamorcer son intrigue. La narration au JE perd alors de sa pertinence au profit d’un résumé qui a délaissé l’âme qui y conduisait.
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