Seuls de Laurent Mauvignier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Rage et déliquescence
Tony aime Pauline depuis toujours. Mais c’est lui la bête et, elle, la belle. Comment associer ses cheveux gras à cette chevelure rousse ? Les lunettes sales au regard troublant ? Les dents jaunes au sourire perlé ?
Vivre, supporter un amour à contresens. Désirer sans assouvir, espérer sans être satisfait, voir pour mieux s’aveugler. C’est son dû, son fardeau. La regarder aimer d’autres hommes, l’écouter perdre ces faux amours, la soutenir quand elle vomit sa déprime et son alcool. C’était son quotidien lorsqu’ils étaient étudiants et habitaient ensemble. C’est ce qu’il espère oublier lorsqu’elle revient, après des années de séparation, loger chez lui se recoudre d’une rupture, avant une nouvelle vie dans un nouvel appartement.
C’est l’illusion du couple qu’il se donne, dont il se charme. L’espoir qu’elle devinera ce qu’il met tant d’effort à cacher : cette passion destructrice qui le ronge et l’anéantit à chaque respiration. Elle ne voit rien, ne comprend rien, ne ressent rien.
Cette illusion a besoin d’une fin : le déménagement de l’une et la disparition de l’autre. Cette dernière sera la déclenchement des révélations. Celles du père de Tony qui nous transmet les confessions de son fils, à qui jamais il n’a pu parler, qu’il n’a jamais pu écouter jusqu’à ce qu’il vienne tout raconter de Pauline et des ravages qu’elle a laissés en lui. Cette existence vide de sens à laquelle s’accroche ce vieil homme tout prêt à détester celle qui fit souffrir son fils mais qui semble être la seule à pouvoir l’aider à le retrouver.
Jusqu’à ce que la parole soit donnée à celui qui est aimé de Pauline et l’aime en retour. Et qu’une autre vérité soit dite…
Crescendo d’anéantissement, d’insolvabilité, d’irrésolution. Laurent Mauvignier écrit une douleur, une réalité, un besoin amplifié et dévastateur d’existence. Il aiguise le mal-être de ses personnages, laissant une rage non-dite percer dans ces creux d’incompréhension où ils sont tous engoncés. Un roman fort dont le malaise ne cesse de croître. La frustration d’une existence sans bonheur, où chacun se retrouve… seul.
Les éditions
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Seuls [Texte imprimé] Laurent Mauvignier
de Mauvignier, Laurent
les Éditions de Minuit
ISBN : 9782707318466 ; 13,20 € ; 14/01/2004 ; 176 p. ; Broché
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Déçue..
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 3 janvier 2020
Une amitié entre étudiants qui partagent le même appartement, qui se perdent de vue et qui se retrouvent, le temps que Pauline se déniche un emploi, un appartement. Le hic, c’est que Tony est fou amoureux de Pauline et qu’elle le considère comme son frère, son ami..
Dans la première partie du roman, on assiste à tous les états d’âme de Tony face à Pauline qui vit à nouveau chez lui. Ensuite, tout bascule à partir du moment où, contente, elle trouve boulot et appart. Elle se vêt de sa plus belle robe et invite Tony, son meilleur ami au restaurant pour fêter l’événement.
« elle portait la robe rouge des grands soirs.. (..) Une de ces robes dont le tissu est doux rien qu’au regard qu’on porte dessus. (..) Et soudain il s’est trouvé ridicule et nu avec les baskets aux talons rabotés, son pantalon aux poches arrière déchirées. Lui, idiot aussi parce qu’il n’était pas rasé et que sa peau avait froid-soudain sans savoir pourquoi elle s’est mise à frissonner sa peau.. »
Leur relation ne sera plus la même et Tony pète un câble.. Il ne rentre plus chez lui, laisse crever son chat, oublie son sac chez son père, ne se rend plus au travail, coupe son téléphone, erre dans les rues, puis disparait…
Je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l’intrigue
Ne jamais rester seul
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 19 février 2006
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