Jérusalem de Pierre Loti

Jérusalem de Pierre Loti

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 14 avril 2017 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Un agnostique qui ne se résigne pas à renoncer à Dieu.

C’est dans cette situation que Pierre Loti, en 1884, part pour traverser le Sinaï et parvenir à Jérusalem afin de tenter d’y trouver Dieu.
« Jérusalem » fait partie du triptyque « Le désert – Jérusalem – la Galilée » qui relate son voyage commencé le 22 Février 1884 dans les environs du Caire.
Au début de « Jérusalem », le 25 Mars 1884, Pierre Loti se trouve aux portes de Jérusalem. Il va tenter d’y trouver ce qu’il est venu chercher ; la présence de Dieu, et ce récit est fait jour après jour : du lundi 26 Mars au lundi 16 Avril 1884, date de son départ.
Ce n’est pas une œuvre de fiction mais bien sa quête qui est relatée avec son style phénoménal pour nous faire partager des sensations de voyage et la description des paysages et ambiances traversés. Il s’agit bien sûr de la Palestine, pas encore devenue Israël (1884 !) et il y a bien quelques touches qui montrent un Pierre Loti assez fermement antisémite :

« C’est vendredi soir, le moment traditionnel où, chaque semaine, les Juifs vont pleurer, en un lieu spécial concédé par les Turcs, sur les ruines de ce temple de Salomon, qui « ne sera jamais rebâti ». Et nous voulons passer, avant la nuit, par cette place des Lamentations …/… Et des hommes en longues robes de velours, agités d’une sorte de dandinement général comme les ours des cages, nous apparaissent là vus de dos, faisant face à ce débris gigantesque, heurtant du front ces pierres et murmurant une sorte de mélopée tremblotante …/… Les robes sont magnifiques : des velours noirs, des velours bleus, des velours violets ou cramoisis, doublés de pelleteries précieuses. Les calottes sont toutes en velours noir, - bordées de fourrures à longs poils qui mettent dans l’ombre les nez en lame de couteau et les mauvais regards. Les visages, qui se détournent à demi pour nous examiner, sont presque tous d’une laideur spéciale, d’une laideur à donner le frisson : si minces, si effilés, si chafouins, avec de si petits yeux sournois et larmoyants, sous des retombées de paupières mortes ! … Des teints blancs et roses de cire malsaine, et, sur toutes les oreilles, des tire-bouchons de cheveux, qui pendent comme les « anglaises » de 1830, complétant d’inquiétantes ressemblances de vieilles dames barbues. »

Les Juifs en prennent donc pour leur grade. Je n’ose imaginer les propos qu’il aurait pu tenir s’il avait assisté à ce qui s’est passé dans le milieu du siècle suivant avec l’émergence d’Israël !
Les touristes en prennent aussi plein la tête (oui, il y a déjà des touristes en 1884, des « Cook », comme il les nomme à un moment !).
Non, les seuls qui ont son respect, ce sont tous ceux (chrétiens de toutes obédiences, musulmans, …) qui viennent en pèlerinage dans cette ville et qui constituent le plus incroyable melting-pot religieux qui soit.
Hélas pour lui, Jérusalem va le décevoir au-delà de tout puisqu’il verra essentiellement les ors des religions, leurs maniérismes qui ont pris le pas sur le message originel, et seule la piété et la foi des pèlerins le réconcilient avec Dieu. Il y a de très forts passages sur la foi, l’absence de foi, le doute et un témoignage exceptionnel sur ce qu’était, et comment était, Jérusalem à la fin du XIXème siècle. Pierre Loti est décidément un auteur indispensable pour ce qu’il s’agit des voyages qu’il a pu effectuer.

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