Cueilleuse de thé de Jeanne-Marie Sauvage-Avit
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (12 450ème position).
Visites : 3 646
Coup de coeur du printemps!
Ce livre est beaucoup plus qu'une simple romance. C'est un aperçu de ce que vivent les cueilleuses de thé du Sri Lanka, mais également des embûches que toute femme qui prend la décision de conquérir le monde peut rencontrer sur sa route.
Le parcours de Shemla est celui d'une jeune femme qui vient de perdre sa mère et qui décide de prendre sa vie en main afin d'échapper à sa vie actuelle et pouvoir réaliser ses rêves. Tout cela malgré ses peurs, malgré les obstacles à venir, malgré l'inconnu. Elle décide donc de foncer dans la vie et elle devra user de stratégies pour réussir à sortir de la plantation avec son passeport. Il est facile de comprendre dès le début du roman que ces femmes sont en fait esclaves de cette vie. Le patron a le plein contrôle sur leur vie en décidant du salaire qu'il versera, les conditions de vie sont exécrables et en plus, elles ne peuvent quitter la plantation, car celui-ci garde leurs passeports.
Que ce soit sur le bateau lors de sa traversée vers l'Angleterre ou lors de son arrivée en terre nouvelle et même lorsqu'elle est au service des Rosay, Shemla aura la chance de rencontrer des gens qui l'aideront tant au niveau de la langue, que du travail et des études. Cela lui permettra de gagner en assurance et elle pourra par la suite, faire face à son passé. Et cela demande beaucoup de courage. On comprend au fil de son histoire que la vie n'a pas été tendre avec elle et qu'elle a fait preuve d'une très grande résilience pour en arriver où elle en est aujourd'hui!
Tout le récit tourne autour d'un seul et même bourreau soit Datu-Guemi (mais on comprendra qu'il n'est pas le seul à agir ainsi sur les plantations ). Cet homme aura détruit la vie de plusieurs femmes sur son passage. En premier lieu, il y a Pokonaruya, sa première femme qui vivra l'horreur tant par la violence physique que psychologique. Il y a également Mohanty qui débutera son travail à la plantation. Elle ira voir sa mère, car elle se sent comme une proie face au « kangani » Datu-Guemi... sa mère tentera donc de la marier : "On va essayer de te trouver un mari qui veuille bien de toi, car tous les hommes savent que les cueilleuses ont des vies difficiles sur les plantations et que les plus jolies ont déjà servi d'une manière ou d'une autre. Et toi tu es jolie. Les hommes n'aiment pas les filles qui ont déjà servi."
Cette violence faite sur les plantations, ce que subissent ces cueilleuses de thé semble être la norme et les patrons n'en font pas de cas. Le vécu de ces femmes m'a énormément touchée, scandalisée. Étant amateur de thé, je peux vous garantir que je regarderai ma tasse sous un angle nouveau.
L'auteure a une plume vraiment singulière, une finesse dans les mots malgré parfois la violence qui caractérise la vie de ces femmes. Elle sait choisir les bons mots pour nous toucher directs au cœur. Il y a parfois quelques passages à la fois doux et poétique : "Ils avançaient sans bruit sur le sentier sablonneux parsemé des dernières feuilles mortes. À travers la trouée des arbres, l'eau du lac miroitait comme un plat d'argent posé sur l'herbe."
En passant par le Sri Lanka, l'Inde et l'Angleterre, l'auteure nous fait découvrir ces merveilleux pays au travers des yeux d'une jeune femme courageuse... mon coup de cœur du printemps!
Les éditions
-
Cueilleuse de thé
de Sauvage-Avit, Jeanne-Marie
CHARLESTON EDITIONS
ISBN : 9782368121467 ; EUR 18,00 ; 07/04/2017 ; 320 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (3)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
La condition féminine - L'acceptation des différences - l'intégration
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 10 mars 2024
La première partie se déroulant au Sri Lanka décrit la condition de la femme dans ce pays, soumises au pouvoir de l'homme et au poids des traditions. C'est aussi l'exploitation des travailleuses dans ces plantations mais on comprend très bien que ces conditions sont les mêmes dans d'autres activités et que certains hommes ne doivent pas être épargnés. Cet aspect des choses se rapporte tout autant au Sri Lanka qu'à d'autres pays où les dominants exploitent les pauvres pour s'enrichir encore plus, sans respect pour l'humain, sans protection légale ou sociale. Les jeunes ne sont qu'une sous main d'oeuvre pas aussi efficace que les adultes. En aucun cas il n'est question d'éducation.
Le voyage en bateau illustre la confrontation de deux mondes. L'un profitant de la vie, l'autre fuyant une situation difficile.
Une fois au Royaume-Uni c'est cette fois la condition de l'immigré, ses difficultés à s'intégrer, son rejet, ses aspirations, sa volonté d'agir pour aller vers autre chose, de s'impliquer pour améliorer sa condition.
La distinction par le prix du livre romantique m'apparaît plutôt desservir ce livre, le cataloguant dans un registre étroit dont il déborde largement. Cette distinction le limite à un ressenti plutôt limité au simple affectif alors que l'on découvre d'autres univers avec leurs relations et leur conditions.
Un livre dont l'intérêt se maintient au fil des pages, avec une écriture fluide, agréable, qui se fait oublier, laissant le lecteur voyager dans ces espaces, à côté des divers personnages.
Evidemment, certains reprocheront une happy end mais pourquoi ce type de fin serait-il un défaut ? Tout doit-il être tragique pour constituer un roman correct ?
Certes, on peut relever quelques heureux hasards mais la vie offre des circonstances inattendues. Il n'est qu'à noter le nombre de destins célèbres liés à une succession de hasards que ceux-ci soient positifs ou négatifs.
Un livre qui m'a emmené dans son histoire, que j'ai lu avec intérêt jusqu'à la dernière page.
Un quasi coup de coeur.
Emancipation
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 23 février 2024
La meilleure amie de Shemlaheila est Mohanty. Celle-ci n’a que douze ans, mais elle commence à attirer les regards du kangani et ses parents n’ont rien trouvé de mieux pour la protéger que de la marier, ce qu’elle refuse.
Pour échapper à ce carcan, lorsque sa mère décède, Shemlaheila s’enfuit et poursuit le rêve d’aller en Angleterre pour suivre une formation de commerce. Comme elle ne parle pas l’anglais, elle devra commencer par cet apprentissage. Grâce à l’aide de sa tante guérisseuse, elle embarque sur un cargo pas cher où son manque de protection commence rapidement à se faire sentir.
L’auteure décrit l’impitoyable société indienne envers les femmes, à la merci des hommes et leur violence, sous la coupe de leur père, puis de leur mari, sans jamais avoir le droit d’exprimer leur désir. Cette tyrannie fait froid dans le dos. Et le lecteur savoure la découverte de la liberté qu’éprouve l’héroïne, avec elle. Celle-ci prend petit-à-petit confiance en elle et s’affranchit de la peur de l’homme. Avec elle, nous redécouvrons les libertés que nous prenons, nous occidentaux, pour évidentes, acquises depuis notre enfance et auxquelles nous ne pensons même pas.
Un roman féministe et un coup de coeur
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 6 janvier 2018
Forums: Cueilleuse de thé
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Cueilleuse de thé".