L'été grec de Jacques Lacarrière
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures
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Le guide de la "grécité"
En épigraphe, Jacques Lacarrière cite André Breton : "Il ne faut pas confondre les livres qu’on lit en voyage et ceux qui font voyager". À choisir, c’est sans doute à la seconde catégorie de livres qu’appartient l’Été grec. Mais, précisément, ce livre semble être au carrefour de ces deux catégories, où l’on voudrait bien qu’elles se confondent. On lit d’ailleurs en quatrième de couverture : "C’est sous les portiques de l’Agora d’Athènes qu’on aimerait lire ou entendre lire "L’Été grec"". Car cet ouvrage est aussi un guide. Un guide de voyage d’abord (on ne peut pas employer le terme "touristique"), qui, par l’expérience de l’auteur, et au gré d’anecdotes vécues, expose des sites légendaires (de la Grèce continentale et des Îles) ; un guide spirituel et culturel, qui emmène le lecteur dans les monastères orthodoxes du Mont Athos, les drames des tragiques antiques, l’âme de la langue grecque (on reste ébahi par sa formidable continuité à travers les temps) ; un guide historique, où l’on découvre une Grèce aussi combattante et fière durant l’occupation turque, que dans les âges plus ou moins obscurs de l’antiquité ; un guide humain surtout, avec les Grecs des villes et les Grecs des champs, les moines attendrissants et parfois coquins (!), les anachorètes qui vivent hors du temps, et enfin, les femmes grecques, et la volupté au soleil. Pour voyager, on voyage avec ce livre ! À travers la terre et les îles grecques, à travers le temps, à travers la langue, à travers les légendes et les mythologies, à travers des rencontres inoubliables, à travers une culture grecque bien vivante (les rébétika, chants issus des banlieues de la Grèce moderne, la littérature moderne, etc.), à travers, bien sûr, les liens singuliers de Lacarrière avec la Grèce et les Grecs. Ce livre est en effet le "résultat" de plusieurs voyages en Grèce, avec sa part de rêves, et sa part de désillusions. L’auteur n’y écrit pas la contemplation niaise et béate d’un pays qu’il aime, mais garde sur lui un jugement critique et toujours tendre, observe ses évolutions, évoque les problèmes nouveaux que posent le tourisme de masse et l’industrialisation, souvent trop mal et trop vite développés. Ce pourrait être un simple livre d’érudit, mais Jacques Lacarrière n’est — il le précise lui-même — ni un universitaire, ni un spécialiste, ni rien du tout, qu’un homme amoureux de la Grèce et de son peuple.
Les éditions
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L'été grec de Jacques Lacarrière
de Lacarrière, Jacques
Pocket / Terre Humaine
ISBN : 9782266119818 ; 8,40 € ; 04/12/2001 ; 448 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Hellas, quel bonheur !
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 10 juin 2024
L’auteur n’a pas le sou lorsqu’il commence son périple grec. Empruntant les chemins arides du mont Athos, avec des forêts de châtaigniers pour panorama incontournable et les divers monastères pour fil conducteur, on lui offre le gîte ici, on le rassasie là, on étanche sa soif ici et là. Toujours de manière très simple mais spontanée, il ne viendrait pas à l’esprit de l’amphitryon - nom sorti de la mythologie grecque qui convient très bien à l’hospitalité des habitants actuels – de ne pas accueillir l’étranger et bientôt ami qui lui fait l’honneur d’une visite. Les rencontres avec les moines sont souvent très riches. Ils lui demandent systématiquement des nouvelles du monde extérieur. Certains d’entre eux sont plus sectaires, tel Philarète qui prétend mordicus que celui qui ne sera pas sur l’Athos au moment du Jugement dernier sera damné…. Celui qui mettra sa théorie en doute aussi, du reste !
Lors d’un autre voyage, voici notre Helléniste arpentant les sentiers des gorges de Samara (35 ans plus tard, j’y forgerai un excellent souvenir personnel). Il nous décrit encore ces réunions dans le seul café du village où les vieux amis possèdent l’art de faire durer leur ouzo pendant des heures pour le plaisir de rester plus longtemps ensemble et sans que le patron ne leur en tienne rigueur. Amusant aussi, toutes ces fois où l’auteur laisse une ardoise qu’il règlera la prochaine fois, le tenancier étant au courant que la prochaine visite serait l’année suivante. Une dernière anecdote savoureuse pour la route ? Un garçon de café de 8-9 ans au prise un samedi soir à un afflux de clients. Fatalement, les commandes tardent à arriver; à mesure que les impatiences s’expriment de plus en plus ouvertement, notre pitsiriko a une panoplie de réponses graduées : d’abord Amésos ! (tout de suite) ; puis Eftassa ! (je suis déjà là) ; et en dernier recours : ton ipiès ! (tu l’as déjà bu !), dernière réplique à comprendre comme un « je vais aller tellement vite que c’est comme si tu l’avais déjà bu ».
Jacques Lacarrière multiplie les récits de moments simples et délicieux qui le touchent au cœur et qui donnent envie d’aller les vivre sur place. C’est très probablement pour nous faire partager sa fascination pour ce pays qu’il est devenu écrivain.
D’ailleurs, qui d’autre que lui aurait pu écrire le Dictionnaire amoureux de la Grèce ?
Vagabonder en Grèce
Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 18 septembre 2020
Dès 1947, l'auteur parcourt en stop, à pied ou en utilisant les autobus brinquebalants, un pays qui reste largement rural, où les ânes et les mulets demeurent l'aide et l'auxiliaire de transport d'une grande partie de la population campagnarde. Son récit est celui d'un vagabond, d'un amoureux du pays qui vague de ci, de là, s'arrêtant au mieux quelques mois dans des lieux choisis, ports, îles ou lieux saints, pour mieux s'imprégner des gens, de leur caractère et de leur histoire.
L'ouvrage offre ainsi un fidèle miroir de la Grèce des ces années là. Jacques Lacarrière a multiplié les rencontres aussi diverses que les moines du Mont Athos, les paysans de l'intérieur du pays, les tenanciers de cabarets, des intellectuels et des écrivains sous oublier quelques amours en différents lieux. Une aussi longue proximité avec les gens du cru lui permet de tracer un tableau vivant où les notations, amusantes pour le lecteur, ne manquent pas mais qui sont toujours portées par une bienveillance jamais prise en défaut. Ce sont les premiers chapitres consacrés au Mont Athos que Lacarrière a arpenté longuement qui ont le plus retenu mon attention. Entre ces anachorètes vivant sur des terrasses surplombant le vide et certains moines aussi gourmands qu'ignorants en religion, la palette est riche et les explications de ces parcours aussi complexes que quelquefois terre à terre éclairent une époque.
Le livre est également riche d'explications concernant les chants anciens comme les kleftika, ces chants épiques de la guerre d'Indépendance, ou encore les rébétika, chansons des quartiers populaires en vogue alors ; les mentions et théories concernant la mythologie étant peut-être davantage datées.
En dépit de ce caractère indéniablement attachant, je reste plus réservé que les critiques précédentes, troublé par l'aspect au final assez composite de ce livre qui hésite entre le journal de bord, la chronique ou le guide personnel de voyage. Ayant vraisemblablement voulu rendre justice aux maints aspects du pays, Jacques Lacarrière a délaissé tout fil d'Ariane risquant ainsi de perdre certains lecteurs dans les détours du labyrinthe.
Une magnifique balade
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 15 mars 2011
Un chef-d'oeuvre !
Critique de Duhkha (Paris, Inscrite le 20 juin 2005, 37 ans) - 26 août 2005
C'est un véritable coup de coeur car il m'a permis de me rendre compte que c'était ça que je voulais faire de ma vie; Alors je voudrais dire un tout grand merci à Monsieur Lacarrière par ce biais, car ce sera en grande partie grâce à lui que j'aurai trouvé ma voie...Merci merci merci !!!
-Duhkha
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