N'oublions jamais les caresses de Evelyne Wilwerth

N'oublions jamais les caresses de Evelyne Wilwerth

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ddh, le 31 janvier 2017 (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 715ème position).
Visites : 3 214 

Des caresses, parfois à rebrousse poil

N' oublions jamais les caresses ; elles sont importantes, sous-jacentes dans toute cette œuvre.
Une place en demi-cercle où la circulation est abondante. Un hôtel où Canberra (Australienne) et Lausanne (Suisse) se retrouvent à la chambre 7. Une tourelle avec sa châtelaine au sommet, les pinceaux à la main et les tableaux à sa portée. Nadim et sa mère pas nécessairement sympa. Un SDF allongé sur le trottoir avec son chien noir à ses côtés ; Corbillard est son nom, bien nommé dans la suite du roman. Voilà, le décor est planté !
Un roman ? bercé de poésie dans une atmosphère irréelle, fantastique. Autant de caresses qui impressionnent favorablement le lecteur.

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Le tourbillon de la vie

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 2 février 2017

Le tourbillon de la vie

Une place en demi-cercle un 21 juin dans une capitale européenne entre 14 heures 20 et 19 heures 09. Le décor est bien planté et le cirque, le cycle de la vie va pouvoir opérer le temps d’une après-midi caniculaire.

Une dizaine de personnages, y compris un animal et une plante, vont subir les affres de l’extrême chaleur. Un couple adultérin présent sous le prétexte d’un colloque, une châtelaine et son père, un enfant et sa mère, une artiste peintre hantée par Nicolas de Staël et ses bleus, un réceptionniste en surpoids, un SDF et son chien, une plante esseulée et assoiffée…

Evelyne Wilwerth relate les séquences de manière chronologique sous divers angles, de façon à balayer le pourtour de l’espace. L’action évolue au fil des différents points de vue et ce qui apparaît d’abord de façon éclatée s’organise en l’histoire d’un lieu à tel moment, comme notamment dans un de ses précédents livres, Hôtel de la mer sensuelle, et un peu à la façon de ces travaux perecquiens circonscrivant toutes les péripéties survenant en un endroit donné (Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, La vie mode d’emploi).

Pour ce faire, l'écrivaine malmène la syntaxe, la ponctuation, utilisant tantôt des phrases brèves, faites de quelques mots, tantôt des phrases longues épousant le mouvement, la course du temps ou la courbe d’un instant. Elle use d'un langage performatif pour faire ressentir le tourbillon de la vie.

« Vous tournez, vous me contournez, je tourne, je tourne sur moi-même, la fièvre monte déjà, je répète Vous Vous, l’enroulement est rapide très rapide puis soudainement lent très lent étiré long infiniment long il devient un immense vertige les murs dansent déjà les parfums m’enivrent et soudain Vous serrez fort si fort trop fort vos yeux sont des braises je lâche un cri je vais défaillir Vous me soutenez Vous me redressez violemment la tête de la fureur de votre regard je gémis et soudain c’est le déroulement sauvage et moi je »

Tous les personnages de cette comédie urbaine sont comme enfermés (souvent à deux) dans leur histoire, et le ciel plombé, l’atmosphère étouffante, la catastrophe annoncée sont à l’image de leur situation à ce tournant de leur existence.

L’autre du couple fermé est plus ou moins présent, plus ou moins passé, il ne permet plus l’évasion, pris lui-même dans la relation maladive, le cercle vicieux qui s’est établi et qui court à sa perte. Il faudra un drame, peut-être un meurtre, en tout cas une victime expiatoire, une remise à plat des choses et des chronos à l'instant zéro pour que les protagonistes du récit, en réalisant le manque d’amour dont ils souffraient de même que le lien rompu avec la terre, le centre vital de leur être, repartent de plus belle dans la ronde des jours...

Une fois encore, Evelyne Wilwerth donne un livre éclatant qui a du style, de l’allant et une morale aussi que vive que bouleversante.

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