Le déjeuner du lundi de Jean Dutourd

Le déjeuner du lundi de Jean Dutourd

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 3 janvier 2017 (Inscrit le 31 octobre 2005, 67 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 762ème position).
Visites : 4 593 

Délicieux

Tous les lundis midi, le père de Jean Dutourd, dentiste de son état, invite son fils Jean et l’oncle Alfred à déjeuner. Veuf joyeux et épicurien sans complexe, il met les petits plats dans les grands pour régaler ses deux hôtes, ce qui n’est pas un mince exploit, car dans les années d’après guerre, les tickets de rationnement sont encore en vigueur et il faut souvent recourir au marché noir pour élaborer un menu. Ces sympathiques agapes familiales sont l’occasion de discussions à bâtons rompus sur mille sujets des plus triviaux aux plus relevés dans une ambiance charmante et détendue.
Paru en 1947, « Le déjeuner du lundi » est le deuxième livre et le premier roman de Jean Dutourd. Il le présente comme étant le prototype du « nouveau roman », style qu’il dit avoir inventé avec dix ans d’avance. En effet, les cinquante premières pages donnent tout à fait cette impression avec des descriptions pointilleuses mais jamais ennuyeuses du décor de cette charmante pièce en trois actes (entrée, plat, dessert). Passé cette introduction à la Robbe-Grillet, le lecteur bascule dans le vif du sujet, les dialogues et la comédie de ce déjeuner de brillants esprits. Ça ne se lit pas. Ça se dévore. Tant c’est intelligent, amusant, plein d’humour et finement raconté. Le personnage du père, un peu vantard, heureux de vivre et toujours le cœur sur la main, celui de l’oncle, plus introverti, grand amateur de calembours, de paradoxes et d’énigmes plus ou moins scientifiques et bien sûr celui du jeune Dutourd, ancien évadé de camp de prisonnier, grand résistant, anticlérical, libre penseur et très à gauche, tous trois sont d’excellente compagnie. Les idées politiques de l’auteur peuvent surprendre. Il faut dire qu’il était très jeune à l’époque et qu’il a évolué au fil du temps et de sa réflexion personnelle. Seuls les idiots ne changent jamais d’avis ! Un bel ouvrage qui n’a pas pris une seule ride !

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

De tendres souvenirs

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 31 octobre 2025

Le jeune écrivain nous livre, pour son deuxième roman, en 1947, le souvenir de ses déjeuners du lundi avec son père et son oncle, ayant perdu sa mère fort jeune. Il relate dans un luxe de détails les habitudes de chacun des deux hommes, leurs différences, leurs aimables chamailleries, le luxe contenu de leur mode de vie, leurs discussions sur l'éducation, l'instruction et les bonnes manières. Il expose ses relations d'enfant avec le monde adulte.
Le charme désuet est assumé, la nostalgie au moins autant ; et pourtant l'auteur fait ressentir cette impression d'éternité, et la volonté que ce monde perdure, par ce qu'il a de rassurant, malgré les quelques inévitables agacements qu'il peut provoquer ici et là.
Il en apprend sur une époque, ses habitudes gastronomiques, son art de vivre dans un certain milieu. Il constitue un hommage à ces deux hommes, malgré quelques ironies. C'est instructif et touchant, bien sensible également.

Forums: Le déjeuner du lundi

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Le déjeuner du lundi".