L'homme de la montagne de Joyce Maynard
(After her)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Polar atypique
C’est vrai, « l’homme de la montagne » se classe naturellement dans la catégorie « polars », pourtant c’est autre chose d’abord. On ne nous conduit pas au cœur d’une enquête policière. Elle existe, bien sûr, et menée par le père des deux sœurs, protagonistes principales du roman, mais ce n’est pas elle le sujet. Le sujet reste bien ces deux sœurs, Rachel et Patty, leur relation et leur évolution dans le cadre de, et après, cet « été meurtrier ».
Rachel est l’héroïne principale puisque c’est elle, trente ans plus tard devenue romancière, qui va revenir sur cet épisode fondateur qu’est cet été meurtrier. Elle a treize ans au moment des faits et Patty, sa sœur, a deux ans de moins. Elles vivent, mal, une séparation forcée de leurs parents. Leur père, Anthony Torricelli, est inspecteur de police mais surtout ce qu’on pourrait appeler « un homme à femmes ». Tant et si bien qu’il a déserté le domicile familial et que sa femme s’en remet plus que difficilement, élevant ses deux filles dans une surveillance … relâchée.
Rachel et Patty sont donc assez libres de leurs mouvements dans leur petite bourgade au pied du Mount Tamalpais, à une quinzaine de kilomètres au nord du Golden Gate Bridge qui relie la ville de San Francisco à la péninsule du Comté de Marin. Elles sont plutôt malheureuses de la situation aussi – comme tous les enfants de couples séparés, j’imagine – aimant toujours leur père si peu présent et vivant dans des conditions financières difficiles avec leur mère.
Et la grande affaire, c’est qu’en cet été 1979, un « serial killer » s’attaquant à de jeunes filles se met à sévir. Dans la montagne. Tout près de chez elles. C’est leur père qui est chargé de l’enquête et sa notoriété subite leur procure tout à coup une aura auprès de leurs congénères mieux lotis.
C’est plutôt cet aspect que Joyce Maynard va traiter, se mettant remarquablement à hauteur de pré-adolescentes vivant une vie compliquée.
Inconscientes du danger, et peu contrôlées par leur mère, elles vont mener en quelque sorte leurs propres investigations, frôlant le coupable, la solution, frôlant la catastrophe aussi, mais elles ne seront pas prises au sérieux …
Et c’est trente ans plus tard que Rachel va nous raconter cette histoire ; c’est « l’homme de la montagne », c’est un récit d’apprentissage de la vie de deux petites filles nord-américaines.
Les éditions
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L'homme de la montagne [Texte imprimé] Joyce Maynard traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Adelstain
de Maynard, Joyce Adelstain, Françoise (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264065285 ; EUR 8,10 ; 16/09/2015 ; 360 p. ; Poche -
L'homme de la montagne [Texte imprimé], roman Joyce Maynard traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Adelstain
de Maynard, Joyce Adelstain, Françoise (Technicien graphique)
Philippe Rey
ISBN : 9782848764146 ; EUR 14,99 ; 21/08/2014 ; 320 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Deux soeurs et un père !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 16 mars 2018
Rachel et Patty (treize et onze ans) vont être les témoins de l’histoire d’un tueur en série. Ouvrez votre poste de télé et vous ne pourrez manquer ces séries « non-stop » » qui vous pondent des histoires semblables. Effet de mode ? Désir réel du spectateur ? Le débat reste ouvert.
Carol Rifka Brunt avait aussi emprunté les yeux d’une très jeune fille dans « Dites aux loups »… mais le sujet avec une autre ampleur, l’étoffe d’un message que Joyce Maynard n’a pas vraiment la poigne de délivrer.
Ceci dit l’histoire tient la route, on se prend de sympathie pour ces jeunes filles et leur père, mais il y a un mais (et un gros « mais)… la fin. L’auteure fait vraiment dans le compliqué pour clôturer son roman. C’est un peu gros et en ce qui me concerne plutôt indigeste. Je dirai que l’ensemble méritait mieux.
Il n’est pas poli de cracher dans la soupe avant d’avoir complimenté la cuisinière, aussi je terminerai ma critique en donnant un « bien, mais peut mieux »
à propos de l'adolescence
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 30 juin 2017
Jeunes filles peu appréciées par leurs congénères, elles doivent composer avec le divorce de leurs parents. Elles vivent avec une mère démissionnaire qui s'isole dans la fumée de cigarette et la lecture, tandis que leur père, séduisant policier aimant les femmes, est chargé de l'enquête des jeunes femmes mortes. Rachel et Patty vont devoir sortir de l'anonymat pour apprendre à vivre avec la toute récente célébrité inattendue de leur père et, lorsque l'enquête patine alors que le tueur continue à semer les jeunes femmes mortes sur la montagne, les filles décident de passer la vitesse supérieure, en enquêtant à leur tour !
En lectrice avertie, j'ai pris ce livre comme un roman classique, sans trop m'attacher à l'étiquette "roman policier et thriller" sous lequel il est classé à la médiathèque. Et j'ai bien fait : j'ai découvert un très beau roman sur l'adolescence ou la préadolescence, les relations, toujours complexes, entre sœurs, entre filles et mère, et filles et père (surtout quand les parents ne vivent plus ensemble), entre homme et femme.
Joyce Maynard nous décrit avec beaucoup de talent les excès, les angoisses, le besoin d'être semblable mais aussi de se différencier, les petites ou grandes folies qui passent pour d'excellentes idées... sur le moment ! Elle passe au scalpel et avec bienveillance les spécificités si étranges de cette étape de la vie : les émotions amplifiées, la jalousie vis-à-vis des plus nantis, les pulsions de la puberté, la loyauté et la fidélité vis-à-vis de ses semblables, les sentiments et comportements paradoxaux. On s'attache rapidement à Rachel, et surtout à Patty (le fait d'être la petite dernière de cinq sœurs doit y être pour quelque chose...). On finit par être touchée par Tony Toricelli, père aimant, policier scrupuleux, amoureux malheureux, séducteur invétéré, qui parfois arrache un cheveux pour en faire une araignée...
L'homme de la montagne est un vrai beau portrait de deux sœurs adolescentes. Il y a aussi une vraie intrigue policière, en pointillé sur une bonne moitié du livre, puis qui gagne en puissance et en intensité, pour trouver un dénouement tendu dans les dernières pages. Une belle découverte !
"Ne vous approchez pas de la montagne"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 21 mai 2017
Les meurtres se succéderont mais malgré ses injonctions, les deux soeurs décideront d'aider leur père à résoudre son enquête.
Si pendant quelques dizaines de pages, on est bien dans la lecture d'un roman policier, on comprend vite pourquoi la classification de ce dernier n'a pas été une évidence. On se retrouve vite passionnée par la vie de ces deux adolescentes, de leurs rêves, de leurs émotions, surtout pour l’héroïne Rachel.
Le passage de l'enfance, l'envie d'être adolescente, de devenir une femme , avec tout son lot d'espoirs et de désillusions.
Comme dans "Les filles de l'ouragan", l'auteure décrit de beaux portraits de femmes dans leurs variétés, la force des relations humaines, envers un père, une sœur, avec un roman à la fois léger, rempli de la fraîcheur naïve et musicale de l'enfance et de la gravité dangereuse du monde extérieur.
Un livre original, qui séduit, qui passionne. Une belle réussite, entremêlant avec une grande habileté réalité et fiction.
L'homme de la montagne
Critique de Dixie39 (, Inscrite le 12 mars 2017, 54 ans) - 2 mai 2017
J'ai pourtant apprécié la relation complice, fusionnelle entre les deux sœurs, leur imagination débordante pour occuper leur quotidien, loin du regard des adultes.
Joyce Maynard dresse un portrait de l'adolescence et de ses préoccupations assez juste, ainsi que celui d'une mère, perdue et démissionnaire, après un divorce, retranchée derrière les volutes de tabac et les pages de romans.
Ma mère "avait, étant jeune, rêvé d'aller à l'université étudier l'anglais, ou peut-être passer des examens de bibliothécaire. Cette ambition, en tout cas, s'était évaporée depuis longtemps, et elle paraissait ne pas s'attendre à en trouver chez ses filles. Peut-être parce que l''idée que nous puissions désirer quelque chose qu'elle ne pouvait offrir la rendait trop triste, ou parce qu'elle était parvenue à la conclusion que ne rien espérer nous éviterait la déception de ne rien obtenir."
Mais malgré toutes ces qualités, ce n'est pas un livre qui restera gravé dans mon esprit...
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