IMPALA de Marie-Thérèse Carlier

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Kinbote, le 9 décembre 2016 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 7 étoiles
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Sur le fil du temps

Marie-Thérèse Carlier a écrit trente poèmes qui, à l’instar des pique-bœufs se nourrissant des parasites vivant dans le pelage de l’impala, cette antilope africaine, allègent l’humain de ce qui contamine l’existence mais lui donne aussi son prix : souffrances et affres dues au temps qui passe, injustices, solitude et indifférence…

La poétesse dit la conscience de vivre en équilibre sur le fil du temps, à la pointe du présent, entre un passé qui se languit et un horizon inatteignable. Et souffre de se sentir inapte à broyer les malheurs.

Dans Sur terre…, elle dresse un parallèle juste et touchant entre le petit et l’aïeu, tous deux aux extrémités du chemin de la vie.

Elle aspire à une sorte de conversion du plomb en or, à la victoire sur les tous les maux, au triomphe du bien sur les faiblesses.

Comment transcender le mal en substance divine ?

Comme l'impala, elle est toujours sur le qui-vive, volontiers proie mais prête au combat pour défendre son droit à l'existence.

Les poèmes témoignent de tout ce qui altère la joie de vivre, en des vers austères comme en phrases légères, en des chants parfois désespérés (je suis ramasseuse de larmes), en des odes à l’espérance, à l’imaginaire et au don de soi (je veux donner/ je veux aimer..), pour le plaisir propre (dans l’amour physique) ou pour venir en aide à autrui.

Mais dans ce monde aliéné, il existe des poches de résistance, des lieux de résilience qui nous conduisent à poursuivre l’aventure. Marie-Thérèse Carlier dit bien le caractère duel du sang, cellules rouges de la vie, mais signe aussi, quand il s’écoule du corps, d’une fin prochaine.

Le sang coule en nous, hors de nous,

Invalidant sa propre résilience.

Et elle ne manque pas de rappeler que le don de sang est don de vie.

La panne d’écriture, le défaut d’inspiration sont assimilés à une impuissance à vivre tant l’écriture a pris de l’importance pour elle qui dit, à l’instar d’un Pierre Michon, que la muse commande, que le roi vient quand il veut… Dans le poème intitulé Renaissance elle lance : Ah ! Ma muse, où étais-tu ? Et cherche à définir sa nature : mage entre deux mondes, le réel et l’imaginaire. Car les mots sont voués à apaiser les maux comme les meurtrissures de son âme… Car la poésie est à la fois une science et une passion.

En somme, voici un recueil délivrant un diagnostic amer sur l'état de l’humanité et qui donne à parts égales des raisons de désespérer comme de croire mais qui surtout procure, si on sait les percevoir et en faire bon usage, des remèdes pour supporter les maux, une médication peut-être plus forte que le mal, plus passionnante et vivace aussi.

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