Comment fais-tu l'amour, Cerise ? de René Fallet
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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On est toujours tout seul au monde
Si je m’en réfère aux quelques romans de René Fallet que j’ai déjà lu, celui-ci, tout en s’inscrivant dans le modèle des récits amoureux dont La Fleur et la souris, le deuxième roman de l’auteur, en est le prototype, présente quelques singularités qu’il convient de développer.
La trame centrale du livre est en effet assez classique, pouvant presque évoquer (au début tout du moins) une comédie d’Eric Rohmer: l’entreprise amoureuse d’un Casanova londonien (Michael Huggins) envers une jeune femme française (Cerise) qui se retrouve désœuvrée (mais pas célibataire) dans la capitale britannique. Stratégie de séduction pour approcher la belle (malgré les barrières de la langue), aimable badinerie, résistance de l’être aimée : certains passages du récit sont légers, voire éminemment cocasses, comme le premier tête-à-tête entre Huggins et Cerise, dans la cuisine de celle-ci, pendant qu’elle prépare des bocaux de haricots verts ! L'« exotisme » londonien, ainsi que les différences culturelles franco-anglaise, participent aussi au côté joyeux du récit.
Mais ces deux personnages se révèlent assez rapidement atypiques et ne génèrent pas beaucoup de sympathie. Michael Huggins, agent immobilier de profession n'a qu'une obsession, celui d’épingler le maximum de jolies filles à son tableau de chasse, ne les considérant qu'avec un certain mépris une fois l'acte consommé. Les quarante ans tout juste franchis, son angoisse est de savoir si son « sex-appeal » survivra à ce cap. Cerise quant à elle, qui a suivi son mari expatrié à Londres, semble être rétive à toute tentative de séduction. L’un comme l’autre se comportent avec une certaine ambiguïté, une certaine errance des sentiments qui devient assez rapidement pathétique et particulièrement agaçante.
Surtout, sous l’apparent marivaudage que nous propose René Fallet, le récit cache la grande solitude de ses personnages. Ils noient ce déficit affectif dans l’alcool, la drogue, les femmes ou une indifférence à la vie. L’amitié, contrairement à la ligne falletienne habituelle, n’existe pas : celle entre Michael et son copain Junkie Sherwood n'est construite que sur la fausseté. La vision autour de l’amour s’avère quant à elle empreinte de pessimisme, très noire, désespérée, sans même parler d’une scène particulièrement difficile qui brise définitivement l’illusion romantique dans laquelle le livre aurait pu encore nous bercer. René Fallet semble nous dire que nos tentatives pour nous aimer sont vouées à l'échec et que de toute façon, comme dans la chanson de Starmania, malgré les caresses et les déchirements, nous sommes toujours tout seul au monde.
Les éditions
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Comment fais-tu l'amour, Cerise ?
de Fallet, René
Gallimard
ISBN : 9782070363810 ; 1,53 € ; 17/05/1973 ; 320 p. ; Poche
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Une drôle de vison de l'amour...
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 9 décembre 2016
Revenir sur l’histoire ? Inutile tant la critique précédente est vraiment bonne. D’ailleurs @Fanou03 met le doigt là où il faut.
En ouvrant ce roman je pensais savoir à quoi m’attendre, à savoir une histoire d’amour dans un contexte différent des romans les plus connus de René Fallet, la soupe aux choux ou encore le Beaujolais nouveau est arrivé… Je m’attendais à une histoire bon enfant et légère, une petite parenthèse désinvolte, teintée d’humanité : Erreur !!
Les deux personnages principaux ? Antipathiques au possible, voire si pathétiques que la lecture en devient vite pénible, voir harassante. L’amour y est dépeint d’une façon qui m’a particulièrement déplu. L’amitié si chère à Fallet ? Inexistante, ou pire, intéressée.
Sous une certaine légèreté se cache la laideur de certains sentiments humains que je n’aurais jamais pensé retrouver dans un roman de Fallet. De nombreuses fois j’ai arrêté cette lecture pour me plonger dans quelque chose de plus agréable ou plus intéressant à lire car il faut bien l’avouer, ce roman manque clairement d’intérêt.
Le seul point positif ? La fin qui tranche dans le vif. Abrupte et sans rémission.
A oublier.
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Comment fais-tu l'amour, Cerise ?: la dureté de René Fallet | 4 | Fanou03 | 9 décembre 2016 @ 18:54 |
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