Bénarès, les rives du sacré de Roger Chappellu, Kenneth White

Bénarès, les rives du sacré de Roger Chappellu, Kenneth White

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Voyages et géographie , Arts, loisir, vie pratique => Photographie

Critiqué par Tistou, le 15 octobre 2016 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 4 étoiles
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Avec Roger Chappellu pour les photos …

Pourquoi ai-je été déçu par cet ouvrage entièrement consacré à ce monument du Sacré qu’est la ville de Bénarès ?
Le texte, de Kenneth White, n’est pas complaisant sans être trop érudit. Il lui faut bien parler de l’origine du Gange dans la mythologie hindoue, s’écoulant jusqu’à la mer depuis la chevelure de Shiva, dans l’Himalaya. Il le fait, et sans en rajouter. Il parvient à faire un parallèle judicieux entre cette civilisation indienne et la grecque des premiers européens en contact avec Bénarès.

« L’Européen moderne, héritier à la fois de la métaphysique, de la technique et de la politique grecques, héritier aussi d’une religion de la foi, de la personne, de la morale et de l’histoire, qui parvient dans ces parages sera, en général, moins conscient que les anciens Grecs d’un fonds commun. Il risque de s’en tenir à une attitude de curiosité plus ou moins amusée, plus ou moins gênée, s’il n’est pas tout à fait indigné par le spectacle de tous ces actes absurdes (asociaux !) qui ont lieu ici, avec, comme toile de fond, une misère économique totale. »

Il évoque avec justesse les « ghâts », ces marches de géants qui descendent de la ville agitée au fleuve et où la simple vie cède la place à la ferveur, à « autre chose » que la simple vie.
Il évoque ces étonnants personnages qui semblent habiter les ghâts en permanence ; les sadhus, ces ascètes détachés de la vie comme veillant sur le Gange.
Sa conclusion est juste aussi :

« Bénarès n’est pas seulement une ville. C’est un musée vivant, c’est un champ de vie et de mort, c’est un laboratoire de libération. Il en est ainsi depuis des milliers d’années. »

Seraient-ce les photos de Roger Chappellu, alors, à l’esthétique résolument terne, sombre. Peu éclairées, parfois délibérément floues ? Elles m’ont semblé, c’est vrai, réductrices du souffle et des images qui passent en permanence en arrière-plan du fleuve, au cœur de la ville.
Bénarès, il me semble, c’est plus que ce que Roger Chappellu en donne à voir. C’est plus fou, plus joyeux et plus morbide à la fois. Et je ne l’ai pas senti finalement dans cet ouvrage.

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