L'archipel d'une autre vie de Andreï Makine
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Russe
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"Nous allons vivre", dit Elkan !
1952, en pleine guerre de Corée, l'URSS s'attend à un conflit nucléaire. Le réserviste Pavel Gartsvel est dans un cantonnement au fin fond de la Sibérie où l'on s'entraîne à mourir sous les rayons de la nouvelle bombe (celle qui s'étrenna à Hiroshima).
Suite à l'évasion d'un détenu d'un camps voisin, un petit groupe de soldats (dont Pavel) part dans la taïga pour une bien curieuse chasse à l'homme.
Cette traque provoquera chez cet homme comme les autres, soldat malgré lui, un éloignement ; son monde et ses codes s'évanouissent.
Peu à peu, il devient un autre, il se souvient des coups, de la souffrance, du froid mais il n'y a plus en lui aucune envie de vengeance, aucune haine et même pas la sensation orgueilleuse de pardonner. Il y a juste le silence ensoleillé, la transparence lumineuse du ciel... oui, juste la décantation suprême du silence et de la lumière.
Un fois de plus, Andréï Makine parvient à démontrer toute la largesse de sa sensibilité. J'ai toujours un respect particulier pour les rares auteurs qui ont emporté un prix Goncourt avec un oeuvre de qualité... Makine en fait partie.
Ce livre est une perle, une leçon sur la phrase « je vais vivre ».
Les éditions
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L'archipel d'une autre vie
de Makine, Andreï
Seuil
ISBN : 9782021329179 ; 18,00 € ; 18/08/2016 ; 288 p. ; Broché -
L'archipel d'une autre vie [Texte imprimé], roman Andreï Makine,...
de Makine, Andreï
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757868485 ; EUR 7,40 ; 24/08/2017 ; 240 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Garder une lampe allumée
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 62 ans) - 9 novembre 2024
Les origines de monsieur Makine, l'histoire douloureuse de son pays servent souvent de toile de fond à ses récits.
Monsieur Makine est un excellent conteur , il sait prendre son lecteur par la main et l'emmener , le transporter dans des lieux où jamais il n'a mis les pieds.
Il sait aussi rêver et nous entraîner à sa suite vers des univers libérés de nos pesanteurs.
Dans les écrits de monsieur Makine, il y a la noirceur de l'humain, l'obscurité, la pesanteur du monde, il y a aussi son antithèse : la lumière, la respiration, l'espoir. Mais surtout monsieur Makine nous fait l'implacable démonstration que nous pouvons nous débarrasser de notre "pantin de chiffon" pour embrasser plus sereinement "l'insoluble simplicité de nos vies".
Monsieur Makine votre écriture est thérapeutique, elle nous incite à explorer nos ombres, à nous débarrasser de nos oripeaux les plus futiles pour Vivre. Certains de vos personnages expérimentent le passage des affres de la vie à ses essentiels. Ils nous donnent envie de les suivre.
La nature, le cadre qui sert d'écrin à cet archipel est une nature peu hospitalière mais que l'on imagine tellement fascinante et où seuls les plus aguerris peuvent survivre.
Je n'aime guère dévoiler l'intrigue d'un roman, sachez qu'il se déroule principalement en 1952, qu'on y parcourt l'histoire de la Russie de 1937 à 2003, que les secousses de l'histoire remuent les hommes et leurs "pantins de chiffon".
Nous nous situons à l’extrême est de la Sibérie, région reculée et sauvage, refuge de diverses ethnies que le roman nous fait rencontrer par le truchement de quelques personnages.
Nous y rencontrons un jeune stagiaire géodésiste, cinq militaires sur les traces d'un mystérieux fugitif, une splendide jeune femme néguidale dont les destins vont se croiser sur ces territoires.
Je referme ce livre à regret, il y a des compagnonnages que l'on aimerait prolonger, des rêves que l'on refuse de clore, des réflexions qui longtemps feront écho.
" - Si tu reviens un jour, allume ici trois feux, oui, en triangle ! Je les verrai et je viendrai te chercher ! :
Sur le chemin du retour, je me rappelai ce fragment dans son récit : Elkan l'avait attendu pendant dix jours, se disant qu'il en mettrait cinq pour atteindre le cantonnement et cinq autres pour revenir; Au cas où il déciderait de revenir..."Et si j'avais eu quelques heures de retard ? " lui demanda-t-il, bien plus tard. Elle répondit avec fermeté; "Je serais partie vers l'archipel, sans toi... Mais chaque soir, j'aurais allumé les feux..."
La poursuite infernale
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 17 juin 2022
Roman d’aventure, vivant et mouvementé. Mais toutes les tentatives de capture se soldant par un échec, on finit pas se lasser. On comprend que la personne traquée ne sera jamais rattrapée. Par contre, la fin du livre n’est pas nécessairement celle à laquelle on s’attendait.
"Je n'aurais jamais cru que l'homme avait besoin de si peu".
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 21 octobre 2018
Un groupe de 5 hommes, soldats et officiers, est à la poursuite d'un fugitif.
Parmi ce groupe, nous suivons Pavel Gartsev, jeune soldat réserviste inexpérimenté.
Pour Pavel, ce périple sera une aventure humaine, la découverte d'une nature sauvage (Taïga, forêts, ...) mais par dessus tout une quête spirituelle.
Pavel va apprendre à se dépouiller de l'essentiel pour "vivre".
Progressivement, une communion s'installe entre le fugitif et ses poursuivants.
Impossible d'en dire plus au risque de livrer le secret du roman.
Une oeuvre forte, politique, aux messages universels.
Quelle place occupons-nous sur cette planète ?
Nous contentons-nous d'exister dans le chaos planétaire ?
Vivons-nous réellement ?
Une quête spirituelle, la recherche d'une vie en harmonie avec la Nature.
Un Grand Makine !
A lire
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 13 septembre 2018
On ne présente plus Andreï Makine et ses merveilleux récits.
Cette fois l'aventure se passe dans l'Extrême-Orient russe. Au-delà de nulle part.
Aux confins de la Sibérie, dans la taïga proche de la mer d'Okhotsk.
C'est l'histoire de Pavel Gartzev, qui fut mêlé à une chasse à l'homme à la fin de l'ère stalinienne.
Pavel était, avec d'autres soldats lancé aux trousses d'un fugitif.
Mais qui est ce fugitif?
A la découverte de son identité, la vie de Pavel va s'en trouver bouleversée. Et au fur et à mesure que la poursuite s'intensifie, Pavel se remet en question et refuse d'appartenir au camp de la violence gratuite.
Voici un beau roman d'aventures au sein d'une nature majestueuse
Mais, ce n'est pas que cela … c'est aussi une remise en question sur le comportement de nous, les hommes.
Et si l' archipel où vivre autrement existait ? Un endroit où l'homme délivré de ses jeux terribles de vainqueurs et de vaincus inventerait la réconciliation.
On peut vivre autrement ne cesse de clamer Makine , on peut choisir un mode de vie qui exclut la pollution, la surconsommation, la surexploitation et l'homme ne devrait jamais oublier qu'il n'est qu'un pauvre locataire de la Terre.
On peut rêver.. et Makine nous le fait faire de très belle façon.
Ce récit est basé sur la propre histoire de l'auteur .. Sibérien, il a bien entendu rencontré dans sa jeunesse un " Pavel" dans la majestueuse taïga. Un Pavel qui non seulement lui a fait découvrir la nature mais l'a fait réfléchir sur sa propre condition d'humain.
Voici un roman qui fait réfléchir .. à lire !!!
Vivre a changé de sens
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 24 juin 2018
Traque étrange, marquée de divers invraisemblances, où les poursuivants n’ont pas l’air de vraiment vouloir capturer le fuyard et font durer la poursuite dans les paysages à couper le souffle, servis par l’écriture riche et fluide d'Andreï Makine. Lorsqu’ils découvrent l’identité de leur proie, les sentiments des traqueurs se modifient encore plus, les relations se tendent entre ceux chez qui se réveille la morale, et ceux chez qui la brutalité du régime stalinien et du climat sibérien accroissent la bassesse et la dureté. Une curieuse séquence façon 10 Petits nègres commence alors, chacun étant à tour de rôle victime d’accident et devant abandonner jusqu’à ce que ne demeure plus que celui qui, au terme de ce voyage initiatique, se voit offrir une seconde chance, devient digne d’accéder à une autre vie en quittant ce monde de violence et de folie.
Cette lecture est un grand moment de bonheur et de sagesse.
Une belle réussite !
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 13 janvier 2018
J'ai dévoré ce roman présenté par la critique comme "un western sibérien". Le rythme est haletant ce qui est accentué par le fait que les chapitres sont brefs. Cette chasse à l'homme est très bien menée et la taïga devient un personnage à part entière, elle traverse tout le roman. Andreï Makine a su donner de la force à sa description. Le lecteur perçoit nettement la violence des éléments naturels avec cet archipel où même les boussoles deviennent obsolètes. Cette nature dense est une force qui dépasse les hommes, bien petits face à son immensité. Et tel un labyrinthe, elle invite les hommes à oublier leurs codes et à repenser l'Humanité. La nudité évoquée parfois va dans ce sens ...
Cette chasse à l'homme a une portée symbolique. Elle invite à réfléchir sur le sens de deux verbes : exister et vivre. Cette réflexion est très intéressante et pas appuyée lourdement. Ce n'est pas un roman à thèse dans lequel l'auteur se sert de la fiction comme prétexte à une longue réflexion philosophique. Il n'empêche que ce roman permet d'aborder un questionnement très intéressant.
L'écriture est très belle, parfois poétique. Il y a un souffle qui traverse tout ce roman et qui porte le lecteur. Certaines scènes sont dures, mais en même temps très réalistes et en accord avec le contexte évoqué. Ce roman est très marquant et particulièrement réussi.
La traque
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 13 novembre 2017
Mais cet homme va surprendre celui qui se croyait invisible et lui raconter son incroyable vie, lui permettant de comprendre aussi sa survie dans ce milieu hostile.
On est alors plongé dans l'effroyable traque à laquelle participe Pavel Gartsev, soldat soviétique, d'un fugitif incroyablement intelligent, réussissant à déjouer les pièges des 5 soldats lancés à sa suite.
Le récit de cette poursuite, ses rebondissements, les motivations des uns et des autres, est passionnant. Que ce soit dans l'étude de chacun de ces hommes, dans la beauté des descriptions. On voudrait connaître la fin tout en éprouvant une appréhension sur le dénouement.
Un livre magnifique sur la beauté de la nature, sur la valeur des relations mais aussi la bêtise humaines, dans l'histoire de l'URSS puis de la Russie, sur l'asservissement, et surtout le sens de la vie.
"Ce que je vis, arrivant là-haut, fut impossible à exprimer . L'infini, le néant, la chute dans le vide...la pensé articulait ces mots qui s'effaçaient devant la vertigineuse beauté qui n'en avait plus besoin."
Les fins surprenantes donnent envie de relire le livre, ainsi que le regret de quitter ces impressionnants et attachants personnages.
Superbe
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