L'autre Edgar de Anne-Frédérique Rochat

L'autre Edgar de Anne-Frédérique Rochat

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ddh, le 4 septembre 2016 (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 336ème position).
Visites : 2 669 

Une mère (trop) aimante

L'autre Edgar, c'est celui qui est dans le cadre en bois : son frère mort avant sa naissance.
La Suissesse Anne-Frédérique Rochat est comédienne de profession et écrit des pièces de théâtre et des romans. Sa plume lui a déjà valu quelques prix tant en Suisse qu'en France.
Le lecteur suit la vie d'Edgar de 3 ans jusqu'à sa quarantaine. Edgar est le chouchou de sa mère Maria ; son papa ? Il ne l'a jamais connu. Sa voisine Mathilde lui a révélé que les deux portraits sur le meuble sont ceux de son père Louis et d'un bébé, son grand-frère, qui sont partis... La vie n'est pas rose car Edgar se pose un tas de questions : « c'est où qu'ils sont, ces deux-là ? », les filles... Il y a aussi, plus tard, le couple d'à côté, Macha et Henri ; mais qu'est-ce qu'elle est belle, Macha !
La découverte de l'entourage d'Edgar se fait petit à petit. A chaque âge, une nouveauté. De fines touches psychologiques évoquent la surprotection de la mère, le problème des absents.

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L'autre Edgar

8 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 3 octobre 2016

Livre après livre Anne-Frédérique Rochat s’affirme comme une valeur sûre de la littérature romande. Son style s’affine et son sens de la narration se peaufine. Dans son précédent roman, Le chant du canari, elle explorait l’histoire d’un couple qui petit à petit se sépare. Dans ce nouveau roman, ce serait presque l’inverse. L’autre Edgar essaie de construire un couple, ou plus exactement de se construire une identité avant de tenter l’aventure de la vie à deux.
Car Edgar est ce que l’on pourrait appeler un enfant de substitution. Lorsqu’il naît, ses parents décident de lui donner le même prénom que celui de leur premier enfant, décédé subitement une année plus tôt. «Ce serait dommage de ne pas le réutiliser» dira la mère qui entend effacer le traumatisme encore très vif de ce décès en s’investissant corps et âme pour ce nouveau-né.
Toutefois, dès les premières années de son existence, le petit garçon va s’interroger, se demander qui est le petit garçon sur la photo du salon. Un questionnement qui s’intensifiera lorsqu’on lui annoncera que son père est parti…
Voulant préserver son enfant désormais orphelin, la mère va éluder les questions jusqu’au jour où la voisine se voit quasiment contrainte d’expliquer les drames familiaux.
« Ce soir-là, allongé sur son lit, dans la pénombre de sa chambre, Edgar pensa longuement. Avec la clé que Mathilde lui avait donnée, il tenta d’ouvrir quelques portes pour y voir plus clair et laisser entrer un peu de lumière. » Quelques cauchemars – durant lesquels son frère décédé lui rendra visite – et quelques années seront nécessaires pour comprendre, puis pour se libérer de ces curieux sentiments qui vont tout à tour le traverser, de la culpabilité d’avoir pris la place d’un autre à la frustration de n’être pris que pour un remplaçant.
À l’adolescence difficile – mais comment en serait-il autrement – succèdent les premières années de la vie d’adulte, le moment où il va falloir apprendre à voler de ses propres ailes. Sauf que la relation quasi exclusive bâtie avec sa mère l’empêche de s’épanouir. Après l’émerveillement de la découverte du monde du théâtre, le désir de travailler dans ce milieu et les premiers émois face à l’aura d’une belle comédienne, il se rend compte que bien des obstacles sèment encore sa route et qu’il est lui-même jaloux d’une éventuelle relation que sa mère pourrait être tentée de nouer. Même s’il s’agit d’une fausse alerte et qu’«il était son seul amour, son cœur, son enfant», l’événement va servir de déclencheur.
Quand sa confidente Mathilde meurt et que, quelques années plus tard, de nouveaux voisins viennent s’installer dans la maison mitoyenne, Edgar tombe immédiatement amoureux de Macha. Sauf que cette dernière est mariée.
On ne dévoilera pas ici comment l’amoureux transi aura quand même sa chance, on pourra tout au plus ajouter une nouvelle variation du thème de l’absence et de la façon dont on peut gérer ce manque.
Voici donc l‘un des plus beaux romans consacrés à la question de l’identité, à la manière dont on la construit ou dont elle est construite à travers le regard des autres.
http://urlz.fr/4afy

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