Qu'il est bon de se noyer de Cassie Bérard

Qu'il est bon de se noyer de Cassie Bérard

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 24 août 2016 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 5 étoiles
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Noyades dans une ville minière

Je me méfie des romanciers qui ont un doctorat en études littéraires. Leur plume se détourne de la voie du cœur. Ils recourent plutôt à une écriture astiquée dans un incubateur aseptisé. Les personnages ne vivent pas vraiment. Ce sont les rejetons d’une conception clinique. Des robots en somme créés dans des laboratoires romanesques.

Pourtant l’auteure Cassie Bérard tenait un sujet en or dont elle a fait un plaqué du précieux métal. Le roman sent l’esbroufe pour impressionner un lectorat branché. La trame d’origine prévoyait l’arrivée d’une jeune femme venue s’installer dans la maison de ses grands-parents à Asbestos. Elle emménage dans cette ville minière alors que de nombreux enfants s’y noient et que les travailleurs de la mine d’amiante, la seule source d’emplois, s’organisent pour manifester contre sa fermeture.

En fait, c’est un diptyque qui pourrait se présenter comme un polar sur fond d’enjeux sociaux. Toute la population est prise dans une spirale qui la mine pourrait-on dire pour faire un jeu de mots. Elle vit un cauchemar dont elle voudrait se dépêtrer. Elle compte sur l’appui gouvernemental au moment où est promulguée l’interdiction de ce produit toxique, qui a contaminé tous les habitants de la ville. Les poumons de tout un chacun sont atteint d’amiantose. On manifeste dans les rues contre la situation, mais c’est peine perdue. Chacun pense quitter la ville pour celles des alentours comme Warwick, Richmond, Saint-Georges-de-Windsor. Cette problématique occulte les noyades à répétition en faveur de la survie sociale. Seule Jacinthe, l’héroïne du roman, se penche sur le cas. Elle mène un vain combat, car les parents ne réagissent pas à son inquiétude. Derrière les nombreux enfants noyés, ils ne voient pas une main criminelle. Ils s’accusent plutôt de négligence.

On n’accuse personne. Ce sont des adeptes du mea culpa. Un mea culpa qui frise la folie. Personne ne voit de solutions poindre à l’horizon. On s’enlise dans un milieu devenu invivable ou on fuit vers un monde plus viable. Autrement dit, la vie rend fou. C’est à se demander si chacun ne vit pas un cauchemar.

La thématique est intéressante, mais l’auteure a trop voulu séduire le lecteur par la forme. Elle s’adresse ainsi à un public restreint.

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