Chanson douce de Leïla Slimani

Chanson douce de Leïla Slimani

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cristina21, le 18 août 2016 (Inscrite le 7 décembre 2014, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 19 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 328ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Sait-on vraiment à qui l'on confie ses enfants ?

Présentation de l'éditeur
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.


Par sa grande disponibilité, étant à la fois nounou, cuisinière, couturière et femme de ménage, Louise, secrète et un peu mystérieuse, va gagner rapidement l’affection des enfants et surtout se rendre totalement indispensable aux yeux de Myriam et de Paul, parents surbookés. Progressivement, une dépendance mutuelle va s’installer. Au point que la nounou, fragile psychologiquement, ne vivra plus qu’à travers cette famille dont elle souhaite faire partie intégrante jusqu’à vouloir la régenter selon ses désirs… et que le couple se sente piégé.

Dès les premières pages, on se sent happé par cette histoire qui commence par un drame insoutenable. On veut savoir ce qui s’est passé jusqu’à ce jour où tout a basculé et surtout comprendre pourquoi et comment Louise en est venue à commettre cet acte horrible. L’auteure, à travers cette histoire, traite de plusieurs sujets : la dépendance affective, la souffrance psychologique, l’éducation, les rapports patron/employé, les différences sociales et culturelles.

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Violences ancillaires

7 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 22 octobre 2023

Myriam et Paul ont trouvé la nounou parfaite. Rapidement elle dépasse leurs attentes et très largement ses prérogatives. Au point d'en devenir indispensable au bon fonctionnement de la famille. Mais au final qui devient le plus dépendant de l'autre? Et vers quelle folie cette dépendance va-t-elle mener?

Leïla Slimani montre dans un style clair et simple, comment deux mondes de notre société, qui pourtant partagent ce qu'ils ont de plus précieux, des enfants, peuvent partager une telle intimité sans finalement se connaître véritablement? Et comment l'impensable peut surgir là où la violence semble exclue?

J'ai été happé par les premières pages. Et même si mon intérêt a faibli sur la fin, j'ai aimé la façon dont cette histoire est menée, la psychologie des personnages et les zones d'ombre qui persistent.

Références exigées

7 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 28 juillet 2021

Démarrant par une scène telle qu'on en vient immédiatement à espérer qu'elle ne soit, au choix, que la description d'un cauchemar, la description d'une scène d'un film visionné par les personnages principaux ou la description d'un fait divers lu dans le journal par les mêmes personnages principaux, "Chanson Douce" distille, ensuite, un climat d'oppression lente, de plus en plus insidieux.
Un jeune couple mixte (elle est d'origine arabe, lui non) avec deux enfants en bas âge dont un bébé décide d'engager une nounou, car Madame veut reprendre le boulot. Ils engagent Louise, qui a plus de deux fois leur âge, sur une référence d'un ses anciens employeurs. Les enfants l'adorent direct, elle aussi, le couple aussi, surtout qu'en plus d'être sympathique, elle fait de la super bonne cuisine et en fait profiter tout le monde.
Mais petit à petit, la situation va lentement se dégrader. Louise semble ne pas apprécier les moments où on ne fait pas appel à elle (quand la mère du mari débarque, quand la famille va en vacances...), et au fur et à mesure de la lecture, on se rend compte qu'elle possède des failles. Beaucoup.
Je n'ai pas vu le film qui en a été tiré, mais par la magie de la réédition poche avec l'affiche du film dessus, je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer Louise avec le visage de Karin Viard, et Myriam, la jeune mère, avec celui de Leïla Bekhti.
Un roman dont l'intérêt se dilue un petit peu parfois, surtout vers la fin car le lecteur comprend assez vite ce qui va sans doute se passer en conclusion. Mais c'est une lecture facile, peut-être pas plaisante vu le sujet, mais on n'en sort pas totalement indemne.
Qu'il ait obtenu le Goncourt me semble, en revanche, malgré la qualité du livre, un petit peu exagéré, faudrait voir qui il avait en face, ce "Chanson Douce".

Suivi d'un parcours

7 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 14 décembre 2018

Les critiques précédentes font une description satisfaisante de ce livre. Je l'ai lu avec un intérêt soutenu. Pendant la première moitié du livre, il y a une progression de la tension entre la nounou, les enfants et les parents qui est très bien écrite et soutenue par un scénario de belle conception. La seconde partie est plus lâche, même si le drame s'approche. A la fin je n'ai toujours pas compris la ou les raisons de cet assassinat, comme la policière qui attend d'une reconstitution judiciaire un éclaircissement. Je me demande cependant si le fait de commencer le livre par sa fin (l'assassinat) est une bonne idée. Un autre scénario me paraît possible, qui ménagerait un suspense: placer l'assassinat à la fin du récit.

Complètement absorbé

9 étoiles

Critique de Lolo6666 (, Inscrit le 20 août 2009, 51 ans) - 14 septembre 2018

Super moment, trop court. Une belle fluidité. Un roman dynamique où l'auteur se réinvente constamment. L'histoire se prête au huis-clos rébarbatif duquel Leïla Slimani s'extrait incroyablement. J'ai "presque" tout aimé. Tout dévoré serait plus juste.
J'ai accroché dès la première phrase pour n'en décoller qu'au dernier mot.
L'art de rendre une lecture simple et passionnante.
Le style crescendo m'a convaincu d'un dénouement insoupçonnable. Or, ce n'est pas un polar. Pas de péripétie abracadabrante. C'est un cheminement, un itinéraire dans la compréhension. C'est là certainement tout le talent de l'auteur. Et au final tant mieux, même si j'ai accusé le coup en refermant cette œuvre. Sûrement regrettais-je de la terminer tout simplement.

Quel intérêt ?

2 étoiles

Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 49 ans) - 12 avril 2018

Leïla Slimani tombe en 2012 dans les journaux sur un fait divers qui a eu lieu à New York : une nounou dominicaine, une fée du logis sérieuse et aimante, tue les 2 enfants de ses patrons dont elle s'occupe depuis 2 ans.

Et BIM. Au lieu de se transformer en téléfilm de M6 pour les dimanches après-midi pluvieux, ça se transforme en "roman" chez Gallimard à qui on décerne le Goncourt, rien que ça.

Il ne suffit pas de commencer son roman par "Le bébé est mort" pour susciter l’intérêt. Ce livre n'en a aucun, à part celui de se lire facilement. Apparemment, dans les critères actuels, lecture facile rime avec chef-d’œuvre.

Déception

1 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 avril 2018

L’histoire d’un jeune couple qui emploie une nounou pour s’occuper de leurs deux petits enfants. L’importance de cette nounou, Louise, devient presque tentaculaire.
L’auteure a voulu que dès le début on pressente le drame et dans cette optique que l’on suit le déroulement du texte.

J’ai trouvé ce roman décousu, Un Goncourt fade (comme souvent). Pas moyen d’avoir de l’empathie ni pour Louise, ni pour aucun acteur.
Grande déception.

Nounou d'enfer

9 étoiles

Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 18 mars 2018

Dès le début du roman on connaît la fin, et la fin n'est pas belle.
Quand une maman veut reprendre le travail après avoir eu des enfants que fait-elle?
Elle fait appel à une nounou, et quand cette nounou est recommandée par une connaissance on lui fait confiance.
Mais sait-on vraiment qui va s'occuper de nos enfants?
Du suspense jusqu'au bout pour cette histoire qui aurait dû être ordinaire

Cacophonie atroce

6 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 30 décembre 2017

Je suis très étonnée que le prix Goncourt ait été attribué à ce livre. Ce n’est pas vraiment de la littérature, juste un polar bien ficelé. Et encore.. Un polar qui dès la première page nous donne à connaître l’assassinat des deux enfants par Louise, leur nounou.

Donc, dès le début on connait la fin de l’histoire. En principe, on appelle cela « un spoiler » Ensuite, on entre dan le vif du sujet : quand et comment ce jeune couple avocate/manager d’une société musicale décident d’engager une nounou pour leurs deux enfants, Mila et Adam ?

Au début, tout est paradisiaque. Louise, la nounou en fait bien plus que ce qui lui est demandé, elle s’occupe des gosses qui l’adorent dès le premier jour, mais aussi du nettoyage, du rangement, des repas, bref, de tout ce qui s'appelle gérer une maison. Elle accompagne même la famille en vacances en Grèce où le mari, Paul, lui apprendra à nager.

Puis, les enfants grandissent, ils ne regardent plus la nounou avec des yeux aussi émerveillés, ses histoires, ils les ont entendues mille fois, et elle est incapable de se renouveler.. Alors, elle invente un troisième enfant dont elle pourrait s’occuper tout à son aise… Un peu comme ces mères qui veulent à tout prix un nouveau-né qui sera complètement sous leur dépendance, alors que les plus grands commencent à prendre la leur.. Mais le jeune couple, trop occupé par sa vie professionnelle trépidante, n’a pas du tout envie d’en faire un troisième..

Ajoutez à cela l’immense solitude de Louise, la nounou, une vie personnelle inexistante avec un mari irritable et irritant, heureusement décédé, mais qui ne lui a laissé que des dettes, une fille sotte, grosse et laide qui s’est fait la malle, un appartement exigu et merdique dans un quartier mal famé, et vous aurez le cocktail explosif chez cette pauvre Louise, qui préférera assassiner les enfants qui représentent toute sa vie, plutôt que de les perdre.

Empoisonné

3 étoiles

Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 13 décembre 2017

Conte effroyable qui n'a rien d'une chanson douce. On est révulsé par cette nounou d'apocalypse qui sous des dehors de bonne fée domestique, produit dès les premières pages du livre l'irréparable. Ce livre se lit comme une autopsie. Le style est clinique et froid. Est-ce là une métaphore de notre société à la pointe du progrès?

Le clivage entre deux sociétés parallèles: ceux qui se font servir et ceux qui offrent leurs service est marqué comme au fer rouge, avec peu d'espoir d’adoucissement. Peut-être que le fait d'avoir soi-même eu recours à des jeunes files au pair, pour la plupart devenues "amies de la famille" contribue au rejet presque viscéral que nous avons éprouvé pour ce livre profondément empoisonné et vénéneux!

Entre quête et enquête

9 étoiles

Critique de AmaranthMimo (, Inscrite le 25 mai 2013, 33 ans) - 22 octobre 2017

Un récit à la fois terrifiant, rebutant mais dont on a envie de connaître l'ascension de la barbarie.
Dès le début nous savons que nous nous attendons pas à une issue heureuse et petit à petit l'auteur nous glisse des signes qui vont nous montrer cette quête affective, cette quête de confiance qui bascule dans une dépendance, une toute-puissance... Cette bascule n'est pas simple à mesurer et ne se fait pas brutalement, hélas ! Peu à peu, une fois une grande confiance instaurée les ratés arrivent mais cette confiance nous voile les yeux.
Un chouette roman solidement construit avec une finesse sur le portrait psychologique des personnes.

Mélancolie délirante

10 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 24 février 2017

Le deuxième roman de Leïla Slimani, à juste titre couronné du prix Goncourt 2016, est une nouvelle réussite après « Dans le jardin de l’Ogre ». On passe d’un trouble du comportement vers un autre, moins visible, mais plus catastrophique. Ici on tente de décrire les causes d’un drame moins que de détailler l’évènement lui-même qui est d’emblée évoqué sans détail inutile ou malsain.

C’est aussi la narration d’un phénomène de société. Ceux qui accompagnent l’existence de gens normaux à qui la vie ouvre toutes les perspectives de réussite professionnelle. A côté de cette vie trépidante et super active de la classe moyenne, des laissés pour compte, des petites mains subissent de nombreuses frustrations qui, s’ils sont un tant soit peu fragilisés, les poussent à ne plus se comporter de manière rationnelle, jusqu’au drame.

S’agit-il d’une histoire d’aveuglement suite à l’ambition de parents qui n’assument pas leur statut ? S’agit-il d’un pur drame lié à une « mélancolie délirante », comme le souligne l’auteur ?
Mais comme pour « Dans le jardin de l’Ogre », l’auteur s’abstient d’identifier la responsabilité de la suite des évènements. Chacun porte en lui un fardeau et on nous rappelle ce que beaucoup oublient trop souvent, c’est que tout le monde a un rôle à jouer dans la société et qu’il n’y a pas moins de mérite à exercer un métier qu’un autre.

Quoi qu’il en soit, nous sommes face à une écriture au style juste remarquable qui est le vecteur d’une prose originale, profonde et particulièrement parlante.

Nulle part où aller

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 5 février 2017

Cette histoire d'une nounou psychopathe est bien menée. Comment est-ce que cette femme, très à l'aise avec les enfants et qui était parfaite comme nounou en vient-elle à tuer les enfants sous sa garde (ce que le lecteur sait d'emblée) ? Elle n'avait rien d'autre, nulle part où aller, elle ne supportait-elle pas l'idée de perdre son travail une fois que les enfants seraient plus grands : mais est-ce suffisant ?

Le roman décrit bien les relations entre les parents, employeurs, et la nounou trop dépendante d'eux et incapable d'assumer sa vie hors de son boulot. Un bon moment de lecture.

Une nounou se tue au travail, mais … tue également !

7 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 88 ans) - 12 décembre 2016

Quand la nounou a choisi de ne vivre qu’au travers des deux enfants dont elle a la garde, la famille qui l’accueille devient son cocon et le siège de ses rêves inaboutis.

En effet, et malgré son immense vacuité psychologique, Louise rassemble ses énergies pour s’investir tout entière auprès de Paul et Myriam, et s’occuper avec un dévouement exemplaire de leurs deux petits enfants, Mila et Adam.

Lorsqu'il apparaît toutefois que le couple, aux prises avec une vie professionnelle dévorante, renonce à faire un troisième enfant, ce qui, au sein de sa famille d’adoption sécuriserait l’avenir de Louise, celle-ci perd soudain ses repères et verse dans la folie meurtrière.

Ce scénario est-il convaincant ? Toujours est-il que l’ouvrage se lit d’une traite, tout en livrant quelques phrases bien tournées, telles que : « A présent, quand l’une ouvre la porte, l’autre la referme derrière elle. Elles se retrouvent de plus en plus rarement ensemble dans la même pièce et exécutent une savante chorégraphie de l’évitement. »

Oui, un bon roman. Mais … le Goncourt ?

Entre facilité et déchargement

9 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 7 décembre 2016

Myriam et Paul ont trouvé la perle rare pour s'occuper de leurs deux bambins afin que Myriam puisse travailler et surtout sortir de chez elle et de son rôle trop prenant de mère. Louise est une Française de souche, parfaite ménagère, parfaite cuisinière, toujours maîtresse d'elle-même, la patience incarnée vis-à-vis des enfants, entièrement dévouée à son travail. Parfaite, trop peut-être ?
L'auteur décrit le dilemme des parents qui veulent confier leurs enfants à une personne de "confiance", quelqu'un de dévoué à l'extrême tout en gardant une juste distance, mais où se situe la frontière ? Elle dissèque le dilemme des nounous qui élèvent mieux les enfants qui leur sont confiés que les leurs. Avec beaucoup de justesse, Leïla Slimani inspecte à la loupe la jalousie entre parents et nounous, leurs luttes d'influence.

Prix Goncourt 2016

7 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 1 décembre 2016

Louise était parfaite : une nounou parfaite, une cuisinière parfaite, une ménagère parfaite. Tellement parfaite que Myriam et Paul sont d'emblée sous le charme, et que les enfants l'adorent.
Ce qui permet aux parents d'oublier un peu leur rôle, de privilégier leur vie professionnelle et sociale. Un phénomène bien actuel, et dont on ne mesure pas toujours les conséquences.
Ici, elles seront terribles, puisque Louise, dans sa folie, va tuer les enfants, ce qui nous est précisé dès les premières lignes du roman.
Les rapports entre Louise et le couple de dégradent progressivement. Mais la force de l'habitude, le confort d'une situation établie font que jamais la prise de conscience du danger ne fera prévenir le drame.
Le caractère, certes excessif, des situations présentées ici nous amène à réfléchir à nos propres vies, aux dérèglements d'une société qui détruit l'individu et où notre passivité, notre manque de réactivité, peuvent nous conduire sur un chemin périlleux d'où tout retour en arrière est impossible.

« Tu vas travailler, je veux bien, mais comment on fait pour les enfants ? »

9 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 18 novembre 2016

« Chanson douce » pour moi, c’est aussi l’envahissement de la vie privée par la vie professionnelle (même sans enfants, quel temps personnel resterait-il à Myriam et Paul?) et la possibilité de carrière de Myriam.
Tant que sera valorisé le travail au-delà du raisonnable, tant que s’occuper des enfants au quotidien sera « pour les femmes »,…

Paul
« Il était sûr de travailler pour deux »
« Mais je ne savais pas que tu avais envie de travailler »
« Quand Myriam est tombée enceinte, il était fou de joie, mais il prévenait ses amis qu'il ne voulait pas que sa vie change. »

Myriam
« Elle avait toujours refusé l’idée que ses enfants puissent être une entrave à sa réussite, à sa liberté. Comme une ancre qui entraîne vers le fond, qui tire le visage du noyé dans la boue. Cette prise de conscience l’a plongée au début dans une profonde tristesse. Elle trouvait cela injuste, terriblement frustrant. Elle s’était rendu compte qu’elle ne pourrait plus jamais vivre sans avoir le sentiment d’être incomplète, de faire mal les choses, de sacrifier un pan de sa vie au profit de l’autre. »

Myriam et Paul
« La vie est devenue une succession de tâches, d’engagements à remplir, de rendez-vous à ne pas manquer. Myriam et Paul sont débordés. Ils aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant-coureur de la réussite. Leur vie déborde, il y a à peine de la place pour le sommeil, aucune pour la contemplation. »

Louise, la nounou, devient complètement dépendante de Myriam et Paul et n’envisagera même pas de changer d’employeur pour garder d’autres enfants. Myriam et Paul sont devenus dépendants de Louise…
« Bien sûr, il suffirait d'y mettre fin, de tout arrêter là. Mais Louise a les clés de chez eux, elle sait tout, elle s'est incrustée dans leur vie si profondément qu'elle semble maintenant impossible à déloger. »

L'Autre : mystère insondé...et insondable

8 étoiles

Critique de Miss Tigrette (, Inscrite le 18 novembre 2010, 81 ans) - 8 novembre 2016

Tout ou presque est dit dans les excellentes critiques ci-dessus.

Je souligne simplement qu'il s'agit d'un drame de la solitude extrême (la nounou) et de l'indifférence (des employeurs), cf la scène où, en voiture, ils la voient passer dans la rue, presque étonnés qu'elle puisse avoir une existence en dehors d'eux, existence sur laquelle ils ne se posent jamais de questions.

Par ailleurs, que dire de toutes ces pages blanches qui terminent le livre ? (au point que j'ai d'abord cru à un raté de l'éditeur...)
A mon sens, il s'agit du meurtre que l'auteur ne veut pas raconter ; elle commence par juste après (chap.1) et termine par juste avant. Et cela traduit peut-être aussi l'impossibilité où l'on se trouve d'imaginer ce qui se passe dans la tête d'une telle meurtrière, au moment du passage à l'acte...

En revanche, le "style" de l'auteur ne m'a pas éblouie : ignorer la subordination est une recette un peu facile et largement exploitée déjà...

Méfiez-vous des apparences ...

8 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 25 septembre 2016

Dès le commencement, on se sent happé par le style de Leïla Slimani qui maîtrise parfaitement sa trame narrative. Elle nous annonce d’emblée le meurtre de deux enfants par leur nounou d’apparence parfaite, pour revenir ensuite dans le passé et révéler comment cela a pu se produire. On saisit au fur et à mesure de la lecture certains indices troublants sur Louise, son passé, son quotidien morose, ses humiliations, sa solitude.
Et puis il y a aussi d’un autre côté le train-train quotidien de la maman, le refus de tomber dans une routine et de n’avoir plus qu’à s’occuper des enfants et du ménage – un aspect qui m’a rappelé "La condition pavillonnaire" et le « malaise » que certaines femmes ressentent en tant que femmes au foyer.
Alors, petit à petit on reprend une vie sociale, on se décharge, on laisse la nounou s’installer, préparer à manger, accomplir les tâches domestiques. Et s’immiscer dans sa famille au point de partir en vacances ensemble, rester parfois dormir. La frontière invisible amie-employée entre la baby sitter et la maman est si ténue que les limites ont largement été dépassées et qu’un retour en arrière n’est plus envisageable. Pas dans ce récit en tout cas, inspiré d’un fait divers. Une histoire glaçante qui n’est peut-être pas conseillée aux futures mamans désireuses de confier leur progéniture à un inconnu et contée avec un tel talent qu’on y croirait presque.

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  Histoire d'un drame 1 Stradivarius 27 décembre 2016 @ 16:55

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