Un verger sous les etoiles de Lorenzo Cecchi

Un verger sous les etoiles de Lorenzo Cecchi

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Zoom, le 6 août 2016 (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 295ème position).
Visites : 4 474 

distrayant, prenant, tendre et gai!

Vincent Verdier , écrivain en mal d'écriture, échoue à Fond des Loups, dans une petite pension aussi accueillante que sa tenancière. Il y découvre progressivement un petit monde très particulier qui ne vit pas comme tout le monde.... Il va y vivre une belle remise en question de sa vie.
Non loin de là, à Saint Jean-Le-Décollé, la crypte de l'Eglise est devenue un musée aux momies, chéries par Joseph Leduc qui en fait la visite guidée.
Ces momies ont été particulièrement bien conservées grâce à un champignon qui aspire l'eau des cadavres tout en les protégeant des bactéries....
Sont-elles mortes, sont-elles vivantes ? En tout cas , elles communiquent entre elles....; Vincent croit les entendre parler.... rêve-t-il?
Ce roman est plein de surprises, tant par la curieuse histoire des momies que par la communauté , où règnent 4 femmes seules mais non solitaires, dans laquelle Vincent va faire un sacré parcours initiatique et remettre sa vie en question.
Ce livre est réjouissant, distrayant, original, mais pas seulement. L'histoire des momies est un prétexte à une quête de vie meilleure.
Pendant ce temps, l'éditeur de Vincent attend son livre et s'occupe de sa femme (celle de Vincent!).
Et les momies, veulent-elles vivre ou mourir???

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Façons de vivre et de mourir

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 8 mars 2019

Ce roman de Lorenzo Cecchi met en scène deux communautés : celle des squelettes et momies du musée jouxtant l’église de Saint-Jean-Le-Décollé de Rombelle et celle réunissant quatre veuves de Fond des Loups, un hameau proche, dont les maris ont été abattus par un bistrotier-braconnier alcoolique, et Frédéric, le fils du meurtrier, qui en seul mâle restant exerce en son sein une fonction singulière.

Même si les deux communautés ont comme dénominateur commun la mort, la première aspire au trépas définitif de ses membres alors que l’autre demeure animée, après le drame collectif qu’elle a vécu, d’un extraordinaire élan vital.

Le lien sera évidemment assuré par un écrivain qui, par définition, est l’individu qui unit les forces de l’esprit aux puissances de la nature, les outils de l’imaginaire à la matière du réel, la terre des vergers au ciel des étoiles.

Notre écrivain s’appelle Vincent Verdier, il est en panne d’écriture, harcelé par son éditeur pour terminer un nouveau roman, et son couple bat de l’aile… Il va voir en Frédéric, qui a a repris le bistrot familial et souffert, comme lui, de ses relations avec un père toxique, la figure d’un frère.

Verdier trouvera en Jeanne, la gérante de la pension où il séjourne, écoute et regain de sa libido (ce qui nous vaut une scène d’une rare intensité érotique), de quoi remettre en branle la machine d’écriture et trouver l’énergie propre à agir sur les êtres et les choses.
De son aventure, il tirera un roman (inspiré d’un titre de Jim Harrison), De Fond des Loups à Rombelle, qui n’est pas celui qu’on lit car il y a mise en abyme, jeu subtil sur le réel et la fiction.
Au dispositif narratif qui fait la part belle aux qualités de conteur de Cecchi, s’ajoute, comme toujours chez lui, la justesse d’écriture.

Ils ne sont pas si courants, les écrivains, dont on savoure toutes les phrases, chaque vocable posé. Et on se rappelle que Lorenzo Cecchi est aussi musicien : il joue chaque mot comme une note qui trouve place dans la mélodie de la phrase sans oublier la mise en correspondance des diverses sections ni l’harmonisation des voix en présence, tout cela sur un tempo bien mené.

On retrouve dans ce texte les thèmes qui irriguent les précédents ouvrages de Cecchi, liés à l’exil et à l’utopie, au déplacement des personnes (jusque dans la mort), la difficulté de s’intégrer à la société comme les façons de l’habiter autrement.

Un plaisir de lecture qui s’augmente d’une réflexion sur les forces funestes à l’œuvre dans l’existence et les ressources que la confrontation avec la mort permet, le tout visant à une sagesse de vie qui fait aussi bien penser à Sénèque qu’à Spinoza.

Plus d’une raison donc qui engagent à ne pas laisser filer ce livre précieux, à la couverture bleu nuit, qui sonde les tréfonds de l’âme humaine sans y avoir séjourné au moins le temps d’une lecture tonique.

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