En l'absence de Blanca de Antonio Muñoz Molina
( En ausencia de Blanca)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Qui est cette femme ?
Mario ouvre la porte de son appartement, après son travail, et regarde la femme marcher vers lui. Elle marche comme Blanca, elle sourit comme Blanca, elle a l’allure de Blanca, les cheveux de Blanca et l’odeur de Blanca. Mais…
Retour en arrière. Mario est un petit fonctionnaire, dessinateur à la région de Jaen, un fils de paysan qui est monté à la ville. N’ayant pas trop d’ambition, il voulait d’abord être architecte mais s’est contenté de ses études de dessinateur.
Comme beaucoup, il connaissait une jeune fille depuis son adolescence et s’était fiancé avec elle. Mais elle a rompu, prétendant être amoureuse d’un autre. Il ne se fait pas d’illusion, il n’existait pas d’autre, mais tout simplement elle avait rompu « … de ces fiançailles où le futur est plus invariable que le passé » Il se dit qu’ils auraient été voués à « … l’ennuyeuse tristesse des promenades dominicales avec ou sans voiture d’enfant, le doux abrutissement familial, si semblable à la somnolence qui suit un déjeuner. »
Oui, Mario a le caractère solide des paysans, mais il est aussi sans aucune fantaisie. Avec lui la vie est tracée et le futur se devine. Et voilà qu’un jour Mario rencontre, tout à fait par hasard, une jeune femme superbe, mais dans un état de délabrement terrible. L’alcool, la drogue et les médicaments en ont fait un débris bien proche de la fin. Il la porte et la ramène chez elle. Commence alors pour lui un lent travail de dévouement et de reconstruction de cet être qu’il aime sans oser le dire.
Blanca est l’opposée de lui. Elle est la fille d’une grande famille bourgeoise de Malaga mais refuse l’aide de celle-ci. Elle ne pense que grande musique, opéra, art, peinture, cinéma français etc. Lui, le fils de paysan ne comprend rien à tout cela et ne comprend même pas le langage utilisé pour en parler. Blanca va cependant pousser Mario et ils se marient. Amour ? Reconnaissance ?…
Il nage dans un bonheur auquel il n’osait pas rêver mais se sent aussi toujours inférieur à Blanca et donc toujours en danger. Ces sentiments ne font d’ailleurs qu’exacerber son amour.
Chaque artiste qui passe à Jaen est un danger pour lui, car Blanca s’enflamme, adopte de nouvelles passions et de nouvelles langues suivant celui qui s’intéresse à elle. Elle est faite pour la vie à Grenade ou à Madrid mais pas dans ce trou sans culture.
Que va devenir cette union de deux êtres aussi contraires ? Et qui est cette femme qu’il voit dans son appartement ? Blanca, oui, pour beaucoup de choses, mais pas Blanca pour de nombreux autres petits détails.
Un livre qui se lit avec énormément de plaisir. L’auteur ficelle très bien son histoire en utilisant de temps à autre le flash-back Ceux-ci nous permettent de savoir ce qui s’est passé, comment Mario et Blanca sont et pensent.
L’écriture d’Antonio Munoz Molina est belle et précise et il entre très bien dans ses personnages. Comme pour ses autres livres : à lire !
Les éditions
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En l'absence de Blanca [Texte imprimé], roman Antonio Muñoz Molina trad. de l'espagnol par Philippe Bataillon
de Muñoz Molina, Antonio Bataillon, Philippe (Traducteur)
Seuil
ISBN : 9782020562515 ; 13,20 € ; 28/01/2004 ; 128 p. ; Broché -
En l'absence de Blanca
de Muñoz Molina, Antonio
Seuil / Points
ISBN : 9782020849524 ; 5,60 € ; 09/02/2006 ; 126 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Addiction sentimentale
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 16 septembre 2011
Une jolie histoire d’amour sans espoir, comme toujours très bien écrite par Molina, et très bien construite, mais qui se cherche et hésite entre roman court et longue nouvelle (le livre fait 120 pages).
Une histoire simple
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 12 août 2005
A mesure qu’on avance dans le récit, dans l’histoire de leur couple, on découvre leur rencontre, l’avant de leur rencontre. Un finale qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et traduit formidablement le caractère impermanent de toute relation.
C’est écrit dans un sytle fluide qui nous plonge comme si de rien n’était au cœur de l’intimité des personnages. Un bonheur!
magnifique roman d'amour..
Critique de Balamento (, Inscrit le 7 août 2004, 60 ans) - 29 août 2004
S'aimer à en souffrir
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 26 août 2004
Il est arrivé dans la presse que l'on compare cet texte de Muñoz Molina à "Madame Bovary". Le rapprochement n'est pas tout à fait faux. On y trouve une jeune homme d'origine modeste qui aide une femme à retrouver son équilibre et la marie. On y trouve une femme qui s'ennuie et a besoin d'être aimée et consolée. L'un est dépendant de l'autre, une véritable dévotion-passion s'installe entre les deux protagonistes à la limite parfois de l'étouffement.
Antonio Muñoz Molina transcrit à merveille cette relation entre deux êtres tourmentés qui, tentant de se renforcer mutuellement, finissent par se fragiliser davantage. Le vocabulaire utilisé par l'auteur pour décrire les états d'âme, la force de l'amour ou la puissance d'une passion destructrice est un véritable régal de détail et de précision.
Le talent de l'auteur évite ainsi que ce roman ne s'englue dans une idée de relation connue et déjà traitée par d'autres écrivains, c'est là toute la force de Muñoz Molina qui s'en sort très bien, maniant comme un ténor perversité et sensibilité.
Merci Jules ! J'ai lu ce roman suite à votre critique .....
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 27 mars 2004
Mario est un employé modèle, fonctionnaire ponctuel, fils de paysans, il vit un appartement cossu dans la petite ville de Jaen. Blanca appartient à la classe supérieure, bourgeoise et cultivée. Leur rencontre, improbable, survient un soir de sortie dans un bar: la jeune femme est désoeuvrée, encore écorchée par une violente relation qu'elle termine avec un type, genre artiste maudit.
Mais tout ça, le narrateur nous l'apprend progressivement car son histoire commence avec "la femme qui n'est pas Blanca" mais porte son chemisier de soie verte, ses jeans ajustés et ses chaussures à talons plats. Cette femme qui n'est pas Blanca a les mêmes gestes qu'elle : les poses, la façon de fumer sa cigarette, les chastes baisers qu'elle donne, les regards... Qui est cette imposteuse ?
Et qui est Blanca, d'abord ? On devine l'importance de cette femme, l'importance dans la vie de l'homme qui parle au lecteur. Une femme qu'il a rencontrée, aimée peu à peu, épousée pendant sept ans, puis perdue. Un amour dévastateur, omniscient et désespéré.
Mario raconte son amour. Comment le refus d'aller à une exposition sur Frida Khalo a bouleversé son épouse, laquelle a oublié cette escapade en parlant d'un travail qu'on lui proposait... et d'abord soulagé de la crise passée, l'homme se rendra compte trop tard de ce que cela cachait. Et donc à reculons, Mario remonte sa relation jusqu'à la rencontre, le passé de la jeune femme meurtrie par une aventure malsaine. Il remonte le cours du chapitre de sa vie auprès de Blanca, car celle-ci est partie. On le sait, on le devine. On découvre pourquoi peu à peu.
"Quelle présomption d'avoir tenu l'amour de Blanca pour assuré, quel aveuglement insensé d'avoir pu croire que le danger n'existait plus, que leur vie commune allait se perpétuer, toujours sereine, comme se perpétue votre travail lorsque vous avez réussi un concours. L'accusation indirecte de Blanca était peut-être justifiée: lui, Mario, s'était transformé en un fonctionnaire mental, avait pensé que se marier était comme décrocher un poste de titulaire, comme cet emploi de dessinateur qu’il occupait au Conseil général où il accumulait peu à peu expérience, routine et triennats."
"En l'absence de Blanca" parle d'un amour fini, parle d'une histoire entre deux personnes, opposées. Et ces oppositions sillonnent le récit et mènent à la conclusion fatale: deux personnes différentes ne font pas forcément bon ménage...
Magnifique roman. Magnifique surtout par l'écriture très stylisée de l'auteur, une plume élégante et poétique. Un vrai régal.
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Merci Jules | 2 | Clarabel | 23 mars 2004 @ 09:02 |