Le couperet de Donald Westlake

Le couperet de Donald Westlake
( The ax)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 8 mars 2004 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 706ème position).
Visites : 7 526  (depuis Novembre 2007)

Prix 813 et prix mystère de la critique

Un polar différent. L'histoire d'un homme largué par la papeterie où il a travaillé toute sa vie et qui décide de retrouver un emploi dans son domaine, à n'importe quel prix, même s'il doit tuer pour arriver à ses fins.

La plume du vétéran Westlake est claire, fine et envoûtante au début de son roman où l'on suit les aléas du tueur plutôt que du policier. Mais bientôt, la cadence s'épuise et le propos devient redondant nous donnant l'impression de tourner en rond. Il y a bien quelques moments de suspense très forts. Pas assez pour rendre le récit passionnant et la fin subite et anti-climatique manque sérieusement de cet éclat de génie qui aurait pu faire oublier qu'il s'agit au fond, d'un polar moyen.

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Acéré

6 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 9 octobre 2011

Au contraire de l'ambiance classique du polar et de son détective privé - cigarettes - whisky - blondes inaccessibles (du moins pour tout habitant de la planète Terre), Westlake, en optant pour un ton imprégné de ce fameux bon sens populaire mais secret, se venge selon toute apparence de tout un style, en nous contant au demeurant le récit de ce cadre médiocre au box froid, aux collègues parlant fort principalement parce qu'ils n'ont rien à dire, aux courbes graphiques aiguës, et dans l'obligation de monter un cruel plan pour survivre et conserver son job.

Un criminel en col blanc, rarement blâmé, osant se plaindre de sa condition, qui nous saisira d'emblée par sa justesse d'esprit et dont son aspect final de fatal prédateur pourra, de fait, alarmer tout individu normal. En quelque sorte la folie ordinaire pas toujours remarquée d'un employé; harcelé par des directeurs de ressources humaines - sans doute - bien plus abominables.

Somme toute, la séduisante signature d'un auteur à l'écriture plébéienne, si ce n'est complaisante, et puis distillée entre les lignes.

Dégage, on dégraisse....

8 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 8 octobre 2011

Un bon père de famille perd son emploi.
Victime d'un dégraissage dans l'industrie du papier, secteur dans lequel il a fait toute sa carrière et était cadre supérieur.

Dégraissage : l'un de mots les plus horribles lorsqu'il sert à désigner la réduction de la masse salariale par le licenciement de collaborateurs qui n'ont pourtant en rien démérité dans leur travail.
La violence de ce mot et de la pratique qu'il décrit est telle qu'il ne peut qu'engendrer la violence.
Celle utilisée par Burke est assez inattendue. Mais puisque son estime de soi, son équilibre et celui de sa famille est en jeu, il va développer ce plan machiavélique qui, il espère, le réhabilitera dans le rôle de soutien qu'il sent à son grand désespoir avoir perdu auprès des siens.

En mettant ce plan à exécution, il estime faire un sale boulot, mais un boulot nécessaire.
Tout en éprouvant de l'irritation voire de la jalousie face au CV de certaines de ses victimes, il éprouve de la compassion voire de la sympathie pour ces gens qui ont en commun avec lui d'avoir vécu les mêmes affres de la relégation professionnelle et sociale.

La logique de compétition entre individus ici poussé à l'extrême, ne manque pas de faire réfléchir par le biais de ce polar de très bonne facture. Donald Weslake aborde le problème du chômage et son cortège de conséquences désastreuses d'une manière pour le moins originale.

Manger ou être mangé

7 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 13 juin 2011

Je viens de finir le livre après avoir vu le film il y a quelques années. On reste marqué par l'idée effrayante de Burke, ce bon père de famille qui, après avoir subi un licenciement après vingt-cinq ans de bons et loyaux services dans une entreprise papetière, désespère de retrouver un emploi à son âge. Lui vient alors cette terrifiante idée: éliminer tous les candidats potentiels au même poste que lui dans un rayon de 100 kilomètres à la ronde.
Ce qui me reste à la lecture de ce livre est le calme avec lequel Burke exerce sa mission. Bien que se rendant compte de l'horreur de ses actes, ce père de famille a une faculté d'oubli assez incroyable. Pour lui, c'est la loi de la jungle. C'est manger ou être mangé.
Avec ce roman terrifiant, Donald Westlake fait le procès du monde du travail actuel de manière assez féroce.

pas vu, pas pris...

7 étoiles

Critique de Sincou (, Inscrit le 24 avril 2010, 43 ans) - 19 juin 2010

Le travail, l'argent, la famille. Grands fondements de notre société. Notre héros est dans le creux de la vague. Comment retrouver un travail ou plutôt "son métier" à son âge (cinquantaine). La fin justifie-t-elle les moyens ?
Un polar original où l'on suit l'évolution du plan de notre héros, apprenti tueur. Des scènes palpitantes, une montée en pression dopante et enivrante. Malheureusement, un schéma trop répétitif et quelques longueurs descriptives pesantes plombent un peu l'ensemble.

Un couperet émoussé.

4 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 11 janvier 2010

Si l'idée de départ est assez bonne, le roman lui, est loin d'être aussi bon. Il est carrément moyen. Certes, la frénésie d'un homme prêt à beaucoup de choses pour ne pas être banni de la société à cause de la perte de l'emploi est un angle de vue intéressant. Cependant le déroulement du roman est sans intérêt aucun. La redondance des éliminations des concurrents, les relations intra familiales, les questionnements du héros sont loin d'être aussi pertinents. En fait un roman sans envergure, alors que le sujet offre des possibilités infinies. La psychologie est absente, et puis cette facilité dans la commission des meurtres et l'impuissance de la police m'a gêné. J'ai tellement été déçu par le livre qui je n'ai pas envie de voir le film, c'est dire. Je m'attendais à vraiment mieux de Westlake, il ne m'a pas convaincu avec ce livre.

Excellente idée pour livre excellent

9 étoiles

Critique de Jb084 (, Inscrit le 30 octobre 2005, 39 ans) - 30 octobre 2005

J'ai adoré ce livre.

Les sentiments du héros sont tellements bien décrits, et surtout tellement dérangeants (notamment le sentiment de culpabilité et de responsabilité) que ce roman en devient inquiétant.

Il s'éloigne d'un roman noir classique, de part son point de vue et de son déroulement.

Un roman vraiment dépaysant, dont l'adaptation au cinéma est réussie, même si, comme d'habitude, elle reste loin de sa source papier.

Socialement terrifiant

9 étoiles

Critique de Nirvana (Bruxelles, Inscrite le 7 avril 2004, 51 ans) - 7 juillet 2005

J'ai beaucoup aimé ce polar noir, social qui traite d'un sujet hélas si actuel, avec une victime de licenciement qui décide un beau jour de retrouver du travail d'une manière...hum...originale et amorale. On assiste donc à la transformation d'un père de famille banal qui se débat dans un mariage qui commence à se ressentir de son chômage prolongé, en un tueur en série , qui "débute" dans le crime, s'améliore et y développe son sens de la réflexion.
Une manière féroce de décrire les travers du monde du travail actuel, qui sous couvert de redistribuer des bénéfices substantiels à ses actionnaires, n'hésite pas à licencier son personnel sans se soucier réellement de sa réinsertion et de son avenir, des vies étant dès lors totalement détruites....
Et la fin est délicieusement amorale, car Westlake a le talent de nous faire aimer et adhérer au comportement de son anti-héros.
C'est un polar que je pourrais aussi conseiller au non amateur du genre, de par son originalité.

La fin justifie les moyens

8 étoiles

Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 15 mai 2005

Un roman qui nous bouleverse et nous remue.

Comment l'injustice d'un licenciement immérité peut détruire lentement un homme et sa famille.

Comment cet homme trouve une réaction possible qui est encore plus inhumaine que ce qu'il subit.

Comment cette réaction le fait revivre...


la force d'une idée

8 étoiles

Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 8 mars 2005

Excellent roman !

Un cadre licencié compte retrouver un job en éliminant ses concurrents sur le marché du travail (plus pratique que de dégommer actionnaires et conseils d'administration même si ce sont eux les vrais responsables du dégraissage et des délocalisations).

Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est que Westlake se contente de tirer sur le fil d'une seule idée et qu'il pond 300 pages sans se forcer. C'est la preuve que l'idée était excellente, tellement excellente qu'elle est maintenant déclinée en film. Tellement excellente qu'on aurait peut-être espéré que ça continue (en effet la fin en pointillé laisse un peu sur sa faim).

Autre excellente idée : faire vivre l'histoire par les yeux du tueur-chômeur lui-même, ce qui permet au roman de s'éloigner du roman noir classique. Et puis les scènes de meurtres sont décrites avec suffisamment de retenue pour que le lecteur en soit choqué, mais pas trop, au point qu'il peut se sentir choqué de ne pas être choqué.

Et puis l'histoire contient quelques remarques bien senties sur le monde moderne, le monde où "la fin justifie les moyens". Et la description des effets du chômage sur les relations au sein d'une famille sont d'une finesse assez remarquable.

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