Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau

Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lolita, le 5 mars 2004 (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans)
La note : 3 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 144ème position).
Visites : 8 729  (depuis Novembre 2007)

J.J. Rousseau : juste quelqu'un de bien

Ces Rêveries ont une forte ressemblance avec les Confessions, si ce n'est que le ton est plus aigri (certainement dû à son âge avancé). La différence apparaît immédiatement au lecteur. En effet, Rousseau annonce tout de suite qu'il n'écrit pas ces Rêveries dans le but de se défendre (comme il l'avait fait pour les Confessions) mais seulement pour lui, pour avoir le plaisir de se relire. Le lecteur s’attend alors à des promenades exquises dans la nature (n'oublions pas que Rousseau est un fervent défenseur de l'homme naturel) où Rousseau méditerait à loisir.. Mais il en est tout autre. Rousseau ne cesse de revenir sur la méchanceté de ses contemporains, leur ignominie, les affronts qu'ils lui font... Rousseau se pose perpétuellement en victime. Certes, le lecteur veut bien croire que Rousseau possède un bon naturel, n'a jamais nui à quiconque... Mais au lieu de nous rapporter éventuellement des faits qui nous auraient démontré son innocence : il ne fait rien de cela, radotant sans cesse sur son malheur. Il dit avoir trouvé la sérénité : pourquoi alors faire revenir à la surface ces histoires anciennes, maintenant qu'il est à l'écart des autres? Pourquoi essayer de démontrer avec de menus exemples qu'il a fait des choses bien dans sa vie? Là encore, on a le sentiment qu'il cherche à se justifier, se défendre... pourtant ce n'était pas le but premier... résultat les 10 promenades ne sont guère différentes les unes des autres. On peut dire que 90% de l'oeuvre est consacrée à s’apitoyer sur son sort et 20% consacrée à la botanique, sa passion.
Seul point positif : les annexes qui regroupent certaines de ses lettres qui sont assez intéressantes comparée à l'oeuvre elle-même.

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Long

8 étoiles

Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 53 ans) - 6 août 2017

C'est vraiment le long fleuve tranquille. Le quinquagénaire et rentier se promène dans les villages et dans la campagne et réfléchit quant à l'existence humaine. Sur l'île Saint-Pierre, il estime cette île être son lieu idéal de vie, mais à condition d'y vivre seul, facile ; il faut donc tout simplement supprimer l'hôtel restaurant. Plus tard il grimpe dans le val de travers, là c'est un riche neuchâtelois qui lui prête sa résidence secondaire. Le village de Môtiers, à l'époque, est le village de week-end pour les nobles neuchâtelois, elle est composée d'une belle rue avec des fontaines et de belles fermes traditionnelles. Au bout il y a la forêt, une rivière et une cascade, de quoi rester tranquille et écrire. Il descend aussi les gorges de l'Areuse et en bas à Boudry, il rencontre un italien, qui était en vérité un escroc, il travaille pour lui durant plusieurs mois comme traducteur et visite le sud de l'Allemagne. Ce qui est dommage, Rousseau n'explique pas la vie d'antan, sa bourse il ne la connaît pas et les voyages il ne les explique pas, il marchait apparemment, mais combien de kilomètres par jours, à l'époque c'était trente kilomètres par jour. Mais il n'explique rien, il parle du monde en général et de la psychologie de ses amis et amies, mais pour le reste les anecdotes et les détails sont mal dirigés. Dans le village de Bourdy, Rousseau quinquagénaire aurait pu rencontrer Jean-Paul Marat, il avait dix ans à l'époque et aurait pu jouer dans l'unique rue du village, vue qu'il est né là et a grandi à Boudry. Jean-Paul Marat ne se souvient pas de lui, il ne l'évoque pas dans son journal, enfin un détail.

Toutes les promenades ne se valent pas

6 étoiles

Critique de Tetef (Tarare, Inscrit le 24 février 2013, 50 ans) - 11 novembre 2015

A retenir : la cinquième et surtout la sixième promenade.

Pour le reste, on sent qu'il ne vit pas bien sa solitude et l'auteur se sent obligé d'écrire pour partager sa vie d’ermite ou plutôt avec le lecteur. En conclusion, il n'est pas possible pour lui de se passer définitivement d'autrui. C'est plus simple lorsqu'il s'agit d'un lecteur avec lequel il ne dialoguera pas... Un bon moyen de ne pas être contrarié.

Introspection

7 étoiles

Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 3 juin 2014

L'isolement, pour ne pas succomber à la haine. C'est le choix déclaré de J.J. Rousseau, sa justification quant à son choix de vivre à l'écart des hommes. Pour lui il n'est pas question de misanthropie ni de quelconque démarche asociale mais bien de vivre retiré afin que la haine des autres envers lui ne l'amène au mépris de ces individus.
On touche là à l'élément qui pourra rendre la lecture détestable à ceux qui avaient déjà trouvé cela dans Les Confessions : la théorie du complot. Rabâchée sans cesse, sorte de paranoïa qui obsède sans arrêt l'auteur de l’Émile, cette possible vue de l'esprit finira par lasser les plus patients.

Pourtant au-delà de cet agaçant motif, il y a bien une œuvre littéraire intéressante, parfois philosophique, parfois poétique. Rousseau y livre ses pensées à travers différentes promenades dans lesquelles il réfléchit de manière construite et stimulante, s'appuyant sur des souvenirs quasi anecdotiques et sur sa nouvelle passion la botanique.
Après s'être expliqué sur les causes de sa nouvelle condition et sur ce qui l'a amené à écrire, l'auteur nous apprend aussi qu'il écrit ce livre pour lui-même, ayant dans son esprit terminé sa carrière littéraire qu'il semble regretter d'avoir entamé. Encore une fois on n'est pas obligé de le croire mais l'important n'est pas là.

Car l'on a la chance de découvrir de belles réflexions philosophiques sur le mensonge, son utilité, sa nature même, sur le bonheur, son inspiration, sa brièveté, sur l'oisiveté et la liberté.
Rousseau démontre l'importance du cadre naturel sur sa propension à rêver même si la condition n'est pas sine qua non, et ces rêveries lui permettent, couplées à son inactivité (au sens professionnel) et à son goût de la botanique, de concevoir une liberté dans la solitude, un échappatoire au dénigrement et au regard biaisé des autres.
Cet isolement le pousse à l'introspection et ce cher Jean Jacques se veut alors disciple du fameux "Connais-toi toi même", chose loin d'être aisée mais essentielle au bien-être de l'humain.

Au final on peut trouver dommage que Rousseau insiste trop souvent sur les causes de sa solitude (les conspirateurs) car les conséquences sont, elles, bien productives et par moment délectables. On arrive à ressentir le poids de l'isolement, ces bienfaits, mais aussi les regrets qu'il entraîne ; on profite de remarques, des réflexions de Rousseau qui peut se montrer brillant philosophe par intermittence, et l'on peut aussi ressentir de l'empathie pour cet être bien seul.
Chaque lecteur aura donc sûrement sa vision de cette œuvre, selon l'importance accordée à la personnalité de l'auteur, selon l'intérêt qu'il portera aux travaux intellectuels de Rousseau et selon son état d'esprit (les solitaires apprécieront bien des points de ce recueil de pensées). Quoi qu'il en soit l'écriture reste la plupart du temps remarquable et le style appréciable.

Et puis un titre pareil est déjà une invitation à la lecture et à la pensée. Aux rêveries...

Pour ceux qui apprécient les récits autobiographiques de Rousseau

9 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 28 août 2013

Juste après avoir achevé la relecture des Confessions, je n’ai pas résisté à la tentation de retrouver l’éloquence des récits autobiographiques de Rousseau. J’ai voulu prolonger le plaisir et me délecter à nouveau de ses écrits personnels, prétendus réels, souvent décriés comme étant embellis, exagérés. Dans ses rêveries, Rousseau lui-même nous confie que ces dernières le mènent parfois dans un univers différent de celui qui fait son quotidien.

Le livre d’une centaine de pages se découpe en dix rêveries. Il mêle souvenirs, méditations, angoisses, réflexions, persécutions. Il s’en dégage plutôt les états émotionnels de Rousseau que ses faits, dans les dernières années et mois de sa vie, où il se sent complètement rejeté de la société et détesté par tous.
Cela ne l’empêche pas de nous délivrer de merveilleux passages de ses passions, notamment la botanique. Il nous donne envie de nous constituer nous aussi notre propre herbier, lorsqu’il relate son souhait de connaître toutes les espèces végétales de la petite île du lac de Bienne où il pensait finir ses jours.
Il revient aussi longuement sur sa conception de la vérité et du mensonge. Il en profite en passant pour critiquer quelques traits de son temps, dans ce passage que j’affectionne, et qui fera peut-être grimacer quelques amateurs d’œuvres romanesques :

« Mentir sans profit ni préjudice de soi ni d’autrui n’est pas mentir : ce n’est pas mensonge, c’est fiction.
Les fictions qui ont un objet moral s’appellent apologues ou fables, et comme leur objet n’est ou ne doit être que d’envelopper des vérités utiles sous des formes sensibles et agréables, en pareil cas on ne s’attache guère à cacher le mensonge de fait qui n’est que l’habit de la vérité, et celui qui ne débite une fable que pour une fable ne ment en aucune façon.
Il est d’autres fictions purement oiseuses, telles que sont la plupart des contes et des romans qui, sans renfermer aucune instruction véritable, n’ont pour objet que l’amusement. Celles-là, dépouillées de toute utilité morale, ne peuvent s’apprécier que par l’intention de celui qui les invente, et lorsqu’il les débite avec affirmation comme des vérités réelles on ne peut guère disconvenir qu’elles ne soient de vrais mensonges. Cependant qui jamais s’est fait un grand scrupule de ces mensonges-là, et qui jamais en a fait un reproche grave à ceux qui les font ? S’il y a par exemple quelque objet moral dans le Temple de Gnide, cet objet est bien offusqué et gâté par les détails voluptueux et les images lascives. »


Je pense que ce livre saura séduire ceux qui ont déjà ressenti un vif plaisir à la lecture des Confessions, et qui veulent approfondir l’œuvre autobiographique de Rousseau.

La fin de vie de Rousseau

9 étoiles

Critique de Gregou (, Inscrit le 20 février 2013, 37 ans) - 10 mai 2013

Rousseau a une écriture magnifique et très émouvante! J'ai beaucoup aimé ce livre, on a mal pour Rousseau qui était sans doute féroce mais d'Alembert, Hume et Voltaire l'étaient tout autant. Il est devenu peut être paranoïaque de façon un peu extrême mais il avait tout de même des raisons de l'être, Voltaire avait tout fait pour qu'on le déteste. Rousseau qui n'avait plus goût à la vie publique, préférait faire des balades en nature et prendre goût aux choses simples de la vie solitaire, à la rêverie délicieuse. Mais c'était sans doute une parade à une souffrance, l'impression de n'être aimé de personne doit être très difficile à vivre. Ce livre est poétique et d'un style savoureux, j'ai vraiment adoré. Cela me donne bien envie de lire d'autres ouvrages de Rousseau!

La solitude de celui qui a réfléchi sur les autres autant que sur lui-même

8 étoiles

Critique de Hiram33 (Bicêtre, Inscrit le 31 juillet 2006, 54 ans) - 20 décembre 2011

Evidemment traiter Rousseau de Caliméro relève de l'anachronisme d'autant plus qu'il n'a jamais écrit "c'est vraiment trop injuste !". Certes, Rousseau s'apitoie sur lui-même mais il n'est pas paranoïaque car il y a bien eu de la haine envers lui (cf lapidation de Motiers). Diderot s'est permis de de le descendre en flèches dans les salons parisiens alors qu'ils avaient été proches. Ce que l'on reproche à Rousseau c'est d'avoir compris avant tout le monde qu'aimer est plus fort que d'être aimé et donc qu'il vaut mieux penser que l'homme est bon par nature quitte à réaliser que l'avenir de l'humanité a réduit l'homme à la compétition, à l'autodestruction et à l'égoïsme. Il ne faut pas réduire ce livre à l'auto-complaisance de Rousseau car il évoque aussi sa passion pour la botanique. Rendons à Rousseau ce qui est à Rousseau (l'humanisme et le regard optimisme sur la nature humaine) et à Voltaire ce qui est à Voltaire (la judéophobie ignoble, la prétention, le mépris pour Rousseau et l'esclavagisme).

Les pleurnicheries d'un vieux schnok

3 étoiles

Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 27 octobre 2011

Il y a certains vieux qui, jusqu’à ce que la mort les emporte vous emm****** avec leur humeur maussade, toujours aigris, jamais contents, se plaignant sans cesse. Rousseau a fait mieux : il a légué ses pleurnicheries a la postérité.

D'un égocentrisme vaniteux, énervant, se posant en martyre persécuté par ses contemporains, limite (?) paranoïaque il passe son temps à râler, s’apitoyer, s'autojustifier...

Un summum du misérabilisme.

Du romantisme...

10 étoiles

Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 4 septembre 2008

Je trouve ce livre différent des "Confessions".
Chaque promenade amène une logique de pensée et un développement des sensations: ce que l'on ne retrouve que très rarement dans les oeuvres de cette époque.
Rousseau ne renie rien de lui même dans les "Rêveries". Il transpose "sur un mode passionné, parfois délirant, dans l'ordre de la poésie et de l'art, et en l'assumant pour son propre compte, tout ce qu'il avait pu dire ailleurs, en terme généraux et abstraits, de l'aliénation de l'homme par la société moderne."

J'aime beaucoup ce livre de Rousseau ( contrairement aux "Confessions") qui est très riche et intense.

Les rêveries du promeneur solitaire de Jean Jacques Rousseau!!!Un vrai songe de lecture...

10 étoiles

Critique de Clement chatain (Bordeaux, Inscrit le 25 juin 2008, 37 ans) - 20 juillet 2008

J'ai eu un profond traumatisme en allant chez mon marchand de journaux habituel: le magazine le Point a osé faire une Une littéraire. Quelle agréable surprise de voir deux auteurs comme Rousseau et Voltaire en couverture.

Alors, dans un premier temps, cela m'a rappelé l'époque nostalgique ou un professeur de français en seconde m'avait donné le goût de la littérature et dans un deuxième temps, je me suis rappelé avoir fait une petite chronique...que je veux partager avec vous...

Rousseau, le philosophe le plus mal compris des Lumières nous laisse comme témoignage à la fin de sa vie ses tumultueuses "rêveries". En effet, on découvre un récit agité et décousu qui nous donne l'impression que l'auteur a peur de ne pas avoir le temps de nous dire tout, le temps presse....

Il cite des événements sans importance, disserte sur des domaines variés comme le mensonge. Surtout, il se plonge dans une grande persécution accompagnée de solitude.

Mais en disant "je suis cent fois plus heureux dans ma solitude que je ne pourrais l'être avec eux", on peut s'interroger si ces rêveries ne sont pas un moyen pour lui de décrire une exaltation de son mode de vie...

Egal à lui-même

3 étoiles

Critique de Pearl_Grey (, Inscrite le 2 mars 2007, 37 ans) - 6 avril 2007

Toujours les mêmes plaintes, les mêmes louanges adressées à lui-même, le même idéal de l'homme naturel qu'il a toujours prêché mais rarement suivi, avec pas mal d'indices révélateurs d'un sérieux déséquilibre mental se traduisant par un délire de persécution et un besoin pathologique de se rassurer sur le bien-fondé de ses convictions. Le Caliméro du XVIIIème siècle a encore frappé...

Rêveries

9 étoiles

Critique de Joachim (, Inscrit le 24 mars 2006, 44 ans) - 24 mars 2006

Longtemps j'ai été très indifférent à Rousseau, à son tempérament et surtout à son style, exaspéré par les louanges qui l'entourent. J'ai été converti récemment par les Rêveries, les impaires étant curieusement à mon sens les plus réussies (surtout la troisième et la cinquième). Les Rêveries du promeneur solitaire sont une très bonne introduction à l'œuvre de Rousseau pour qui n'a pas envie de se plonger dans les Confessions, ce que je me suis empressé de faire ; et je n'ai pas été déçu, loin de là.

C'est à mon avis un ouvrage pédagogique, une illustration poignante de ce qu'est le cheminement d'un être et d'une pensée. La cinquième promenade, qui décrit les séjours de Rousseau au Lac de Bienne, est un chef-d'œuvre absolu, la troisième, une des plus puissantes et belles illuminations philosophiques et littéraires qui soient.

rousseau

7 étoiles

Critique de Pognole (, Inscrite le 16 mars 2004, 38 ans) - 16 mars 2004

je ne suis pas tellement d'accord avec ton avis, tu as sûrement du mal comprendre rousseau! peut-être que si tu avais été à sa place, tu aurais aussi eu tendance à t'apitoyer sur ton sort!
Et il a apporté beaucoup à l'humanité, notamment dans ses confessions. Il y raconte toute sa vie, sans rien cacher, ce qui révèle un très grand courage! Et il ne passe pas du tout tout son temps à s'apitoyer sur son sort dans ce livre...

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