Globalia de Jean-Christophe Rufin
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures
Moyenne des notes : (basée sur 27 avis)
Cote pondérée : (24 592ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 14 455 (depuis Novembre 2007)
anticipation molle
Baïkal veut emmener Kate loin de Globalia, dans un (non-)endroit où la civilisation n'a pas cours, là où peut-être la liberté d'action est possible, loin de la publicité et de l'information vendue, à des kilomètres de la dictature du plaisir et de son éternelle insatisfaction. Baïkal veut s'éloigner au plus vite d'un monde dont l'origine s'est perdue, qui a nié la possibilité d'autres civilisations jusqu'à les effacer des mémoires, puisque ce monde est par définition et propagande la "démocratie parfaite".
Ceci est le point de départ du nouveau roman de Jean-Christophe Rufin, une critique assez évidente de la civilisation occidentale moderne, de ses dérives consuméristes et liberticides.
En postface, JCR explique avoir voulu dans ce récit fusionner les deux pans distincts qui constituent son oeuvre littéraire : l'essai à tendance "altermondialiste" et le roman historique. Pourquoi pas ? serait-on tenté de dire. Dans la même veine, d'illustres prédécesseurs ont d'ailleurs décroché la timbale, avec, par exemple, le Meilleur des Mondes, Fahrenheit 451 ou 1984. C'est à ces monuments archi-connus que JCR ose se mesurer, fort de son prix Goncourt, et le moins que l'on puisse dire c'est que le résultat de cet incroyable culot est mitigé.
Je n'irai pas jusqu'à dire que Globalia est mauvais. C'est une lecture tout à fait agréable pour les soirs où l'on n'a pas envie d'être secoué par un style d'écriture percutant. De plus, il renferme quelques idées originales et étonnantes, quelques retournements de situation inattendus et une fin à tiroirs qui, même si elle est un peu fastidieuse, montre que Rufin n'était pas en panne d'imagination. Globalia est en somme une oeuvre qui peut réjouir puisqu'elle est susceptible d'ouvrir les yeux à certaines personnes sur la réalité du monde "peut-être pas si idéal" où ils vivent.
Si je devais utiliser une image cinématographique, je dirais que le scénario est tout à fait correct. Pour la direction des acteurs, le montage, et, en définitive, la réalisation, je serais beaucoup moins enthousiaste.
Sans vouloir que Globalia devienne un roman "de genre", il me semble que tout cela manque de peps, d'énergie, de causticité, de montées lyriques, d'énervement aux endroits où cela aurait été nécessaire. Le style est terriblement "pépère", Globalia est un long fleuve tranquille qui par endroit ne peut éviter l'ennui et les lourdeurs maladroites (par exemple, on pourrait souligner les phrases où JCR a essayé de caser telle ou telle idée, parfois convenue), voire les tentatives d'humour qui tombent à plat à cause de la mollesse de l'ensemble.
J'attendais un roman au style aventureux puisque l'action l'est elle-même, or celui de JCR, c'est tout le contraire : une langue efficace mais sans aspérité, dépourvue du style et du vocabulaire qui tirerait l'action vers le haut.
Alors, en conclusion, je ne peux m'empêcher de me demander si JCR n'aurait pas mieux fait de continuer à creuser le sillon qu'il connaît : l'essai à message. Son incursion dans le roman d'anticipation n'est pas concluante, même si l'on reconnaîtra que cela peut élargir le lectorat mis ainsi en contact des idées "alter-" (qualifions-les comme ça pour faire court).
Les éditions
-
Globalia [Texte imprimé], roman Jean-Christophe Rufin
de Rufin, Jean-Christophe
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782070737291 ; 22,50 € ; 08/01/2004 ; 495 p. ; Broché -
Globalia [Texte imprimé] Jean-Christophe Rufin
de Rufin, Jean-Christophe
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070309184 ; 9,70 € ; 02/06/2005 ; 498 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (26)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Globalia ou le mondialisme triomphant
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 14 juillet 2021
« Gobalia » est un roman d’anticipation intéressant, agréable à lire, quoiqu’un peu faible du point de vue de l’intrigue. La fin naïve et presque en happy end peut décevoir. Cependant la description de ce monde dystopique ressemble étrangement à ce qui nous attend et dont ne vivons actuellement que les prémisses (rappelons que pour les anglo-saxons « globalism » signifie pour nous « mondialisme »). Globalia n’est rien d’autre qu’une démocratie poussée aux limites extrêmes de ses possibilités de contrôle et de manipulation des individus. Un monde tellement oppressant que quiconque d’à peu près normal n’a qu’une envie, celle de le fuir. Ruffin fait preuve d’un talent de visionnaire ou de personne très bien informée. Son univers ressemble comme deux gouttes d’eau à celui prôné par Klaus Schwab, l'homme de Davos et du « grand reset ». On y trouve entre autres un « minimum prospérité » (revenu universel). Les livres papier ont disparu. L’histoire est revisitée en permanence. Plus de datation. On compte par cycles de 60 ans et on repart à zéro. On court après l’éternelle jeunesse. La gouvernance est basée sur la peur des attentats terroristes qui ne sont que des opérations sous faux drapeaux. Il ne manque qu’un virus très très mortel ! Il n’y a qu’une seule vérité, celle diffusée par les médias officiels et gobée par une majorité hébétée. Globalia étant toujours dans le camp du bien, chaque fois qu’elle bombarde un secteur de la non-zone, elle l’accompagne d’une distribution de nourriture aux populations survivantes. À noter également, l’histoire de Ron Altman, tireur de ficelles cynique et frustré, qui ressemble assez à celle d’un certain Georges Soros. Un livre qui donne à réfléchir.
Contre la dictature de la pub et du paraître
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 14 juillet 2018
Ce cadre général m'a bien plu, à vrai dire, et il détient le mérite de faire réfléchir sur les dérives occidentales du politiquement correct et les contraintes aussi lancinantes que sempiternelles de la beauté et de l'énergie éternelles.
Après, la narration reste assez plan-plan, malgré la longueur, qui contient quelques longueurs et délayages, l'intrigue et la trame assez convenu, l'air de rien ; mais ce roman ne reste pas vain et conserve l'avantage d'une amorce de réflexion sur nos sociétés occidentales, par le biais de la fiction. L'auteur aurait été plus à l'aise dans l'essai, alors qu'il reste habitué, jusque là, à la rédaction de romans. Probablement faut-il savoir de temps à autres changer de cadres.
Pas grand chose à en tirer ...
Critique de Bebmadrid (Palma de Mallorca, Inscrit le 29 novembre 2007, 45 ans) - 13 octobre 2013
Même si Globalia se lit assez facilement et qu'on y prend d'ailleurs un certain plaisir, le manichéisme peu nuancé qui revient tout au long du livre peut agacer : le monde libre et les autres, les bons et les méchants, etc ...
En résumé, on termine Globalia en ayant l'impression de n'avoir pas appris grand chose.
Une lecture loin d'être indispensable !
Où mène la protection de la démocratie !
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 14 juillet 2013
L’action se passe dans un monde gérontocratique du fait de l’allongement de la vie. Des zones soigneusement aseptisées offrent le choix entre le travail et le loisir grâce à un minimum vital. L’écran multifonction de poche remplace l’écrit et l’imprimé. L’histoire n’est bien sûr plus enseignée afin que les peuples ne s’entre-déchirent plus. Chacun n’a le droit de connaître que les éléments culturels positifs de ses origines. La publicité est omniprésente, les fêtes perpétuelles et les aliments synthétiques. Mais quelques jeunes ne se satisfont pas de cela. Il leur manque un sens, un but autre que la vie au jour le jour, des éléments de compréhension qu’ils ne trouvent pas. Ils vont donc essayer de le trouver dans les non-zones qui entourent cette démocratie parfaite où tout est théoriquement permis mais qui a pourtant quelques ennemis.
IF-0713-4061
Globalia: nous y sommes déjà!
Critique de Anicroche88 (, Inscrite le 1 juin 2011, 56 ans) - 1 juin 2011
Ce roman de JC Rufin, véritable Voltaire moderne, est une sorte de fable qui imagine un monde où tous les états sont réunis sous la même bannière "globalia"...seules résistent les non zones, ces territoires où vivent les dangereux terroristes...
La devise de ce nouveau continent surprend et fait sourire:
"la liberté c'est la sécurité"
et l'on remarque que les dirigeants ont absolument besoin des "terroristes" pour légitimer cette devise et leur politique sécuritaire et de rationnement des masses... alors vous ne trouvez pas ça troublant et éminemment actuel?
L'auteur parvient finalement à brosser un portrait extrêmement juste de la mondialisation, de l'emprise de l'économique sur le politique et de l'impérialisme américain...
Une fois le livre posé, vous verrez des Globalia partout et ressentirez différemment les discours sécuritaires de nos politiques...
Peut-être n'est-ce pas un hasard si, après un roman aussi visionnaire, M. Rufin a ensuite été appelé à des fonctions d'ambassadeur...
Continuera-t-il à nous servir des romans de le même trempe?
Non ce n'est pas 1984
Critique de Bobo (, Inscrit le 10 décembre 2009, 65 ans) - 24 mars 2011
En avançant dans la lecture, je me suis éloigné de cette idée.
1984 est, à l'origine un roman de Science Fiction écrit en 1948 avec une vague idée de ce que peut-être Big Brother.
Globalia n'est pas de la SF mais touche du doigt la réalité : On peut vous repérer où que vous soyez, cela existe bien grâce aux GPS, Carte Bleue, Passe Navigo et autres ...
Ils ne faut froisser personne, cela existe bien. Maintenant on ne peut plus émettre une idée sans qu'une Association même saugrenue porte plainte.
Surtout la liberté exige que chacun fasse des efforts en limitant le plus possible SA liberté.
Je ne parle pas bien sûr de la manipulation de l'information dont nos gouvernants sont passés maître.
Ha non Globalia est bien un roman d'actualité.
J'ai bien aimé son écriture, la fin que l'auteur nous laisse imaginer.
Un roman qui se lit facilement et qui nous oblige à regarder la société dans laquelle nous vivons avec plus de recul.
Inachevé
Critique de V4nco (Mouscron, Inscrit le 19 février 2004, 44 ans) - 23 janvier 2011
Comme d'autres lecteurs ci-dessus, je pense également que la première partie est très prometteuse, mais au fil des pages mon intérêt s'est un peu fané. Dans la première partie donc, la description politique de Globalia, ses ressorts, son fonctionnement, m'a beaucoup plu. La vision de Rufin est pertinente bien souvent, et il pointe assez justement certaines dérives actuelles.
Malheureusement, le scénario ne décolle jamais vraiment. Pendant longtemps, j'attendais les envolées épiques que l'auteur nous proposait dans "Rouge Brésil"...en vain. L'autre faiblesse, est, à mon sens, la fadeur des personnages. Tous connaissent le doute et on est loin d'un clivage héros/méchants. Au fil de l'histoire, les personnages évoluent même de façon intéressante et on ne sombre jamais dans le cliché. Mais, pour je ne sais quelle raison mystérieuse, ces personnages ne sont jamais attachants.
Je m'attendais à plus ...
Critique de Buck (Rennes, Inscrit le 20 juin 2010, 36 ans) - 5 août 2010
Ce que j'espérais s'est réalisé jusqu'au premier tiers du livre, et les descriptions du quotidien de Globalia sont assez amusantes.
Les pages se tournent en attendant des rebondissements, des descriptions de paysages variés, mais non, rien ne vient et l'on s'embarque dans des situations grotesques.
La chute de l'histoire tient a peu près bien la route, mais sans plus.
Un moment de détente
Critique de Le café de... (Perpignan - Bordeaux, Inscrite le 17 août 2008, 40 ans) - 21 septembre 2009
Le sujet, assez ancré dans la science-fiction et le "scénario" assez bien ficelé permet de passer un bon moment de détente. Pour le reste (style, intérêt à long terme...), j'avoue que je ne vois pas trop où ce livre peut mener. Mais cela ne m'empêchera pas d'aller visiter d'autres livres de l'auteur.
Quelques bonnes idées ne font pas un bon roman
Critique de Bleizmor (Bretagne, Inscrit le 3 janvier 2009, 54 ans) - 4 janvier 2009
Un monde qu'il a souhaité décrire un peu plus que dans l'oeuvre de George Orwell mais qui ressemble finalement plus au décor post-apocalyptique d'un mauvais film hollywoodien. En outre, les personnages manquent de consistance : de piètres acteurs dans un épisode de série B. Au final, le monde de George Orwell est beaucoup plus vraisemblable que celui de M. Rufin.
En d'autres termes, il ne suffit pas d'avoir (quelques) bonnes idées pour faire un bon roman d'anticipation : il faut savoir lier ces idées à un contexte historique solide, et faire prendre la sauce romanesque pour le plaisir du lecteur. Ce que M. Rufin n'a pas du tout réussi avec ce roman.
Un livre sympathique
Critique de Nanardstef (, Inscrit le 6 juin 2008, 47 ans) - 5 juillet 2008
1. on ne s'ennuie pas véritablement même pendant les quelques longueurs parsemées dans le livre
2. je n'ai pas lu 1984
3. j'ai retrouvé quelques unes de mes phobies sociétales parfaitement explicitées
4. j'ai passé un bon moment ... ce qui est finalement le plus important non ? WHAT ELSE ?
En résumé, ne vous ruez pas sur ce livre ... mais prenez le en mains s'il passe à portée.
1984 modernisé mais un peu faible
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 20 avril 2008
C’est une version modernisée de 1984 et du Meilleur des mondes, s’appuyant sur les ressorts et les tendances qui sont ceux du début du XXIème siècle.
JC Rufin n’a tout de même pas la puissance d’Orwell ou d’Huxley et son livre, agréable et facile à lire, peut paraître un peu terne.
Mais la faiblesse pour moi est plus dans le style que dans le manque d’actions dénoncé dans une des critiques qui tourne en dérision l’unique scène de bataille du roman. Ce point est au contraire d’un réalisme très positif : c’est beaucoup plus crédible que si on avait vu un type sorti de rien prendre la tête de la rébellion et sauver la galaxie façon Star Wars. En cours de lecture j’avais précisément craint que Rufin ne cède à la tentation d’une issue facile, mais la fin est inattendue, un brin machiavélique et le destin des personnages est finalement logique.
On aurait pu faire mieux sur le sujet, mais il y a des trouvailles et des formules qui valent la lecture.
GLOBALIA - DEMAIN QUE SERONS NOUS ?
Critique de Abakkar (, Inscrite le 8 août 2007, 50 ans) - 14 août 2007
"GLOABLIA" :
pour la Globalité , un tout, une pensée unique
et où l'individu et son désir propre n'a pas de prix.
Dans ce roman d'aventure qui se déroule dans un futur proche, la pensée unique est devenue primordiale pour le bien être et la sécurité de chacun.
Ruffin a su avec brio retranscrire ce que le monde de demain pouvait devenir : un monde parfait, sous cloche, aseptisé de toute violence où le prix à payer pour cette tranquilité serait la SURVEILLANCE...
Un avenir troublant
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 10 juin 2007
De bonnes idées, mais...
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 24 mai 2006
Dommage, car il y a de très bonnes idées sur ce à quoi pourraient mener les dérives de nos sociétés, qui eussent mérité une plume plus acérée.
Je cite en vrac et de mémoire : les non-zones, la fête permanente, l'omniprésence des terroristes... A lire pour la description de ce futur.
Bien
Critique de Sufull (Quevy-le-petit, Inscrit le 29 mai 2005, 48 ans) - 23 mai 2006
Il n'y plus de frontières ou de problèmes de races, les globaliens vivent sous de grandes serres et en dehors de celles-ci règnent les non-zones où tout est chaos et non-organisation.
Mais tout n'est pas rose, certains, comme Baikal rêve de liberté et Ron Altman, l'homme le plus puissant de Globalia, décide de lui donner les moyens de ses ambitions mais pour ça il doit devenir l'ennemi public numéro un.
Un peu comme "1984" ou 'Les nomades urbaines", l'auteur nous dépeint une démocratie poussée à l'extrême avec tous ses travers.
Plus je lis ce genre de livre et plus je vois notre politique. Le PS belge qui clientèlise tous ses assistés, sans parler de l'obligation de vote dans un pays démocratique. Le parti anglais qui fidélise les électeurs en rendant les travailleurs dépendants de l'état car engagés par celui-ci.
J'ai beaucoup apprécié le post face de l'auteur qui nous explique ses idées. Même si certains diront qu'il ressemble fortement à 1984, je l'ai lu mais n'ai pas ressenti les mêmes émotions car la vision est un peu différente.
Une petite citation : "Les démocraties cultivent leurs ennemis; elles liquident leurs adversaires" Je vous laisse découvrir l'explication dans le livre .
pas d'accord
Critique de LesieG (CANTARON, Inscrite le 20 avril 2005, 58 ans) - 11 février 2006
1984
Critique de Zondine (, Inscrite le 24 septembre 2005, 57 ans) - 29 janvier 2006
Pourquoi de si mauvaises critiques ?
Critique de Manga (, Inscrite le 20 janvier 2006, 36 ans) - 21 janvier 2006
Le futur, c'est une aventure effarante racontée dans ce livre, un encerclement obligé ou sinon tu crèves, ça te fait tellement peur que t'as la peur aux tripes, tu te demandes ce qui se passera après.
Bien sûr, je n'ai pas lu d'autre livre de cet auteur, donc je ne peux que parler en sa faveur. Oui, car ne connaissant pas son style d'écriture, je ne peux qu'aimer celui-ci.
Vous êtes dur!
Critique de Lilie-de-rennes (Rennes, Inscrite le 22 novembre 2005, 42 ans) - 23 novembre 2005
Lent à démarrer
Critique de Alertinfo (Paris, Inscrit le 11 avril 2001, 50 ans) - 20 juillet 2005
On n'a pas évolué depuis les années 70 ou quoi ?
Critique de Rat noir (, Inscrit le 14 août 2004, 40 ans) - 18 mai 2005
- La critique est sans surprise : depuis le temps qu'on nous avertit des dangers de la "grande société", il n'y a plus de raison sérieuse d'en rajouter. A croire que Ruffin en est resté avec les idées en vogue dans sa jeunesse.
- Le genre "anticipation" vieillit mal. on est passé de la critique acide du taylorisme (le meilleur des mondes) et de la peur des moyens donnés par la science au totalitarisme (1984) au pur prétexte du spectacle. Le marketing a su surfer sur la vague.
- Au chapitre cinq de la troisième partie, on apprend que Globalia a choisi, plutôt que de supprimer les contestataires, de les noyer sous la masse. or, tout indique dans le roman (enfermement des rebelles, écartement des journalistes trop curieux,...) qu'elle a au contraire opté pour la forme classique de la censure .
- Je reste convaincu qu'on développe plus son sens critique en lisant Rousseau ou De Tocqueville qu'en lisant "Guerre et Paix" ou les mémoires de D'Artagnan.
- La cellule de la cohésion sociale relève du pur fantasme. je ne pense pas qu'on puisse mesurer le niveau d'obéissance de quelqu'un au nombre d'écrans qu'il allume. Il suffit au contraire de tous les mettre en route... pour ne rien y comprendre.
- La résistance est utopique. Pour Ruffin, ils sont forçément du bon coté alors que quand on regarde les altermondalistes de notre temps (communistes, écolo-intégristes, islamistes) il y a de quoi se poser des questions.
- Dommage de ne pas développer sur les effets pervers du communautarisme dont Globalia pourrait se servir et dont se servent justement les chefs d'entreprise sans scrupules dans la réalité.
Demain, déjà aujourd'hui?
Critique de Isaluna (Bruxelles, Inscrite le 18 avril 2002, 68 ans) - 10 avril 2004
Mais la non-mémoire tue lentement Globalia, et l'être humain perd tout dynamisme, miné par l'intervention incessante d'un état-providence.
Pour garder à la société globalienne un semblant de cohésion, il ne reste que la peur, un sentiment que les dirigeants vont sciemment favoriser en créant de toutes pièces un ennemi public n°1, Baïkal, un jeune homme qui dès l'enfance refuse la philosophie qu'on lui propose et rêve d'un autre monde, où la liberté ait une autre dimension.
Ce copieux roman interpelle et entend nous faire réfléchir sur les dérives attendues de la mondialisation que nous vivons aujourd'hui. Il met le doigt aussi avec justesse sur le manque d'esprit critique, sur la perte du sens de l'effort, sur le je-m'en-foutisme général, au nom d'une tolérance qui ressemble plutôt à de l'indifférence, porte ouverte à toutes les manipulations. A cet égard, j'ai bien aimé la toute dernière phrase du livre : "Il est bon d'avoir l'esprit ouvert, mais pas au point que le cerveau tombe par terre!"
D'aucuns trouveront peut-être qu'on enfonce ici beaucoup de portes ouvertes, moi je pense que les vérités doivent être dites souvent pour être entendues.
Reflexion bienvenue donc... mais plutôt lourdement emballée dans une fiction qui n'éveille qu'à grand-peine l'imaginaire du lecteur. Les 100 premières pages donnent un aperçu de Globalia, ce sont les plus intéressantes, ensuite l'action s'enlise sans jamais décoller vraiment. La chute est particulièrement décevante. Dommage, le sujet méritait mieux!
Tout commence super bien.
Critique de Chat pitre (Linkebeek, Inscrite le 23 février 2001, 53 ans) - 3 avril 2004
C'est dommage, mais ce n'est pas trop grave parce que le sujet est tout de même amusant et les personnages attachants. J'ai le sentiment qu'a la fin J.C Ruffin ne croit plus trop à son livre.
Il y beaucoup de petits clins d'oeil à notre vie d'aujourd'hui ce qui rend le roman étrangement proche de nous.
J'aime assez bien sa théorie de l'ennemie de la nation inventée par les dirigeants pour créer des dépendances au gouvernement et faire du peuple des soumis.
Je vous livre ici deux passages qui m'ont plu :
" Chaque fois que les livres sont rares, ils résistent bien. À l'extrême, si vous les interdisez ils deviennent infiniment précieux. Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire: on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants.
Et en soupirant, il ajouta: Surtout dans les dernières époques, vous ne pouvez pas savoir la nullité de ce qui a été publié."
"Le système globalien creusait chez ceux qui lui étaient livrés un trou béant: celui du permanent désir, d'une insatisfaction abyssale, capable d'engouffrer, sans en être jamais comblé, toutes les productions que la machine commerciale pouvait proposer. Ce qui restait dans ces regards c'était le pur vestige, à un haut degré de concentration, d'une barbarie domestiquée, rendue inoffensive par sa soumission à l'ordre marchand.
Alors voilà ces deux extraits vous donneront peut- être envie de visiter Globalia avec comme guide J.C Ruffin qui écrit tout de même très bien.
Globaliament très décevant.
Critique de Seulement (, Inscrit le 3 janvier 2004, 38 ans) - 10 mars 2004
J'ai découvert au tard cet auteur en lisant l'excellent Rouge Brésil. Rarement roman ne m'a autant transporté. Les personnages de Just et Colombe sont plus qu'attachants. Leurs sentiments, leurs peurs, leurs doutes deviennent nôtres. La magnificence du décor de la conquista espagnole (et portugaise) sur le nouveau continent s’étale sous nos yeux ébahis devant tant de grâce de la part de l’écrivain. Les descriptions façonnent un lieu que l’on pourrait presque palper. La narration ne s’essouffle jamais malgré ses presque 500 pages. Bref Rufin a hérité d’un prix Goncourt qu’il a parfaitement mérité.
Globalia se revendique comme un roman d’anticipation. On pense tout de suite à Aldous Huxley et son meilleur des mondes. J’ai lu il y a presque plus d’un an et j’en suis toujours effrayé. Ses prophéties paraissent tellement plausibles. Les dérives et les éclatements latents de nos sociétés ne nous sont jamais apparus aussi terrifiantes. Le travail et les recherches préliminaires de l’écrivain se ressentent à travers tout son roman.
Voilà pourquoi le défi était dur à relever. Faire mieux qu ‘Huxley était difficile. Mais le détenteur du prix Goncourt, du Goncourt du premier roman, du prix interalliés et du prix Jean Jacques Rousseau pouvait réussire.
Il échoue lamentablement. Et pour plusieurs raisons. L’écueil qui se révèle le plus vite au lecteur est la narration. En effet elle est inexistante. Le protagoniste erre éperdument dans des déserts aussi vides que l’histoire. Le lecteur, lui, se situe dans une phase expectative désagréable. Il attend l’action ,pourtant promise à chaque chapitre par ses propres personnages comme imminente, qui ne vient pas (je préfère ne même pas parler de « l’attaque » d’une misérable troupe de soldats qui tourne rapidement au risible.). Le roman est d’une monotonie aberrante. Et où se situe le roman d’anticipation ? Rufin fait la part belle à l’amour (mieux vaut relire Roméo et Juliette pour en connaître une véritable) au dépend de critiques virulentes de la société de consommation. On voudrait qu’il aille plus loin sur ce dernier point. Mais Rufin se contente de décrire sa « démocratie parfaite » sans vraiment créer les parallèles avec la nôtre. Un goût amer s’en dégage.
Je pense actuellement (ou plutôt j’espère) que Rufin n’a pas vraiment écrit ce livre. Je n’arrive pas à concevoir qu’une même personne puisse écrire rouge Brésil et Globalia. Je prie régulièrement pour que son nom au sommet de la couverture ne soit qu’une erreur.... Priez avec moi.
Globalia
Critique de Sebastien (, Inscrit le 5 mars 2004, 58 ans) - 5 mars 2004
Forums: Globalia
Sujets | Messages | Utilisateur | Dernier message | |
---|---|---|---|---|
J'ai lu Globalia, et vous ? | 6 | Sebastien | 21 janvier 2006 @ 15:03 |