Un fauteuil sur la Seine de Amin Maalouf
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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une page originale de notre histoire
« Un fauteuil sur la Seine »
quatre siècles d'histoire de France
d'Amin Maalouf
éditions Grasset
330 pages
mars 2016
A travers les siècles
L'Académie Française vient d'être créée, nous sommes en 1634.... Il s'agissait d'abord d'une rencontre régulière entre plusieurs « amis » des lettres et des arts.
Rien n'est officiel, jusqu'au jour où le cardinal Richelieu, tenu au courant grâce à une indiscrétion , voulut savoir si : « … ces personnes ne voudraient point faire un corps et s'assembler régulièrement, sous une autorité publique ».....
Rien d'innocent dans cette proposition de l'homme fort qui écoutait et espionnait toute la France.
Amin Maalouf, admis sous la coupole comme « immortel » nous raconte l'histoire de tous ses prédécesseurs sur le 29ème fauteuil de la noble institution.
Nous sommes ainsi invités à découvrir les personnalités de ces hommes célèbres en leur temps ou encore honorés aujourd'hui.... Il y a la grande histoire et aussi la petite, celle des rivalités, des jalousies, des élections.
Le lecteur découvre, qu'à côté des traditions qui veulent que le nouveau titulaire honore par un discours son prédécesseur, surviennent quelques incidents.
C'est ainsi que Paul Challemel-Lacour transforme l'éloge prévu en réquisitoire : il n'a jamais aimé Ernest Renan parce que ce dernier n'a eu cesse de dénoncer la Révolution française.
Après la première guerre mondiale, des personnalités militaires, non scientifiques ni littéraires sont entrées à l'Académie française.... C'est ainsi que le maréchal Pétain fit son entrée.....
A la Libération, Duhamel, romancier ayant eu plusieurs ouvrages interdits par les nazis rencontra le général de Gaulle pour s'inquiéter de l'avenir de l'Académie.
« Qu'allez-vous faire du maréchal Pétain ? Lui demanda, d'entrée, le chef de la France libre.
Et vous, mon général, qu'allez-vous en faire? » rétorqua Duhamel. ».
Le général, surpris; répondit.... Quant à l'Académie française, elle exclut Pétain de ses rangs mais ne nomma un nouveau titulaire sur le fauteuil, qu'après le décès du maréchal déchu.
Cette légende des siècles écrite par ce romancier humaniste doté d'une excellente plume m'a ravi.
Jean-François Chalot
Les éditions
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Un fauteuil sur la Seine [Texte imprimé]
de Maalouf, Amin
B. Grasset / Littérature Française
ISBN : 9782246861676 ; 20,00 € ; 09/03/2016 ; 336 p. ; Broché -
Un fauteuil sur la Seine [Texte imprimé], quatre siècles d'histoire de France Amin Maalouf,...
de Maalouf, Amin
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253070146 ; 8,20 € ; 06/09/2017 ; 352 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Les Académiciens du fauteuils 29
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 23 octobre 2023
Cette histoire permet de se rendre compte des caprices et évolutions positives de cette institution originale, désuète en grandes parts, mais tout de même représentative des considérations littéraires de l'heure.
Ce livre en apprend donc beaucoup sur le statut d'écrivain et une histoire française prise sous un angle très spécifique. Il parait donc assez utile, l'air de rien.
On y trouve du bon comme du médiocre
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 14 octobre 2018
Les chapitres se succèdent pour présenter dix-huit académiciens, à peu près toujours sur le même plan pour raconter les circonstances de leur entrée à l’académie et les grandes lignes de leur biographie. On découvre en parallèle de l’Histoire de France des pans de son histoire culturelle et intellectuelle (pas seulement littéraire puisque l’Académie a accueilli en son sein des personnalités du monde scientifique ou économique), le tout ponctué des inévitables mesquineries et rivalités.
L’idée est originale, mais l’intérêt est variable selon les personnages, certains chapitres tournant au remplissage et on sent parfois l’exercice laborieux de documentation pour y arriver. Ca se laisse lire mais c'est comme l'Académie française : on y trouve du bon comme du médiocre
L'Histoire à travers l'Académie française
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 9 septembre 2018
C'est bien écrit, vivant, mais c'est un exercice délicat puisque tous ses prédécesseurs n'ont pas la même épaisseur. Parfois passionnant, toujours intéressant, d'autres fauteuils mériteraient aussi le même traitement.
Quelques pages en présence d’anciens … immortels
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 11 mai 2016
Place F29, 1ère classe
Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans) - 5 mai 2016
Mais cela n’est qu’un des points d’entrée de Maalouf dans ce projet de faire la biographie de chacun des 18 personnages qui se sont succédé à cette fameuse place n° 29. En effet, lors de recherches sur les croisades, il a trouvé, dans le Quartier Latin si je me souviens bien de l’interview, les œuvres d’un historien qu’il ne connaissait pas, franchement oublié du grand public, Joseph Michaud, considéré à son époque comme un spécialiste de la chose. C’est à partir de cette découverte que Maalouf s’est lancé dans cette passionnante enquête qui n’est pas seulement un album de notices biographiques mais une mise en perspective de chacun de ces destins dans l’histoire de France. Comme l’auteur le dit dans une interview accordée au magazine, Lire : « chacun des personnages est révélateur d’un moment de l’histoire politique, littéraire et sociale ».
Tous ne sont pas des inconnus puisque, hors Lévi Strauss, on y trouve Montherlant, Ernest Renan ou le médecin Claude Bernard. D’autres, comme Florian, on a perdu le nom en cours de route mais on en a gardé des vers devenus des classiques, pratiquement des proverbes : « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute une vie », « rira bien qui rira le dernier », « les vaches seront bien gardées » ou « pour vivre heureux vivons cachés ». Pour les autres, disons-le clairement, à moins d’être un érudit de haute volée, il s’agit d’illustres inconnus, même le premier occupant du siège, Pierre Bardin, « premier immortel à mourir » 14 mois après avoir été reçu : noyé en voulant sauver son pupille. De son œuvre littéraire, on dira qu’il jouissait d’une certaine notoriété mais qu’il n’a jamais été un écrivain majeur. De plus, comme tous les auteurs de sa génération, là-bas en 1634, il est au creux de la vague littéraire, peinant à suivre la précédente, celle des Rabelais, Ronsard, Du Bellay ou Montaigne. La génération suivante verra des auteurs du calibre de Molière, Racine, Corneille ou La Fontaine. Mauvais timing.
D’autres, enfin, comme François de Callière, ont été tirés de l’oubli même si leurs œuvres, dans le cas de Callière, "De la manière de négocier avec des souverains", reviennent sur les bureaux des diplomates plutôt que sur les étalages des librairies.
Évidemment, on peut se demander s’il est bien nécessaire de s’intéresser à des inconnus membres d’une institution dont le rôle, aujourd’hui, paraît bien dérisoire : « La principale fonction de l’Académie sera de travailler, avec tout le soin et toute la diligence possible, à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. » (Article 24 des statuts.)
Cette mission doit se traduire par la rédaction de quatre ouvrages : un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique ; seul le Dictionnaire sera réalisé par l’Académie.
La réponse de l’auteur, toujours dans le magazine Lire, est très claire : « Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de préserver des éléments identitaires porteurs de culture et qui ne soient pas agressifs. Face à une affirmation identitaire violente, nous avons besoin de repères identitaires apaisés ».
Brillant, enlevé, amusant, didactique mais jamais ennuyeux, ce voyage dans un fauteuil fait revivre au lecteur attentif les batailles d’ego qui ont fait échouer des candidatures célèbres, Zola par exemple, les querelles du Cid et la Fronde, les Francs-Maçons, le Second Empire, la Commune, l’affaire Dreyfus… Dix-huit portraits qui sont comme autant de lumières portées sur la grande toile de l’histoire de France.
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