Alger sans Mozart de Michel Canesi, Jamil Rahmani

Alger sans Mozart de Michel Canesi, Jamil Rahmani

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Isis, le 11 avril 2016 (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans)
La note : 10 étoiles
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Un kaléidoscope littéraire

Voici un superbe roman, triplement choral.

Tout d’abord, du point de vue le plus classique, par son style. L’histoire - avec un petit h - de Louise, l’héroïne principale, une femme pied-noir qui est restée en Algérie, après son indépendance, est en effet évoquée ici, sous forme d’un dialogue à trois voix : la sienne, bien sûr, mais aussi celle de Marc, son neveu, qui, lui, est venu s’installer à Paris, comme réalisateur de cinéma, quelque peu paumé ; et celle de Sofiane, ce jeune algérien, orphelin de mère auquel elle va s’attacher : l’enfant que la vie ne lui a pas donné. Trois regards, trois générations, trois types de frustrations consécutives, en amont, aux « événements» et, en aval, à l’islamisation de cette belle ville que Louise a tant aimée et où elle s’arroge encore le droit à la liberté de se vêtir comme elle l’entend ou d’écouter Mozart, quand elle le souhaite. «Que serait Alger, sans Mozart ?» confie-t-elle à Sofiane.

Ensuite, du point de vue de sa réalisation. Ce livre a été écrit à quatre mains par deux médecins, l’un algérien, l’autre français, ce qui suppose une double approche très enrichissante et, néanmoins, une cohésion parfaite. Les deux auteurs ont en effet adopté une méthode de travail tout à fait originale, non pas en se répartissant en alternance les différents chapitres, mais en retravaillant ensemble dès le lendemain la section que l’un des deux avait rédigée la veille. Un procédé qui préserve, à la fois l’unité de l’ouvrage et son honnêteté sur un sujet aussi sensible que la décolonisation, même après plus de cinquante ans, et ses retombées à long terme.

Enfin, ceci expliquant cela, du point de vue politique et psychologique, grâce au double regard posé à travers ces destins croisés, sur le déchirement - voire la «schizophrénie»mentionnée par la 4ème de couverture - du personnage principal, écartelé entre deux appartenances, deux cultures, deux combats.
Ici, la fiction vient rejoindre l’Histoire - avec un grand H - celle de l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.

Au total, un livre très attachant que l’on n’oubliera pas de sitôt.

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