Une allure folle de Isabelle Spaak

Une allure folle de Isabelle Spaak

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 7 avril 2016 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 883ème position).
Visites : 2 766 

Evocations insignifiantes

Dans ce court "roman", l'auteure évoque la vie de sa grand-mère (maîtresse d'un Italien très riche, absent et marié) et celle de sa mère (mariée deux fois et qui assassina son deuxième mari avant de se suicider) à travers des résumés de correspondance et la description de photos. Dans la position du narrateur, elle ne permet pas vraiment au lecteur de s'investir dans ces personnages et elle n'extrapole pas au-delà de ce qu'elle voit ou lit, elle ne se permet pas d'imaginer ou de broder. Cela rend un texte en pointillés qui donne l'impression d'un survol rapide, mais sans grand intérêt car ni leur vie ni leur caractère n'est approfondi. Certes, le style est agréable et il est sympathique de retrouver des décors belges connus, mais ça ne suffit pas à rendre un livre intéressant ni captivant.

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Trois femmes qui ont… Une allure folle

7 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 11 avril 2016

Comment écrire l’histoire de sa famille ? C’est à cette question qu’Isabelle Spaak tentait de donner une première réponse avec son premier roman, Ça ne se fait pas (2004), dans lequel elle racontait la fin tragique de ses parents en 1981. On retrouve du reste la scène de l’assassinat de son père, le diplomate Fernand Spaak, par sa mère puis de son suicide par électrocution dans ce nouveau livre.
Car la petite-fille du grand Européen Paul-Henri Spaak n’en a pas fini avec sa généalogie. Découvrant papiers, documents, lettres et photographies, elle s’attaque cette fois aux femmes de la famille. À commencer par sa grand-mère Mathilde dont on comprend très vite que le portrait «officiel» ne rend pas compte de toutes les facettes de cette femme étonnante à bien des égards. «Une femme futile, uniquement préoccupée d’elle-même. C’est le portrait de Mathilde vue par maman.» Un portrait que la vieille dame semble prendre un malin plaisir à alimenter en adressant des cartes de vœux depuis la Côte d’Azur où elle semble passer une retraite paisible après une vie pour le moins mouvementée.
Elle a rencontré Armando, un riche Italien, dans les années 20 à Bruxelles. De ce couple illégitime naîtra une fille, Annie – la mère de l’auteur – qui prendra le nom de son père de manière illicite. L’étranger numéro 703152 «a passé sa vie à solliciter des visas d’entrée dans son pays d’adoption, contrée de brumes, de landes, de ports, de forêts giboyeuses. Une terre où il se sent appelé par les souvenirs et le cœur.» Mais sa situation conjugale mêlée au fracas des armes rendront la chose impossible. Il mettra toutefois un point d’honneur à assurer l’indépendance financière de Mathilde et de sa fille et organisera les meilleurs soins à Paris lorsqu’elles seront toutes deux victimes d’un grave accident de voiture.
La Seconde Guerre Mondiale servira aussi de révélateur en ce qui concerne Annie qui a épousé Guillaume et se rêve une vie loin des turpitudes de ses parents. «Maman toujours si droite, si pure, elle qui voulait tellement que sa vie soit parfaite. À la fin de la guerre, quand le contact avait été renoué avec Armando toujours coincé en Italie, Guillaume utilisait le terme de ménage exemplaire pour décrire son bonheur conjugal. Trois bambins adorables, une excellente maman, un home à la campagne. Nous nous suffisons à nous-mêmes, n’est-ce pas la preuve de l’accord parfait ? hasardait Guillaume comme s’il voulait s’en persuader.»
Mais dans la Belgique de l’après-guerre les choses bougent vite. Entre épuration et question royale, entre promotion pour Guillaume le Résistant et troubles politiques, Annie – que l’on découvrira tout autant, sinon encore davantage Résistante – choisit de quitter son foyer, d’épouser son amant et d’assumer le qu’en dira-t-on : «Je ne dis pas que maman a eu raison de quitter Guillaume et leurs trois enfants pour vivre sa passion avec mon père, tout recommencer, donner naissance à trois autres enfants, construire une autre famille, la mienne. Et à nouveau tout ficher par terre. Mais qu’elle aurait été sa vie si elle était restée ?»
Si l’auteur n’en a pas fini avec les questions, elle nous offre une réflexion lucide et passionnée sur les rouages qui construisent et détruisent les couples, sur la façon d’«inventer» les histoires familiales et de les transmettre, sur la manière d’explorer les drames et les secrets et de sans cesse réécrire le roman de sa vie, avec une allure folle !

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