La part du mort de Yasmina Khadra

La part du mort de Yasmina Khadra

Catégorie(s) : Littérature => Arabe , Littérature => Francophone

Critiqué par Richard, le 11 novembre 2007 (Inscrit le 30 janvier 2004, 77 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 763ème position).
Visites : 10 690 

ce qu'est devenue l'Algérie

Llob, commissaire de police et ancien combattant du FLN, est un homme désabusé, plein de rancœur vis-à-vis des arrivistes, faux résistants, profiteurs divers qui ont transformé l’Algérie de ses rêves. Il faut que son adjoint soit injustement incarcéré pour homicide pour que Llob se lance dans une enquête au fil de laquelle il mettra à jour les agissements criminels de notables algériens.

Roman après roman Yasmina Khadra avec une incroyable habileté et un grand talent nous raconte les grands drames de notre histoire contemporaine, l’Irak avec « les sirènes de Bagdad », le Pakistan avec « les hirondelles de Kaboul »…. Là il nous parle du drame de l’Algérie contemporaine, des déçus de la guerre de libération, de la corruption, par le biais des réactions d’un policier rebelle et d’une enquête policière bien ficelée. …c’est un sujet qu’il connaît bien, étant lui-même algérien

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Saignante Algérie

9 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 8 octobre 2016

J'ai très peu d'expérience en roman policier, aucune en histoire algérienne et je ne connaissais Yasmina Khadra que de réputation avant d'entreprendre "La part du mort". J'ai découvert un auteur engagé, à l'écriture tranchante et à l'humour caustique. L'intrigue se déroule à la fin des années 80, juste avant les événements d'octobre 88. Le commissaire Llob, flic incorruptible dans une Algérie gangrenée par les affairistes et les magouilleurs, fait office d'alter-ego pour l'écrivain qui a manifestement des comptes à régler avec les grosses huiles de son pays.

À l'aube de la libération par grâce présidentielle d'un dangereux psychopathe surnommé SNP, Llob est intraitable dans sa volonté d'empêcher le tueur de sévir à nouveau. Lorsque ce dernier attente sans succès à la vie du milliardaire Haj Thobane avec l'arme de service du lieutenant Lino, qui est aussitôt arrêté et torturé, Llob flaire le complot et se lance sans frein dans une enquête qui met en lumière l'implication de Thobane dans le massacre des familles de harkis en 1962.

Khadra évoque sans fioritures l'histoire sanglante et brutale de l'Algérie, avec tout le fiel et l'amertume de celui qui aime sa patrie mais ne peut souffrir la malhonnêteté de ceux qui la contrôlent. Au fil des pages, la trame narrative se complexifie et s'enrichit de revirements sans jamais perdre son souffle. L'auteur évite le piège du manichéisme et rend bien la subtilité des agissements humains qui sont souvent absurdes et injustifiables. À la fois leçon d'histoire et divertissement accessible, "La part du mort" est un superbe roman qui donne envie de poursuivre ma découverte de l'oeuvre de cet auteur majeur.

Surprenant roman policier

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 29 mai 2012

Ce n'est pas le roman le plus connu de l'auteur, mais franchement, celui que j'ai le plus apprécié.

Un véritable polar de haute facture dans un contexte politique réaliste ; l'histoire se situe à la veille de la tentative de prise de pouvoir démocratique par le FIS.

Par ailleurs, l'auteur campe son personnage de manière remarquable, un flic sans peur et sans reproche.

Excellent roman à prendre d'abord comme un polar et ensuite comme un livre politique.

Dommage que Khadra a comme souvent un problème pour trouver une bonne chute pour ses histoires.

Une question de dosage.....

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 25 juin 2008

Une intrigue policière bien ficelée avec tout ce qu’il faut de fausses pistes et de rebondissements pour tenir le lecteur en haleine, un regard plein d’acuité sur le contexte politique, un humour constant , des dialogues caustiques, une écriture brillante …..
Le roman comportait tous les ingrédients qui auraient dû me transporter…Mais d’où vient alors ma déception à propos de la 2de partie du roman ?
Peut-être d’une question de dosage, d’équilibre entre ces éléments . J’ai eu l’impression que l’humour, présent surtout dans la description des personnages et dans les dialogues, au lieu d’ alléger l’atmosphère pesante, avait plutôt tendance à plomber le roman ; que le registre d’écriture et l’intrigue entraient en concurrence ; que la cohabitation entre le burlesque et la dénonciation de la corruption était délicate….

Du rififi à Bab-el-oued

7 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans) - 4 février 2008

Cette fois, nous voici partis ... en Algérie avec Yasmina Khadra et La part du mort.
Un ancien militaire algérien, Mohammed Moulessehoul, se cache derrière ce pseudo.
L'islam attise les curiosités et cet écrivain très à la mode surfe sur le succès.
Sa prose s'en ressent qui donne dans les effets de style savamment orchestrés, qui nous agacent passablement comme chez Barbery, Claudel, et d'autres encore, si prisés aujoud'hui.
Du Fred Vargas puissance dix où la moindre phrase est prétexte à un exercice de style et de vocabulaire.

[...] En quelques minutes, de gros nuages arrivent sur la ville, le derrière botté par des coups de vent.

La première partie de son polar s'en ressent : on traîne un peu les pieds derrière le commissaire Brahim Llob dans une Alger désoeuvrée, en proie aux magouilles en tous genres entre les pattes velues des politiciens affairistes.
Le commissaire Llob est une grande gueule intègre, le seul flic honnête de cette ville gangrénée de corruption, et visiblement Yasmina Khadra veut en découdre avec les profiteurs et les prévaricateurs.
Mais comme lui, on ne croit pas vraiment à cette histoire de serial killer qui ne tue personne, ni à celle de cet autre lieutenant de police, un gigolo qui ne trompe personne, et certainement pas sa call-girl de luxe.
Et puis tout d'un coup, à mi-parcours, au détour d'un chapitre, le bouquin décolle.
C'est parti et on ne le lâchera plus jusqu'à la fin.
On croit vite tout comprendre mais on se laisse mener par le bout du nez jusqu'à l'utime dénouement, pressé de découvrir qui tirait les ficelles derrière le manipulateur qui agissait dans le dos de celui qui en coulisse ...
Yasmina Khadra, ou plutôt Mohammed Moulessehoul, fouille là où ça fait mal dans le passé de son pays et de ses compatriotes.
Un passé que l'on partage aussi, puisqu'il est donc question, je cite : de la guerre de libération et de la révolution qui a permis de se débarasser de l'ennemi impérialiste (toujours salutaire de voir l'Histoire écrite de l'autre côté de la barrière !).
Mais tout n'était pas rose, enfin vert et blanc, même dans le camp algérien et la libération de 1962 ressemble fort à beaucoup d'autres, celle de 1945 par exemple, quand certains se découvrent soudain le besoin de se refaire une virginité politique à moindres frais ...

[...] - Je ne vous cache pas que le sujet me gêne. Personnellement, je n'ai pas grand-chose sur la conscience. J'ai fait la guerre d'un bout à l'autre, sans excès et sans tricher. J'ai assisté à des choses horribles, aussi. Mais je ne tiens pas à retourner le couteau dans la plaie, monsieur Llob. Les gens d'ici en portent des séquelles irréversibles. De nos jours, il arrive que les échos de ces événements dramatiques réveillent certaines rancunes et , parfois, le sang coule de nouveau.

Car c'est bien de ça dont il s'agit : les drames et les crimes d'aujourd'hui ne sont que l'écho des événements pas si lointains qui ont marqué l'affranchissement de l'Algérie : les héros ont vieilli et se sont compromis, les enfants ont grandi et aspirent à un monde meilleur.
Le passé si terrible évoqué ici ne date que de 1962 et Yasmina Khadra situe son bouquin en 1988 ... juste avant la montée de l'intégrisme islamique et la quasi-guerre civile qui ensanglantera de nouveau le pays.

Ah, j'allais oublier ! Et que pour une fois on nous pardonne un excès de langage sur ce blog au discours habituellement châtié. Je ne peux résister à l'envie de citer crûment Yasmina Khadra (qui se donne parfois des airs de San Antonio) lorsqu'il met en scène Mohand, un libraire passionné de bouquinerie ...

[...] Avec lui aucune chance de s'amuser. Pour rien au monde je ne voudrais échouer sur une île déserte avec lui. Incapable de se mettre au lit sans un texte contre la figure, les mauvaises langues racontent que lorsque Mohand porte la main sur la foufoune à Monique, c'est juste pour y tremper le doigt afin de tourner les pages de son bouquin.

N'est-elle pas ainsi délicieuse, ami(e)s des livres ?

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