Le déclin de l'empire Whiting de Richard Russo
( Empire Falls)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : (320ème position).
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Petitesses et misères de l'Amérique profonde
La petite ville d'Empire Falls , dans le Maine , qui a bâti sa prospérité sur les filatures et la confection , vit maintenant le marasme de la crise économique avec son cortège de chômage et de misère .
Une seule famille , en trois générations , avait bâti un véritable empire économique et était propriétaire des usines , des maisons , des terrains et même du restaurant où exerce Miles , le héros autour duquel gravite tout un univers de personnages plus ou moins sympathiques , plus ou moins hauts en couleurs comme Mark son père , ou dévoués comme Martha sa mère .
Russo pratique une sorte de pointillisme littéraire , ses personnages sont tous remplis de contradictions , de rêves inassouvis , d'échecs plus ou moins flagrants . Il sait nous les rendre attachants par une floraison de petits détails qui sonnent si vrais qu'on a l'impression de les connaître et de partager leurs vies et leurs drames .
Ces micro-histoires s'entrecroisent dans de roman qui est une véritable saga . On embrasse par exemple les trois générations de Whitings qui ont fait la ville et on ne peut s'empêcher de penser à l'histoire des Peugeots , Renaults , Boussacs ou Michelins . Cette famille si, prospère est l'exacte décalque de la ville . C.B. Whiting , l'héritier est un velléitaire incapable de reprendre en main l'héritage familial car il n'a pas la poigne de fer de ses ancêtres . Il finit même par se suicider plutôt que de tuer sa femme . Celle-ci mourra noyée , laissant comme dernière survivante de la dynastie , une fille handicapée et plutôt caractérielle . Les personnages issus du peuple sont , bien sûr , plus attachants , mais tous ont quelque part une fêlure , une faiblesse qui rendra possible le dénouement tragique de l'histoire .
Malgré tout , ce livre n'est pas triste , il relève plutôt d'une douce amertume . Ce qui arrive , devait arriver , chaque micro-évènement y amène doucement .
Russo fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle des rouages du roman , son style est clair , précis et limpide . Il a amplement mérité son Prix Pulitzer car il nous offre un véritable chef d'oeuvre .
Les éditions
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Le déclin de l'empire Whiting [Texte imprimé], roman Richard Russo trad. de l'américain par Jean-Luc Piningre
de Russo, Richard Piningre, Jean-Luc (Traducteur)
Quai Voltaire / Quai Voltaire
ISBN : 9782912517289 ; 21,85 € ; 09/09/2002 ; 522 p. ; Broché -
Le déclin de l'empire Whiting [Texte imprimé] par Richard Russo trad. de l'américain par Jean-Luc Piningre
de Russo, Richard Piningre, Jean-Luc (Traducteur)
10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
ISBN : 9782264036827 ; 10,20 € ; 22/01/2004 ; 633 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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A l'ombre de Grace
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 24 août 2016
Parvenir à Empire Falls ne se passe pas sans douleur. Richard Russo semble avoir prévu un droit d'entrée : ces foutues 100 premières pages qui ne sont pas faciles et ont bien failli me décourager. Il faut assimiler les noms et surnoms des différents protagonistes, placer les éléments ensemble et dans leur chronologie... tout un programme,
Ensuite il ne reste plus au lecteur que de se laisser aller, de s'abandonner... un exercice qui commence douloureusement mais peu à peu devient envoûtant. Pour ces gens qui n'existent que dans l'imagination de l'auteur on se prend peu à peu de sympathie qui se transforme en amour pour certains et en haine pour d'autres.
Qui était vraiment Grace et pourquoi voulait-elle à tout prix éloigner Miles ? Lui rappelait-il sa faute ? Craignait-elle qu'il en parle ? Voulait-elle le préserver de son père ou de Mrs Whiting ? Préférait-elle que son fils ignore les lourds secrets ?
Un tout grand roman.
Délicieux !
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 22 septembre 2014
Que dire de plus ?
Que ce livre est une de mes meilleures lectures de ces dix dernières années ? Que le style de l’écrivain -et certainement aussi celui du traducteur, Jean-Luc Piningre, il faut citer de temps en temps ces travailleurs dans l’ombre- le style est absolument délicieux ? Que l’humour de Monsieur Russo, tout empreint de bonté, de respect vis-à-vis de ses personnages, de grandeur d’âme, de sagesse, d’humilité -que sais-je d’autre- est tout simplement merveilleux et savoureux ? Que, dans ce livre, le passage du rire et de la joie aux larmes et au drame, est tellement « naturel » qu’on se croirait dans la vraie vie ?
Certainement car, il m’est souvent arrivé de penser que Miles et moi, nous étions pareils, que nous étions une seule et même personne ! Je vous l’ai déjà dit : delicious Mr Russo !
Chronique du Maine
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 18 mars 2013
Nous suivons Miles, le personnage central, ainsi que tous les personnages qui lui gravitent autour, sa future ex-femme, sa fille, son frère, son père Max, un drôle de personnage, le Silver Fox, le tout ponctué de flash back fondamentaux pour le déroulement de l'histoire bien résumée dans les autres critiques.
Mon sentiment? Une lecture agréable, des personnages attachants et bien "poussés" par l'auteur, une plume simple mais efficace.
Je m'attendais tout de même à un livre un poil meilleur, celui-ci ayant reçu le prestigieux prix Pulitzer, mais il ne faut pas exagérer, ce roman est d'une bonne qualité et garantira au lecteur un agréable moment de lecture.
L'Amour d'un père et d'un fils !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 22 janvier 2011
Miles Roby en est le personnage central , digne représentant de la " middle class américaine " sur laquelle la vie coule sans grande surprise .Les journées se suivent et la morosité gagne du terrain.
Tick - sa fillle - et Grace - sa défunte mère - parviennent à accélérer les pulsations de son coeur et lui faire prendre des décisions........... le faire vivre .
Richard Russo brosse le portrait d'un homme entouré de femmes qu'il aime sans parvenir à leur dire.
Les chapitres s'enchaînent harmonieusement ( quelques flash-back permettent de mieux comprendre le caractère profond des personnages ) et on se plait à partager le vague à l'âme de Miles.
Un personnage qui ressemble au " grand nombre " et finit forcément par nous toucher .
Je partage l'avis de Saule........ un très grand livre !
Le poids d’un amour impossible.
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 10 mai 2009
Les sentiments des principaux acteurs, leur enfance, les parcours ratés, les non-dits qui pèsent et qui ont déterminé l’avenir de tous.
Un lourd secret est dévoilé, page après page et tout devient plus clair.
C’est aussi de belles histoires d’amour, filial notamment, mais aussi d’une ville, d’un mode de vie.
Dans ce déclin de l’empire Whiting, où Francine sert de repoussoir, facile, c’est un peu de ces Etats-Unis qu’il nous est donné à voir.. assez loin des clichés qui sont les nôtres, à nous Européens.
En rêvant de Martha’s Vineyard
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 10 mars 2008
Dans la deuxième moitié il y a trop de détails, des scènes répétitives. D’accord, le roman vit des détails, de petites choses de la vie quotidienne. Mais parfois c’est l’overdose. En refermant le bouquin, je pense au bon vieux Miles qui est devenu violent, à Timmy la chatte et à Martha la veinarde. Oups ... Martha’s Vineyard.
Une femme, une ville, une vie
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 14 mai 2006
L'histoire s'écoule lentement et c'est ce qui donne un des traits de qualité du livre. Pas de pirouettes, de silences inutiles ou de devinettes improbables. Tout est là, permettant à chacun de s'imprégner comme il se doit d'un récit ni triste ni gai, dur sans être noir. Une fresque que j'ai beaucoup aimée, avec un tout petit bémol pour la fin que je trouve un brin rapide, voire attendue en ce qui concerne le terrible retour de John et le départ final de l'impératrice des lieux. Non pas que cette idée de fin me déplaise mais j'aurais aimé que Russo y accorde autant de détails qu'au début, surtout pour le personnage de John Voss. En même temps, tout cela parle bien de soi-même, il ne faut peut-être pas en faire plus, c'est à voir.
Voilà un livre qu'on n'a pas envie de lâcher avant de l'avoir terminé, ce fut une belle découverte.
Un coup de coeur pour les passages consacrés aux vacances à Martha's Vineyard avec Grace et Miles, ainsi que pour le prologue consacré à CB Whiting. Les éléments se mettent en place au fur et à mesure, sans que l'on perde le fil, tout s'emboîte et devient limpide; la vengeance d'une femme bafouée peut devenir un plat qui se mange glacé.
J'adore
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 10 novembre 2005
Ce livre est également très bien écrit, distillant les infos au fur et à mesure afin de parvenir par petites touches à un tout cohérent. La psychologie des personnages est très fine. A partir d'un microscosme, Richard Russo touche aux problèmes qui rongent l'amérique, que ce soit d'un point de vue social ou économique mais aussi familial.
Un grand roman! Je compte bien poursuivre la lecture de l'oeuvre de cet auteur. Merci aux critiqueurs qui m'ont fait connaître ce roman.
Mou, Miles ? Pas si sûr...
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 30 octobre 2005
Il est amusant de constater la légère obsession de l'auteur quant aux auto-école, dans ses trois premiers livres on retrouve la même histoire de moniteur plus ou moins améliorée…
Je vous conseille très très fortement ce prix Pulitzer 2002, qui va vous emmener pour longtemps à Empire Falls....
De l'autre côté du fleuve
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 20 septembre 2005
Aujourd'hui, de l'autre côté du fleuve, Miss Whiting vie seule dans sa magnifique demeure construite par un mari bien plus épris d'art que de bout de tissus. Une passion qui le poussa à s'exiler au Mexique, il ne revint que pour loger une balle dans la tête de sa femme. Le sort en décida autrement.
Miles aimerait tellement que sa fille, Tick, réussisse à quitter cette ville avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'elle ne plonge dans la léthargie inhérente aux régions sinistrées par le chômage et la misère. Il se souvient de l'époque où il portait tous les espoirs de sa mère, lorsqu'il poursuivait ses études. Très intelligent, il était promis à un brillant avenir. Sa mère mourante, il accourut à son chevet. Dans sa douloureuse agonie elle l'exhortait à repartir à ses études, qu'elle en mourrait chagrin de le voir tout abandonner. Il l'aimait tellement. Il resta auprès d'elle jusqu'au bout, il ne retourna jamais à l'école.
Aujourd'hui, âgé de 40 ans, il tient l'Empire Grill pour le compte de Miss Whiting. Sa future ex-femme le presse sans relâche d'accomplir les formalités de divorce. Elle vient de se découvrir une passion que Miles lui avait dispensée avec beaucoup trop de parcimonie durant leur mariage, le sexe. Baiser tout son saoul, avec son amant, est devenu une priorité absolue. Tick s'est éprise d'un jeune garçon de son collège, un fier à bras, fils du shérif de la ville qui entretient un profond mépris pour Miles depuis leur enfance. La venue d'un jeune garçon paumé et taciturne va semer le chaos autour d'elle.
Miss Whiting s'avère être un grand mystère pour Miles, chacune de leur entrevue se transforme immanquablement en une magistrale leçon de choses sur le sens de la vie en général et sur le non-sens de celle de Miles en particulier. Mais pour ce dernier ce qui compte avant tout c'est d'échapper aux griffes de son chat furibard, ainsi qu'à sa fille bancale qui ne manque jamais occasion de s'agripper à lui désespérément. En revanche son père n'est plus un mystère pour lui. Vieil homme roublard, toujours à l'affût d'un billet à soutirer à ceux qui oublient de se méfier, il a une propension (sur)naturelle à exaspérer son fils avec ses combines douteuses. Ce père, si encombrant aujourd'hui, n'hésitait pas autrefois à abandonner femme et enfants pour de longues virés dans le sud à repeindre des maisons.
Le souvenir d'une semaine fabuleuse passée en compagnie de sa mère et d'un inconnu sur une île, 30 ans plutôt et une vieille photo parue dans le journal local vont l'obliger à sortir de passivité naturelle.
Mêlant habilement humour et tendresse, l'auteur compose une histoire touchante dans laquelle les personnages, désemparés et fragiles, essayent de vivre malgré tous les signes indiquant que leurs aspirations en une vie nouvelle se briseront inéluctablement sur les récifs d'une société en faillite. Ils resteront à la finale maintenue loin des promesses entrevues derrière les vitrines illuminées de flamboyants mirages. D'une écriture sincère et humaine, l'auteur raconte leurs histoires, souvent faites de renoncements et de choix douloureux, sur fond de crise socioéconomique.
Evitant le côté trop démonstratif, il pointe avec beaucoup de pertinence les travers d'une société en mal d'accomplissement, marquée par la rupture avec ses valeurs de réussite et de prospérité tant idéalisée.
Sans pour autant être sombre, ce roman évoque les maux qui rongent ce pays confronté à ses propres contradictions. Depuis les rives opposées du fleuve, Miss Whiting toujours riche et la cité ouvrière autrefois prospère s'observent mutuellement, comprenant instinctivement qu'ils demeureront, quoi qu'ils y fassent, l'antithèse de celui qui se trouve de l'autre côté… du mauvais côté.
Décidément j'adore cet écrivain.
Une vie...
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 12 septembre 2005
L'auteur parle vrai et il nous touche profondément car on se retrouve un peu dans son livre, c'est comme si notre monde personnel était transposé dans un autre décors. Il aborde pas mal de questions intéressantes, sur la religion, l'adolescence, la famille, et ce livre nous ouvre les yeux sur un monde il est vrai assez triste mais très humain dans les bons comme dans les mauvais sens. Un très grand livre je trouve.
Avis contraire...
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 28 novembre 2004
Tout au long de ce très long récit, je n'ai réussi, de mon côté, à m'attacher à aucun des personnages. Alors pour moi, la lecture est demeurée froide, sans implication, sans émotion.
Lorsque le récit réussit à passionner, l'auteur se complaît dans des détails interminables plus ou moins pertinents qui freinent toute escalade d'enthousiasme de la part du lecteur.
Il y a trop de complaisance de la part de l'auteur, à mon avis.
Désolée!
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