In between de Marie Demers
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Quête de soi
Un autre flop littéraire s’ajoute à la longue liste des romans sur la jeunesse actuelle. En caricaturant le langage de l’auteure, disons que c’est un « câlisse de roman poison à marde ». L’équipe éditoriale d’Hurtubise ne s’est pas montrée particulièrement éclairée en optant pour la publication du manuscrit de Marie Demers.
Une fois de trop, on s’attaque au décryptage du vague à l’âme des rejetons des baby-boomers du Québec, qui n’ont laissé aucun héritage ontologique à leurs descendants. Qui suis-je ? Que veux-je ? Où irais-je ? C’est un dilemme qu’aucun vade mecum ne peut résoudre. Tout est beau, tout est bon, tout est du même au pareil. Parfois, le suicide apparaît comme l’unique solution pour se libérer du tunnel sans issue dans lequel les générations précédentes ont poussé ceux qui les ont suivis sur l’échiquier de la vie.
Après la mort de son père, Ariane quitte le cocon familial pour fuir une veuve retombée en enfance. Une mère insouciante, qui croit jouir du privilège d’orienter la destinée d’autrui. Mauvais guide s’il en est. Le complexe d’Œdipe se manifeste encore une fois dans ce roman qui avantage le géniteur aux yeux de la fille. Pour apaiser ses maux, l’héroïne lui écrit même des lettres, un exercice qui laisse présager d’un salut par l’écriture. L’auteure entrevoit plutôt une rédemption par l’écœurement d’une vie désœuvrée.
Le voyage ne forme pas la jeunesse quand on y recourt comme à une thérapie. Cette dernière s’avère plutôt stérile si l’on choisit de s’éclater en dehors des frontières natales pour régler un problème psychologique. Les beuveries et la fornication s’associent étroitement pour détourner les âmes du chemin de Damas. Après avoir vomi littéralement son trop plein en Argentine, en Irlande, en France et en Inde, il ne reste qu’à revenir auprès des siens, lesquels sont gardiens en fait de la clé d’un sain équilibre.
Le canevas se défend. Mais la structure éclectique adopte de multiples formes qui causent l’effondrement de l’œuvre. Et l’écriture est impuissante à sauver la mise. La jeune auteure, née en 1986, a voulu faire une œuvre cool qui s’adresse à ceux de sa génération. Les jurons se mêlent à de longs dialogues ou à des passages en anglais ou en espagnol. Les références musicales ou littéraires exigent aussi des connaissances qui dépassent la compétence familière du lecteur. Bref, ce premier essai romanesque glisse sous la note de passage.
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