Sept Frères de Jean-Christophe Camus (Scénario), Didier Convard (Scénario), Hervé Boivin (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Shelton, le 27 février 2016 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 3 755 

Salutaire, me semble-t-il !

La série concept Sept, comme il faut l’appeler, est une série d’albums de bande dessinée que l’on peut lire indépendamment les uns des autres, dans l’ordre que l’on veut… sans même les lire tous. Ce sont des one shot, comme on dit et le seul point commun de la série est le chiffre sept. Il y a alternativement sept voleurs, sept détectives, sept nains ou sept missionnaires… et c’est tout ! Pour le reste les auteurs changent, ainsi que les thèmes, les périodes, les genres… Il y a déjà une bonne quinzaine d’albums parus et si certains m’ont laissé indifférent, reconnaissons que j’ai adoré Sept survivants, Sept personnages ou Sept nains et Sept détectives… Voici Sept frères, le petit dernier qui m’a emballé…

En voyant le nom du coscénariste, Didier Convard, le thème, la Franc-Maçonnerie, et le genre graphique réaliste, on pourrait croire qu’il s’agit d’un album de plus pour écrire la louange des Francs-maçons… Le réduire à une telle banalité serait non seulement une erreur mais surtout une façon de se priver d’un album, d’une histoire, d’un récit d’une grande qualité ! Une loge maçonnique, la Seconde guerre mondiale, la Résistance, la trahison, la recherche de la vérité… Voilà à peu près ce que l’on va trouver dans cette bédé d’une très grande tenue scénaristique…

Sept frères, sept arrestations, sept drames à comprendre, digérer et analyser pour arriver à mettre à jour la vérité : oui, quelqu’un a trahi ! Mais qui est le traitre ? Comment a-t-il pu faire pour donner le change si longtemps… Les faits se sont déroulés en 1943 mais c’est en 1951 que la Loge va se reconstituer pour découvrir la vérité…

Dès les premières planches on est conquis, pris par l’histoire, touché par la violence de cette période et les meurtres qui viennent frapper ces Frères qui n’avaient qu’un seul défaut, celui de refuser l’Occupation nazie… Enfin, ils avaient bien un autre défaut, fort grave à l’époque, ils appartenaient à la Franc-Maçonnerie. J’avoue pour ma part comprendre que l’on puisse refuser d’être Frère, après tout cela est une affaire très personnelle, mais voir des personnes arrêtées, déportées, assassinées parce qu’elles appartiennent à cette mouvance… Pire, assassiner les membres des familles des Frères, voilà de quoi dépasser l’entendement… L’homme devient souvent une énigme pour celui qui veut prendre un peu de distance pour comprendre les faits…

La narration graphique de ce récit bédé est presque parfaite, avec un réalisme de belle tenue, une efficacité narrative indiscutable et cela m’a fait plaisir de retrouver Hervé Boivin au crayon, lui que j’avais apprécié dans la série Le sabre et l’épée. Enfin, les deux scénaristes nous offrent un bon récit, solide, bien documenté, crédible, passionnant, bref, tout ce qu’il faut pour un lecteur curieux…

Jean-Christophe Camus continue ici d’explorer l’histoire de la Franc-Maçonnerie comme il l’a commencé avec Fraternités, un beau diptyque à découvrir pour ceux qui ne l’ont pas encore lu…

Sept Frères est une histoire qui devrait passionner les adolescents plus et adultes, une histoire solide comme je les aime, une bande dessinée qui prouve que l’on peut tout raconter en bédé, pour tous les publics et qu’en aucun cas il ne s’agirait que d’une lecture facile réservée aux enfants ou aux demeurés… Non, la bédé peut faire réfléchir, comprendre, renforcer notre humanité, nous pousser à résister aux sirènes de la bêtise… Bref, une bédé salutaire comme je les aime !

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