La route étroite vers le nord lointain de Richard Flanagan

La route étroite vers le nord lointain de Richard Flanagan
(The Narrow Road to the Deep North)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Tanneguy, le 21 février 2016 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 482ème position).
Visites : 4 214 

Australiens et Japonais pendant la dernière guerre...

On se souvient (peut-être) du remarquable "Pont sur la rivière Kwaï" de Pierre Boulle, adapté avec succès au cinéma (exceptionnelle performance d'Alec Guiness !). Le point de départ de ce roman est le même : des prisonniers, australiens cette fois, sont utilisés par les Japonais pour construire une voie ferrée à travers la jungle dans des conditions apocalyptiques. Celle-ci doit joindre le Siam (Thaïlande) à la Birmanie (Myanmar) et le personnage central est un jeune médecin australien chargé de faire le lien entre les prisonniers et leurs geôliers japonais.

Les conditions de vie (de survie) sont atroces et beaucoup succombent ; l'auteur décrit le quotidien de ces hommes jeunes avec une certaine complaisance quitte à encourager le voyeurisme de ses lecteurs. Il s'attachera aussi à décrire la vie "avant" la guerre : qu'était l'Australie à cette époque ? Il suivra également les destins des survivants, Japonais et Australiens, quelques décennies plus tard. Il s'agit donc d'une véritable "saga" qui réserve à l'occasion quelques surprises. Je retiens par exemple les explications détaillées des conditions de la préparation d'une exécution par pendaison, témoignant de l'humanité des bourreaux (!) mais aussi du bon goût de l'auteur.

Ce gros livre se lit sans ennui. Il n'est pas loin pourtant de ce qu'on appelle chez moi un "roman de gare". Ce n'est pas forcément péjoratif...

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Souffrance !

6 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 16 août 2018

Dorrigo Evans, jeune médecin, est cueilli en 1941 par l'armée australienne afin de participer à l'effort de guerre en Orient. L'ennemi, le Japon tout puissant règne en maître. Rapidement capturé, Evans et des centaines d'autres sont victimes de tous les sévices, la faim, les coups, les travaux forcés dans des conditions inhumaines. Le soldat japonais considère qu'un ennemi qui se rend plutôt que de se donner la mort est un sous homme et c'est comme tel qu'il doit être traité.
Un livre dur, parfois difficile à suivre tant le chassé croisé entre le passé et le présent est perturbant.

La ligne de la mort

10 étoiles

Critique de Nav33 (, Inscrit le 17 octobre 2009, 76 ans) - 28 décembre 2016

L'axe central du roman , c'est la construction dirigée par les japonais d'une ligne de chemin de fer entre le Siam et la Birmanie. Cette construction exécutée notamment par des prisonniers de guerre traverse la jungle et sa réalisation avait été jugée quasi impossible avant la guerre par les occidentaux . Les Japonais ont décidé qu'elle serait construite en quinze mois. C'est une décision très simple à suivre puisque c'est la volonté de l'Empereur et qu'aucune valeur ne peut dépasser cette référence. D'ailleurs les prisonniers n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes puisqu'ils ont manqué d'honneur au point de se laisser capturer vivants. Les prisonniers devront donc se traîner épuisés , dénutris et malades jusqu'à la ligne . Leur encadrement est assuré par un médecin colonel australien , Dorrigo Evans qui s'efforcera de faire épargner un maximum de ses camarades d'infortune. Il essaiera de les soigner avec des moyens de fortune en arguant que leur survie temporaire est nécessaire à la construction de la ligne. Il s'appuiera aussi sur le respect aveugle des japonais pour la hiérarchie et donc à son grade. Evans favorise la nécessaire solidarité avec les prisonniers en abolissant la dispense de travail à laquelle les officiers pouvaient prétendre . Lui-même s'astreint à ne bénéficier d'aucun privilège , par exemple dans le partage de la nourriture. Dorrigo Evans va , alors qu'il pensait que rien ne le prédestinait à endosser cette image , devenir un personnage héroïque.
Autant que la période de la guerre et de la captivité le roman s'étend au moins autant sur l'avant et l'après de Dorrigo Evans , de sa naissance jusqu'à sa mort . On suit également le devenir de nombreux prisonnier australiens , ainsi que celui des officiers japonais et de gardes coréens.
Tous sont marqués à jamais par leur expérience extrême , mais la répercussion est difficilement communicable et compréhensible pour leurs proches ; Dorrigo Evans poursuivra sa vie en apparence brillante sous un malentendu . Cela concerne notamment sa vie conjugale et surtout extraconjugale qui occupe une grande partie du récit. Un des nombreux thèmes de réflexion de cette œuvre foisonnante concerne l'érosion de la mémoire puis sa disparition complète au fil des générations . Tout finalement retombe en poussière comme la ligne de chemin de fer ré-engloutie par la jungle avec ses milliers et milliers de cadavres.
Malgré quelques longueurs j'ai envie d'attribuer un coup de coeur Cinq Etoiles à cette œuvre qui nous emmène loin dans une exploration – en partie pessimiste - de l'humanité.

(Hors lecture et résumé perso , on apprend que c'est le livre que Robert Flanagan portait en lui depuis des décennies , livre alimenté par les souvenir de son père , et dont il poursuivit l'écriture pendant douze ans)

Un épisode méconnu de l'histoire

6 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 31 octobre 2016

Dorrigo Evans, médecin Australien, met en lumière à travers sa propre expérience un épisode méconnu de l’histoire : celle des prisonniers de guerre australiens exploités par les Japonais pendant la seconde guerre mondiale pour construire un chemin de fer entre le Siam et la Birmanie. Il est à cette époque chirurgien et a des décisions cruciales à prendre alors que les Japonais exploitent les hommes pour réaliser l’impossible (famine, tabassage, crasse, maladie, mort …). En même temps, on y découvre un amour interdit, celui de Dorrigo et d’Amy, l’épouse de son oncle et d’autres difficultés sur l’amour, la mort, la vie tout simplement. On fait connaissance plus particulièrement avec le mode de pensée des Japonais dicté par les haïkus et l’honneur plus fort que tout, les pan pan girls, le jugement des criminels après la guerre, la difficile reconstruction des hommes suite à celle-ci, les souvenirs évanescents et l’amer constat que l’on en fait bien des années après. Alors oui on s’instruit sur tous les sujets que je viens de citer plus haut, c’est intéressant, mais enfin, il faut tout de même s’accrocher pendant les 50 premières pages, il y a aussi de très nombreux noms de prisonniers qui m’ont fait perdre le fil, et les retours dans différents lieux et époques sont fréquents. En peu de mots : concentrez-vous et tout ira bien !

L'enfer, c'est l'obéissance

8 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 7 août 2016

Dorrigo Evans est né en Tasmanie en 1915. Une fois adulte, il est destiné à se marier ave Ella, qu'il n'aime pas vraiment, quand il rencontre Amy dont il tombe amoureux. Il apprend qu'elle est en fait la femme de son oncle, mais rien ne l'arrête. C'est alors qu'il est envoyé à la guerre et fait prisonnier en 1942 dans un camp destiné à construire une ligne de chemin de fer reliant le Siam à la Birmanie. En tant que médecin-colonel, il est le chef des prisonniers. Les geôliers japonais se conduisent sans pitié.
Tout au long de son existence, Dorrigo s'interroge sur l'amour, contemple en quelque sorte sa lâcheté qui l'empêche d'agir sur les faits et le laisse voguer au milieu de ses insatisfactions sans intervenir : il multiplie les conquêtes féminines, sans qu'elles comblent le vide qui l'habite; il espère sans cesse qu'Ella ne l'épousera pas, puis qu'elle le quittera, bref, que les événements décideront à sa place de sa vie. Du coup, le personnage ne m'est pas apparu comme sympathique, même s'il est exemplaire vis-à-vis de ses codétenus.
L'histoire est contée dans un mélange chronologique plutôt décousu et parfois difficile à suivre. L'auteur décrit longuement la psychologie des Japonais et fait ressortir leur manque total de conscience du mal, l'anesthésie qui leur est inculquée. Le chef du camp se considère comme "bon" et définit la bonté comme étant l'obéissance à l'empereur, sa valeur suprême, son credo ultime.
J'ai été frustrée d'avoir dû subir les tortures par les Japonais, sans pouvoir profiter de la joie de la libération dont nous prive l'auteur. Le lecteur n'a droit qu'aux mauvais moments. Mais effectivement, ce livre se lit dans l'ensemble plutôt agréablement.

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