Bétibou de Claudia Piñeiro
(Betibú)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Meurtres en résidence
Nurit Iscar, 54 ans,célèbre auteure de romans policiers, est au "chômage" depuis le cuisant échec de son dernier livre.
Surnommée Bétibou par son ancien amant, Lorenzo Rinaldi, directeur de journal El Tribuno, elle est surprise par la demande de ce dernier qui voudrait qu'elle écrive un article sur la mort de Pedro Chazarreta dont le cadavre vient d'être retrouvé égorgé dans sa villa de la Maravillosa, résidence ultra fermée et protégée de la banlieue de Buenos Aires.
Il lui propose même d'occuper une maison à l'intérieur de ce très select country club.
Car la mort de Chazarreta fait suite au meurtre non résolu de Gloria Echagüe, son épouse, égorgée elle aussi, trois ans auparavant. Assassinat où de forts soupçons planaient sur le mari.
Dans ce même journal, travaille Jaime Brena, journaliste passé depuis peu à la rubrique faits divers, en attente de la retraite.
Remplacé par un jeune, le "gamin des faits divers", aux méthodes de travail diamétralement opposées, il ne peut s'empêcher de le suivre, de le "paterner", de lui donner les tuyaux de son ami le commissaire Venturini.
" C'est un assassinat, petit. Plusieurs sites d'informations sur le net penchent pour l'hypothèse du suicide, et il y a des tweets et des retweets…, insiste le gamin des faits divers. Des tuits et des retuits, répète Brena. Et puis, sais-tu quel est ton problème, mon petit ? Beaucoup d'Internet et pas assez de terrain."
Ce sympathique trio va donc enquêter sur ces deux meurtres avant de faire le lien avec une étrange "chacrita", fraternité argentine, dont les membres disparaissent un peu trop rapidement.
Si la découverte du cadavre a lieu dès le début du roman, celui-ci peine pourtant à trouver son rythme. De très longues présentations, l'histoire complète du personnage de Betty Boop, et surtout l'absence de ponctuation dans les nombreux dialogues, ont altéré le plaisir de cette lecture.
Mais les présentations terminées, l'enquête emmenée par les trois attachants héros devient plus rythmée, rebondit, explore de nouvelles pistes avec beaucoup de perspicacité, et surtout avec un humour quasi permanent ( comme la soirée où ils sont tous réunis autour d'un joint…)
Le suspense et le rebondissement final imprévu en font un livre agréable et une lecture très sympathique.
Les éditions
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Bétibou [Texte imprimé], roman Claudia Piñeiro traduit de l'espagnol (Argentine) par Romain Magras
de Piñeiro, Claudia Magras, Romain (Traducteur)
Actes Sud / Lettres latino-américaines
ISBN : 9782330014186 ; 23,50 € ; 09/02/2013 ; 448 p. ; Broché -
Bétibou
de Piñeiro, Claudia Magras, Romain (Traducteur)
Actes Sud
ISBN : 9782330017354 ; 13/02/2013 ; 448 p. ; Format Kindle -
Bétibou [Texte imprimé], roman Claudia Piñeiro traduit de l'espagnol (Argentine) par Romain Magras
de Piñeiro, Claudia Magras, Romain (Traducteur)
Actes Sud / Babel
ISBN : 9782330048532 ; 10,20 € ; 01/04/2015 ; 400 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Quelle plume !
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 23 octobre 2016
J'avoue que le résumé ne m'a pas alléché tout de suite mais… c'est Claudia Pineiro. J'avais beaucoup aimé A toi du même auteur. Son écriture est particulière, dialogues incorporés aux descriptions, des répliques qui cinglent, un humour discret et efficace. J'adore sa touche et sa façon de raconter les différents évènements (exemple : la petite soirée entre amis). L'avancée dans l'enquête est très intéressante à suivre, l'auteur fait avancer ses trois personnages principaux en même temps sans perdre son lecteur (ça ne m'a pas dérangé pour ma part). C'est du brut, ça peut plaire ou pas. Ça m'a plu même si je m'interroge encore sur certains points.
Sa plume me plait toujours autant, une auteure que je ne lâcherai pas de sitôt !
(La couverture de la version originale est plus explicite sur le titre mais j'aime beaucoup celle-ci !)
Betty Boop au pays des gauchos
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 29 septembre 2016
Bon, Argentina mais pas n’importe laquelle. Argentina mais Buenos Aires. Et Buenos Aires pas n’importe où ! On parle là du country-club « La Maravillosa », genre de zone résidentielle pour riches, ultra protégée et isolée du reste de la ville.
N’empêche. C’est dans ce country-club que vient d’être commis un meurtre troublant, l’égorgement de Pedro Chazarreta, un pas drôle soupçonné d’avoir lui-même mis fin aux jours de sa femme de la même manière (quel manque d’originalité !) trois ans auparavant dans la même maison, la sienne propre.
Jaime Brena, titulaire à l’époque de la rubrique « Faits divers » au journal El Tribuno, fut amené à traiter de cette affaire. Cette fois-ci, tombé en disgrâce auprès du tyranneau local, Lorenzo Rinaldi, Directeur du El Tribuno, il est placardisé au rayon « Etudes sociologiques à la c… ». Il regarde, vaincu, son tout jeune remplaçant inexpérimenté ne pas trop savoir quoi faire ni comment se comporter. Il faut dire que ce « gamin », comme il le nomme, ne jure que par internet et manque singulièrement d’appétences pour le contact direct et l’enquête sur le terrain.
Jaime Brena va insensiblement se rapprocher de lui, le briefer et ils vont finir par former une équipe qui enquêtera à rebours de l’enquête officielle, mal engagée.
Mais nos deux journalistes ne vont pas rester un duo puisque Nurit Iscar, ex-maîtresse de Lorenzo Rinaldi, le Directeur, romancière brisée par le même Rinaldi va finalement collaborer avec les deux journalistes. Cause commune de cabossés de la vie et d’un jeunot sans expérience …
Et nous voilà à découvrir le monde des « country-club » à la Buenos Aires, un peu d’Argentine (mais pas trop) et à bien patauger dans une histoire humaine bien gérée par Claudia Pineiro.
Je me suis personnellement facilement immergé dans ce petit monde créé par Claudia Pineiro et ai pris bien du plaisir à découvrir Bétibou.
« Comment quelqu'un peut-il dire "Vous me permettez le coffre ?", en omettant le verbe ? De quel verbe s'agit-il, d'abord ? Voir, ouvrir, regarder ? Et l'autre, comment se fait-il qu'il comprenne et qu'il obtempère ? Il n'existe pas de verbes tacites. "Vous me permettez le coffre", cela pourrait vouloir dire "Vous me permettez d'emporter le coffre", "de vous sortir le coffre", "de vous brûler le coffre", "de vous pisser dans le coffre". Qui a donc volé ces verbes au gardien, au chauffeur, à ceux qui se sont retrouvés sans verbes et qui ne le savent même pas ? Pourquoi ce vol n'intéresse-t-il personne ? N'est-ce donc pas un délit, de voler des mots ? Dans ce cas, ne vole-t-on que le mot, ou vole-t-on aussi ce qu'il désigne ? »
Vue de l’externe
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 14 juin 2016
J’aurais aimé m’imprégner de la classe aisée habitant Buenos Aires. Mais il n’y a pas vraiment de scènes d’immersion. Bizarrement, je me perdais parfois à penser que cela se passait en Italie. De plus, je m’attendais à quelque chose de grinçant. Voilà peut-être pourquoi je suis passé à côté.
Echanges de points de vue
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 29 avril 2016
Jaime, journaliste en fin de carrière, fin limier dans son domaine des faits divers, et pourtant remercié et cantonné à la rubrique "société" qui ne présente que peu d'intérêt, seul dans la vie et un peu décalé.
Et le "gamin des faits divers", jeune débutant qui remplace Jaime, génération Web et réseaux sociaux...
Ces trois personnages vont mener l'enquête pour le journal, ainsi se mêlent le regard et l'imagination de la romancière, l'expérience du terrain et les contacts de Jaime et les méthodes plus technologiques du jeunot, qui ne jure que par son ordinateur et son Blackberry. Et leur collaboration va porter ses fruits.
J'ai apprécié ces décalages, ces points de vue divergents qui finissent par converger avec beaucoup d'argumentation.
Mais j'ai surtout aimé ces trois protagonistes, avec leur passé, leurs blessures, leurs doutes, aussi l'échange entre générations et la complicité qui en découle.
A découvrir...
2 journalistes et un auteur
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 25 janvier 2016
Le quotidien El tribuno s'empare de cette affaire, et couvre ce meurtre/suicide au travers de l'approche maladroite du "gamin des faits divers". Ce dernier a été embauché en remplacement du célèbre journaliste Jaime Brena qui, ayant eu l'heur de déplaire à son rédacteur en chef, se retrouve à la tête de la fabuleuse rubrique société, écrivant des articles sans importance sur des sujets frôlant le ridicule... Quoi qu'il en soit, le rédacteur en chef indélicat demande à son ancienne maitresse, Nurit Iscar, Betibou de son surnom (car présentant une certaine ressemblance avec Betty Boop), une écrivain autrefois célèbre qui vivote en servant de petite main aux excentriques qui veulent écrire leur vie, de s'immerger dans le country club et d'y raconter de la fiction, pour alimenter le journal. Jaime, incapable de se tenir à l'écart, avec ses contacts toujours dans la poche, se rapproche du petit jeunot qui le remplace.
J'ai vraiment aimé ce Bétibou, un petit roman relatant l'enquête menée par deux journalistes différents mais complémentaires et un auteur. L'écriture de C. Pineira est simple, instructive mais pas démagogique, et nous dépeint une certaine société de l'Argentine moderne relativement peu connue, trempant tour à tour sa plume fine et élégante dans l'ironie, la férocité, l'extravagance, la tolérance, la bienveillance ou l'humour. L'avancée de l'enquête est plutôt lente, ce qui permet au lecteur de prendre son temps pour découvrir les personnages savoureux qui prennent vie sous nos yeux (Bétibou est un très beau portrait de femme, et l'on croirait ses amies tout droit sorties d'un film d'Almodovar !), leur histoire, leur environnement. Les dialogues, sans ponctuation ni identification de l'interlocuteur, sont percutants, et cette façon de procéder donne un certain cachet au texte.
De nombreux sujets sont évoqués au cours de ces 400 pages. Sous couvert de nous raconter l'investigation liée à la résolution d'un meurtre dans un country club, il me semble qu'une bonne partie du texte, décontextualisée, peut très bien s'appliquer à de nombreux pays, et de nombreuses époques. Par exemple, quand je pense "Argentine" et que je lis : "Quand on ne prête aucune importance aux atrocités passées, elles laissent des plaies ouvertes et, pire encore, il est certaines personnes qui s'arrogent parfois le droit de réparer ce que la justice a en son temps laissé impuni. Il n'empêche que cette justice rendue à titre personnel constitue une nouvelle atrocité qui alimente un cycle infini de haine et de vengeances. Est-il moins assassin que les autres, celui qui tue quelqu'un qui mérite de mourir ?", ça ne m'évoque pas immédiatement la résolution d'une enquête par deux journalistes et un écrivain. Mais après tout, chacun trouvera ce qui le touchera dans un texte !
Une belle découverte.
Pourquoi un cadre vide vous met-il dans un état pareil ? demande le gamin. [...] Parce que la série est rompue, dit Brena. Parce que qui est là nous parle, et ce qui n'est pas là nous interroge, dit Nurit.
Nurit, je te l'assure, ma chérie, ce roman est mauvais ; sais-tu pourquoi ? Parce que tu étais amoureuse, tu avais la tête ailleurs, et l'amour et l'art, cela ne fait pas bon ménage. Le sexe et l'art, oui. L'amour en souffrance aussi. Mais cet amour débile, de chéri chéri, amour de ma vie, celui-là, non.
Quand des choix informatifs négligent certaines nouvelles, on peut parler de censure. Ne laissez personne choisir à votre place. J'ai bien dit personne. Lisez beaucoup de quotidiens, regardez beaucoup de journaux télévisés, tous, même ceux avec lesquels vous n'êtes pas d'accord et, seulement après, faites votre propre choix. Hiérarchiser les nouvelles en fonction de nos propres critères et non par les choix que l'on nous impose, c'est faire de la contre-information. Et la contre-information, ce n'est pas un gros mot, bien au contraire. Cela veut dire informer depuis un autre espace, depuis un espace détaché du pouvoir.
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