Cynismes de Michel Onfray
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie
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Introduction intéressante
J'amie beaucoup Michel Onfray. En tout cas je le préfère nettement, tant du point de vue du fond ( ses racines nietzschéennes sans doute ) que de la forme ( assez accessible et nettement moins pontifiant que ses "collègues" philosophes que sont Comte-sponville ou Ferry ).
Dans ce petit ouvrage, Onfray dresse le portrait d'un courant de pensée au mieux réduit à quelques "images d'Epinal" comme Diogène et son "tonneau", au pire totalement méprisé ! Et pour cause... à côté de ces quelques "chiens" ( étymologie de cynique ) que trouve-t-on à la même époque: Platon et sa pensée totalitaire !
Peu de place pour les cyniques donc ! Mais en veulent-ils vraiment ? Rien n'est moins sûr !
C'est donc une catégorie vraiment "à part", sans système apparent, sans doctrine, sans "lieux de pèlerinage" qu'Onfray nous présente ici. Et le tout est assez convaincant surtout parce que l'auteur est lui-même convaincu ! On est loin des ouvrages de philosophie " le bonheur en 20 leçons" ou "la sagesse du Bobo "... et tant mieux d'ailleurs !
On pourra aller "plus loin" avec l'ouvrage de Léonce Paquet sur les cyniques grecs, plus pointu... mais moins facile d'accès. Onfray permet de se préparer tout en douceur à cette épreuve, pour qui est tenté par l'aventure d'une "pensée inactuelle".
Les éditions
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Cynismes [Texte imprimé], portrait du philosophe en chien Michel Onfray
de Onfray, Michel
le Livre de poche / Le Livre de poche. Biblio essais.
ISBN : 9782253044574 ; 10,35 € ; 01/02/1992 ; 190 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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3,5 étoiles!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 13 août 2010
Cyniquement votre
Critique de Davidjarousseau (, Inscrit le 16 mai 2010, 43 ans) - 16 mai 2010
Comme une révolution a surgi Michel Onfray, philosophe en exercice, dont l’esprit s’est fait chair puis mouvement. L’université populaire comme miracle athée : les paradoxes forment d’autres églises.
Cynismes est une courte thèse pour se risquer à une autre vision du monde possible, immédiatement envisageable. Il est important toutefois de décrypter et d’adapter les métaphores de Dyogène de Synope et autre Antisthène pour ne pas finir en masturbateur sur la place Saint Michel mais bel et bien s’initier à une appréhension neuve de la vie. Animale, crue, simple. Une forme de Dasein alternatif.
Le Cynisme est une philosophie tournée vers le social, puisque ses pratiquants ne cessent d’interrompre la ligne mortifère du temps fade que l’homme occupe à avoir peur de mourir pour le solliciter, nous pourrions même dire l’emmerder : par le verbe, la provocation (lat. pro vocare : appeler dehors), par l’agression fraternelle, dans une hygiène de l’excès et de la démesure. Le pousser à vivre vraiment plutôt qu’à subir les affres de l’ordinaire protocole : servir, suffire, mourir.
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En effet, le cynique met un point d’honneur à ne servir à rien : voilà bien quelque chose que nous ne savons plus faire… si ce n’est lorsque nous faisons l’amour. Dès lors, nous ne produisons plus rien que notre propre jouissance, notre propre plaisir, notre propre transcendance. Rien, en somme !
La fornication, le cynique la pratique, comme toute chose, sur la place publique. Comme un chien sans collier, ni laisse, ni os.
Mais cette appréhension du monde tend vers une forme d’intégralité philosophique, puisque dans sa définition-même (« cynismes » vient du latin canis, le chien), cette vision du monde est animale. Rappelons-le, selon la perspective autoritaire d’Aristote, l’Homme est un zoon politikon, autrement dit un « animal politique, social ». Un citoyen. Or, le chien est roi dans cette vie-là. Il incarne la composante alternative et intrinsèque de l’individu. La mimèsis aristotélicienne se tourne cyniquement vers la splendeur des naïfs : chiens, enfants, poissons et rats, les oubliés de la contemplation active. Les seuls qui méritent d’être imités.
Tout l’intérêt de l’ouvrage de Michel Onfray repose donc dans cette vision alternative suggérée par l’entremise du Cynisme. Si l’homme est zoon politikon, il lui faut retrouver l’animal perdu en lui. Le chien… ou un cheval, un aigle, une morue, pourquoi pas, soyons libres de choisir !
Est-on homme si on se prive de notre animalité ? Peut-être. Mais l’animal, et notamment le roi d’entre tous, le chien, « n’a rien à espérer, rien à craindre ». Il ne demande rien et « désespère » : il a cessé de demander. Son renoncement est acceptation, jouissance, essence. On peut donc être homme en étant simplement social. Mais reste l’épineux problème du bonheur. Le cynique, en chien désespéré, connait la solution…
Voici donc, avec cet ouvrage indispensable de Michel Onfray, le blason du chien rénové ; par la grâce d’une philosophie résolument matérialiste, sociale, bestiale, gracieuse et admirable. Dans sa faculté à permettre, par la massue et par le verbe, un autre monde où la liberté consiste d’abord à cesser de demander.
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Michel Onfray | 66 | Sido | 11 août 2004 @ 20:12 |