Laissez-moi (Commentaire) de Marcelle Sauvageot

Laissez-moi (Commentaire) de Marcelle Sauvageot

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Laetitia, le 23 février 2004 (Inscrite le 23 février 2004, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 470ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 4 922  (depuis Novembre 2007)

Un texte qui ne laisse pas l'âme en paix

Il est difficile de faire la critique d'un livre qui a déjà été décrit par d'aussi grands noms que paul Claudel, Paul, Valery, etc. Les adjectifs qui viennent à la plume pour décrire ce texte court sont simplicité, pureté, exigence de soi et de l'amour. "Laissez-moi", c'est un air que l'on connait, quand on a aimé et que l'on a été quitté(e). C'est un air triste mais digne, qui sonne juste, toujours. Marcelle Sauvageot n'a pas écrit pour être lue. Et c'est sans doute de là que vient l'élégance de ce texte. J'ai aimé sa façon de décrire les mécanismes de la souffrance. J'ai aussi aimé sa façon de dépeindre sans complaisance les faiblesses et les insuffisances de l'homme qu'elle aime et d'en conclure "où est le mal... si j'acceptais ces insuffisances, si je les aimais?"Au final ce qui me touche chez cette femme, c'est son exigence vis-à-vis de l'amour. Son refus de la tiédeur.

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vivre...

10 étoiles

Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 26 août 2016

C’est curieux comme souvent les lectures, les films, les faits que l’on côtoie dans la vie courante, ce que l’on entend à la radio, les amis que l'on se fait, tissent des liens très étroits avec notre être profond, ce qui me laisse à penser qu’il n’y a pas tant de hasard que ça, que souvent nous tenons entre nos mains la flamme vive de notre unité.
«Qui sait, il y avait peut-être une trêve avec la maladie ! Elle doit bien de temps en temps se reposer, avoir des dimanches et des jours de fête… Ces jours-là, il doit être possible de vivre comme autrefois», lis-je dans "Laissez-moi". La narratrice essaie de comprendre la lettre de rupture de son amoureux, alors qu’elle aurait tant besoin d’être accompagnée par lui jusqu’à la mort. Mais finalement, elle ne lui en veut pas vraiment, elle comprend qu’il n’est qu’un homme, faible, préférant une compagne en meilleur état : «Et pour vous rassurer, vous diriez ce que tout homme bien portant dit des lieux où l‘on souffre : ce n‘est pas si terrible qu‘on le dit.» Oui, en lisant cette phrase, je repensais à Ruth Klüger, et à la difficulté de parler d’Auschwitz : puisqu’on en est revenu, c’est que ça ne devait pas être si terrible, pensaient certains…
À quoi bon lire ? pensent certains. Je reformule la question ainsi : oui, à quoi bon lire des inepties, aussitôt oubliées que lues ? Quand les plus intimes nécessités deviennent pour nous difficiles, écoutons les écrivains et les poètes : «Ennoblissons, mon cœur, l’imagination !» comme écrivait Apollinaire à Lou.
Un très grand livre

Quelle déception ...

2 étoiles

Critique de Bishop (, Inscrite le 13 avril 2005, 52 ans) - 24 février 2012

C'est bien la première fois que mon libraire me fait faux bond ... J'ai trouvé ce livre très ennuyeux, tout est relatif car il est très court mais franchement rien de nouveau sous le soleil. On peut s'épancher sur le sort de l'écrivaine, fauchée dans la fleur de l'âge, sur sa rupture avec un homme qu'elle a aimé, sur sa lucidité des convenances, sur la lâcheté, sur les amours trompées ... Certes, il y a des phrases qui sont touchantes, qui montrent sa pugnacité, son analyse, sa volonté de continuer mais très peu pour moi ...

Une féministe aussi

9 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans) - 27 septembre 2006

Une critique éclair doit avoir la modestie de ne pas répéter ce qui a déjà été dit. Et fort bien dit en l’occurrence, par tous. Comme Voni a en plus fait la citation que je comptais proposer pour souligner le féminisme de Marcelle Sauvageot, je me contenterai, pour la même raison, de revenir quelques pages en arrière, au moment où elle s’agace de toutes ces jeunes femmes qui, entre elles, parlent sans cesse de leurs maris. « Faut-il vraiment devenir ainsi et ne penser qu’avec les idées du mari ? (…) je m’ennuie tellement avec toutes ces femmes qui parlent de leur mari ! ».
Et elle ajoute : « Bien des phrases de votre lettre ont appelé en moi toutes ces pensées ‘féministes’ ».
Oui, elle utilise même le mot !

“Je me marie… notre amitié demeure…”

10 étoiles

Critique de Voni (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans) - 28 janvier 2006

Tel est le message que reçoit Marcelle Sauvageot de son amant alors qu’elle séjourne dans un sanatorium. Cette rupture brutale et pour le moins cavalière, la torture. Alors très dignement, elle puise au plus profond d’elle les affres les plus intimes et les plus brutes de sa souffrance amoureuse afin de s’en libérer et de pouvoir probablement en faire son deuil en toute quiétude. Ce récit exprime donc l’ensemble de ses réflexions qu’elle livre en toute intimité puisqu’elles ne sont destinées qu’à elle-même.
Les critiques de ce récit, par d’illustres plumes comme P.Valéry, C.Malraux, C.Du Bos…, ont été multiples et je ne me permettrais certes pas d’en rajouter. Je soulignerai juste ces quelques réflexions qui me paraissent un tant soit peu féministes, en tout cas d’avant-garde car n’oublions pas que ces pensées ont été rédigées au début des années 30. Un sursaut débordant de lucidité.
“Pourquoi me dites-vous : “Existe-t-il celui pour qui vous êtes faite ?”. On dit à une femme : “Celui pour qui vous êtes faite” et à un homme : “Celle qui est faite pour vous” ; voit-on : “Celle pour qui vous êtes fait” ? L’homme est : tout semble avoir été mis à sa disposition… même quelque part dans le monde une femme à sa convenance, dont l’union avec lui préexistait à sa naissance. Ces mots -”pour qui vous êtes faite”- enferment une adaptation obéissante et soumise dont dépendra le bonheur d’une femme. Chose étrange : la femme est faite pour l’homme et c’est à elle que le bonheur ira. L’homme ne peut-il avoir le bonheur, ou bien son bonheur est-il de sentir la souplesse consentante de celle qui est faite pour lui ? Un homme qui caresse un beau chat siamois cherche-t-il à savoir ce que disent les yeux clairs de la bête ? Ou pense-t-il que seule la caresse peut émouvoir cet animal. […] Aimer, c’est pour l’un conquérir, pour l’autre se soumettre ?”
Un texte d’une rare puissance, à la plume très riche dont le lecteur prendra probablement en note nombre d'idées, ne sautant pas la moindre ligne bien au contraire.

touchant..

9 étoiles

Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 39 ans) - 31 mai 2005

Une rupture vécue , une maladie incurable et une lucidité à couper le souffle! Cette femme laisse son coeur parler et jette un regard critique sur l'homme qui l'a quittée. C'est beau, c'est fort elle explicite ce qui ronge chaque jeune femme lors d'une rupture, elle arrive avec une grâce incroyable à se détacher des premiers sentiments troubles et impérieux... Ce qui est agréable c'est qu'elle s'adresse à lui ce qui rend le récit plus vrai; on ne peut pas parler ni d'autobiographie, ni de roman c'est un témoignage de la souffrance et peut-être même d'une prise de conscience. La façon dont c'est écrit est d'une mélancolie profonde suppléée d'une vivacité d'esprit toujours là, malgré la maladie face à laquelle elle fait preuve de courage et de réalisme. Le récit comporte plusieurs étapes qui passent par l'amour, le besoin de se rassurer, la déception, la colère, la solitude, la résignation et finalement le défi. A cela s'ajoute la vision réaliste et sévère des ruptures:
"vous avez cherché dans le passé une phrase par laquelle je semblais vous dire que je ne vous aimais plus... et vous vous couvrez de cette phrase sans vouloir vous souvenir que vous ne l'acceptiez pas.. maintenant vous l’accueillez avec joie, car elle vous permet d'échapper au reproche d'infidélité"
"je n'aime pas vos consolations, je n'aime pas que vous m'imaginiez malheureuse et que des mots dans une lettre s’efforcent avec ardeur de prouver que vous connaissez mon mal et que vous vous sentez près de moi.. je ne veux pas être bercée par votre voix câline parce que vous m'avez fait mal.."
Un excellent moment avec cette femme qui nous offre sans rien cacher une dignité malgré l'affront courtois de la rupture et l'affront pervers de la maladie...

pour tous ceux qui ont vécu une rupture et qui s'en souviennent

8 étoiles

Critique de Karl glogauer (, Inscrit le 17 mai 2004, 50 ans) - 5 juin 2004

vous avez toujours voulu coucher sur le papier votre état après une rupture ?
ce n'est pas la peine, marcelle sauvageot l'a fait

Admirable leçon de courage

10 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 3 mai 2004

Quel dommage, souvent, que la redécouverte et la reconnaissance littéraire ne puissent s’effectuer qu’après le départ des auteurs pour le grand voyage.
Merci à Jean-Pierre Sicre de rendre ce bel hommage à Marcelle Sauvageot, décédée de la tuberculose à Davos. Ce récit, initialement intitulé "Commentaire", l’auteur l’a rédigé d’un trait, relatant la rupture et la souffrance affective qu’elle est en train de vivre. Un texte brut, empli d’émotion. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement lorsqu’on apprend que son amant va épouser une autre alors que vous venez de lui apprendre que vous êtes gravement malade. Avec la subtilité et l’intelligence de Marcelle Sauvageot qui, jamais, ne tombe dans l’esprit revanchard ou colérique contre son amant. Elle préfère (avec raison) disserter sur l’amour et ses mensonges, sur la passion, sur les compromis indispensables, sur tout ce qu’elle a donné et reçu.
C’est beau, sincère, une confidence à soi-même sans faux-semblant, Marcelle Sauvageot sait qu’elle va mourir, à quoi lui servirait-il de se mentir ? Et puis quand on écrit pour soi et uniquement à soi, on peut tout dire, sans souci de plaire ou d’écrire de jolis mots, c’est l’occasion de tout sortir, de s’analyser, voire se juger. Avec le regard parfois peu indulgent de celle qui va bientôt partir et qui ne veut rien se passer. Ce texte était très intime, seulement 150 exemplaires à l’origine destinés aux proches de Marcelle Sauvageot. Brise-t-on son intimité en rééditant ce récit (qui l’a été antérieurement à plusieurs reprises) ? Je ne le pense pas, Phébus lui donne vie et c’est très bien.

Si l'on peut évoquer les notions de culpabilité et de compassion à propos des hommes qui entourent le récit de Marcelle Sauvageot, il convient d'ajouter à ces termes les notions d'admiration et d'interrogation devant la force qui anime l'auteur alors qu'elle sait qu'elle va mourir.
Certaines phrases de son cri du coeur sont bouleversantes et ne peuvent laisser de marbre, elle y dénonce les convenances sociales de son amant ("Notre amitié sera une très jolie chose à l'avenir, nous nous enverrons des cartes postales pendant nos voyages et des bonbons en chocolat au Nouvel An. Croyez-vous que ce soit nécessaire ?", elle livre sa blessure sans pudeur, elle souffre ("Je comprends tellement bien qu'on ne m'aime plus"), elle s'en va ("J'ai mal et quand j'ai mal, je m'éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l'épaule et ne m'accompagnez pas de loin. laissez-moi."

Cette lucidité, cette mise à nu impressionnent au plus haut point ! Charles du Bos s'est rendu à Davos pour rencontrer Marcelle Sauvageot le 2 janvier 1934, elle mourra le 6, quatre jours plus tard... l'émotion a été si forte pour lui !

Ce livre c'est une leçon d'humilité et de force à la fois, avec un courage étonnant de la part d'une mourante qui refuse d'abdiquer, mais sait qu'elle va perdre son combat. Il est si dur de ne savoir comment réagir face à la mort qui se profile, on se sent si faible et elle, Marcelle Sauvageot, si belle, qui dégage autant de force... Admirative je le suis, comme ces hommes ont dû l'être aussi. Enfin je l'espère. Pour eux et pour elle.

Poignant et bouleversant !

9 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 25 février 2004

Lisez ce petit livre de Marcelle Sauvageot, très court, mais vraiment bouleversant !.. "Laissez-moi", autrefois baptisé "commentaire", est le long récit d'une jeune femme, en cure de repos pour grave maladie, qui reçoit une lettre de son fiancé lui annonçant la rupture, mais d'une manière complètement insultante: "Je me marie avec une autre... que notre amitié demeure...". Ce livre c'est donc la longue réponse que la jeune femme souhaiterait lui donner. Et à travers son récit, elle revient sur cet homme, ce goujat, et sur les exigences de l'amour, l'emprise sur les femmes etc..
C'est très poignant, criant de vérité et de sensibilité. Ce récit a été rédigé dans les années 30 mais son contenu demeure d'actualité et nous interpelle encore aujourd'hui. On est d'autant plus touché, sachant que son auteur est décédée peu de temps après (des suites de sa maladie), au jeune âge de 34 ans. Encore un talent méconnu, fauché trop tôt !! (je pense aussi à Laurie Colwin).
Bref, n'hésitez plus à découvrir cette perle !!

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  Laissez-moi : absence de l'homme 1 Agathe 20 avril 2004 @ 10:06

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