Laissez-moi (Commentaire) de Marcelle Sauvageot
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un texte qui ne laisse pas l'âme en paix
Il est difficile de faire la critique d'un livre qui a déjà été décrit par d'aussi grands noms que paul Claudel, Paul, Valery, etc. Les adjectifs qui viennent à la plume pour décrire ce texte court sont simplicité, pureté, exigence de soi et de l'amour. "Laissez-moi", c'est un air que l'on connait, quand on a aimé et que l'on a été quitté(e). C'est un air triste mais digne, qui sonne juste, toujours. Marcelle Sauvageot n'a pas écrit pour être lue. Et c'est sans doute de là que vient l'élégance de ce texte. J'ai aimé sa façon de décrire les mécanismes de la souffrance. J'ai aussi aimé sa façon de dépeindre sans complaisance les faiblesses et les insuffisances de l'homme qu'elle aime et d'en conclure "où est le mal... si j'acceptais ces insuffisances, si je les aimais?"Au final ce qui me touche chez cette femme, c'est son exigence vis-à-vis de l'amour. Son refus de la tiédeur.
Les éditions
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Laissez-moi [Texte imprimé], commentaire Marcelle Sauvageot [préf. par Jean-Pierre Sicre] [postf. par Charles Du Bos et Jean Mouton]
de Sauvageot, Marcelle Du Bos, Charles (Postface) Mouton, Jean (Postface) Sicre, Jean-Pierre (Préfacier)
Phébus / D'aujourd'hui (Paris. 1988)
ISBN : 9782859409623 ; 10,15 € ; 05/02/2004 ; 112 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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vivre...
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 26 août 2016
«Qui sait, il y avait peut-être une trêve avec la maladie ! Elle doit bien de temps en temps se reposer, avoir des dimanches et des jours de fête… Ces jours-là, il doit être possible de vivre comme autrefois», lis-je dans "Laissez-moi". La narratrice essaie de comprendre la lettre de rupture de son amoureux, alors qu’elle aurait tant besoin d’être accompagnée par lui jusqu’à la mort. Mais finalement, elle ne lui en veut pas vraiment, elle comprend qu’il n’est qu’un homme, faible, préférant une compagne en meilleur état : «Et pour vous rassurer, vous diriez ce que tout homme bien portant dit des lieux où l‘on souffre : ce n‘est pas si terrible qu‘on le dit.» Oui, en lisant cette phrase, je repensais à Ruth Klüger, et à la difficulté de parler d’Auschwitz : puisqu’on en est revenu, c’est que ça ne devait pas être si terrible, pensaient certains…
À quoi bon lire ? pensent certains. Je reformule la question ainsi : oui, à quoi bon lire des inepties, aussitôt oubliées que lues ? Quand les plus intimes nécessités deviennent pour nous difficiles, écoutons les écrivains et les poètes : «Ennoblissons, mon cœur, l’imagination !» comme écrivait Apollinaire à Lou.
Un très grand livre
Quelle déception ...
Critique de Bishop (, Inscrite le 13 avril 2005, 53 ans) - 24 février 2012
Une féministe aussi
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 27 septembre 2006
Et elle ajoute : « Bien des phrases de votre lettre ont appelé en moi toutes ces pensées ‘féministes’ ».
Oui, elle utilise même le mot !
“Je me marie… notre amitié demeure…”
Critique de Voni (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans) - 28 janvier 2006
Les critiques de ce récit, par d’illustres plumes comme P.Valéry, C.Malraux, C.Du Bos…, ont été multiples et je ne me permettrais certes pas d’en rajouter. Je soulignerai juste ces quelques réflexions qui me paraissent un tant soit peu féministes, en tout cas d’avant-garde car n’oublions pas que ces pensées ont été rédigées au début des années 30. Un sursaut débordant de lucidité.
“Pourquoi me dites-vous : “Existe-t-il celui pour qui vous êtes faite ?”. On dit à une femme : “Celui pour qui vous êtes faite” et à un homme : “Celle qui est faite pour vous” ; voit-on : “Celle pour qui vous êtes fait” ? L’homme est : tout semble avoir été mis à sa disposition… même quelque part dans le monde une femme à sa convenance, dont l’union avec lui préexistait à sa naissance. Ces mots -”pour qui vous êtes faite”- enferment une adaptation obéissante et soumise dont dépendra le bonheur d’une femme. Chose étrange : la femme est faite pour l’homme et c’est à elle que le bonheur ira. L’homme ne peut-il avoir le bonheur, ou bien son bonheur est-il de sentir la souplesse consentante de celle qui est faite pour lui ? Un homme qui caresse un beau chat siamois cherche-t-il à savoir ce que disent les yeux clairs de la bête ? Ou pense-t-il que seule la caresse peut émouvoir cet animal. […] Aimer, c’est pour l’un conquérir, pour l’autre se soumettre ?”
Un texte d’une rare puissance, à la plume très riche dont le lecteur prendra probablement en note nombre d'idées, ne sautant pas la moindre ligne bien au contraire.
touchant..
Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 31 mai 2005
"vous avez cherché dans le passé une phrase par laquelle je semblais vous dire que je ne vous aimais plus... et vous vous couvrez de cette phrase sans vouloir vous souvenir que vous ne l'acceptiez pas.. maintenant vous l’accueillez avec joie, car elle vous permet d'échapper au reproche d'infidélité"
"je n'aime pas vos consolations, je n'aime pas que vous m'imaginiez malheureuse et que des mots dans une lettre s’efforcent avec ardeur de prouver que vous connaissez mon mal et que vous vous sentez près de moi.. je ne veux pas être bercée par votre voix câline parce que vous m'avez fait mal.."
Un excellent moment avec cette femme qui nous offre sans rien cacher une dignité malgré l'affront courtois de la rupture et l'affront pervers de la maladie...
pour tous ceux qui ont vécu une rupture et qui s'en souviennent
Critique de Karl glogauer (, Inscrit le 17 mai 2004, 50 ans) - 5 juin 2004
ce n'est pas la peine, marcelle sauvageot l'a fait
Admirable leçon de courage
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 3 mai 2004
Merci à Jean-Pierre Sicre de rendre ce bel hommage à Marcelle Sauvageot, décédée de la tuberculose à Davos. Ce récit, initialement intitulé "Commentaire", l’auteur l’a rédigé d’un trait, relatant la rupture et la souffrance affective qu’elle est en train de vivre. Un texte brut, empli d’émotion. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement lorsqu’on apprend que son amant va épouser une autre alors que vous venez de lui apprendre que vous êtes gravement malade. Avec la subtilité et l’intelligence de Marcelle Sauvageot qui, jamais, ne tombe dans l’esprit revanchard ou colérique contre son amant. Elle préfère (avec raison) disserter sur l’amour et ses mensonges, sur la passion, sur les compromis indispensables, sur tout ce qu’elle a donné et reçu.
C’est beau, sincère, une confidence à soi-même sans faux-semblant, Marcelle Sauvageot sait qu’elle va mourir, à quoi lui servirait-il de se mentir ? Et puis quand on écrit pour soi et uniquement à soi, on peut tout dire, sans souci de plaire ou d’écrire de jolis mots, c’est l’occasion de tout sortir, de s’analyser, voire se juger. Avec le regard parfois peu indulgent de celle qui va bientôt partir et qui ne veut rien se passer. Ce texte était très intime, seulement 150 exemplaires à l’origine destinés aux proches de Marcelle Sauvageot. Brise-t-on son intimité en rééditant ce récit (qui l’a été antérieurement à plusieurs reprises) ? Je ne le pense pas, Phébus lui donne vie et c’est très bien.
Si l'on peut évoquer les notions de culpabilité et de compassion à propos des hommes qui entourent le récit de Marcelle Sauvageot, il convient d'ajouter à ces termes les notions d'admiration et d'interrogation devant la force qui anime l'auteur alors qu'elle sait qu'elle va mourir.
Certaines phrases de son cri du coeur sont bouleversantes et ne peuvent laisser de marbre, elle y dénonce les convenances sociales de son amant ("Notre amitié sera une très jolie chose à l'avenir, nous nous enverrons des cartes postales pendant nos voyages et des bonbons en chocolat au Nouvel An. Croyez-vous que ce soit nécessaire ?", elle livre sa blessure sans pudeur, elle souffre ("Je comprends tellement bien qu'on ne m'aime plus"), elle s'en va ("J'ai mal et quand j'ai mal, je m'éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l'épaule et ne m'accompagnez pas de loin. laissez-moi."
Cette lucidité, cette mise à nu impressionnent au plus haut point ! Charles du Bos s'est rendu à Davos pour rencontrer Marcelle Sauvageot le 2 janvier 1934, elle mourra le 6, quatre jours plus tard... l'émotion a été si forte pour lui !
Ce livre c'est une leçon d'humilité et de force à la fois, avec un courage étonnant de la part d'une mourante qui refuse d'abdiquer, mais sait qu'elle va perdre son combat. Il est si dur de ne savoir comment réagir face à la mort qui se profile, on se sent si faible et elle, Marcelle Sauvageot, si belle, qui dégage autant de force... Admirative je le suis, comme ces hommes ont dû l'être aussi. Enfin je l'espère. Pour eux et pour elle.
Poignant et bouleversant !
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 25 février 2004
C'est très poignant, criant de vérité et de sensibilité. Ce récit a été rédigé dans les années 30 mais son contenu demeure d'actualité et nous interpelle encore aujourd'hui. On est d'autant plus touché, sachant que son auteur est décédée peu de temps après (des suites de sa maladie), au jeune âge de 34 ans. Encore un talent méconnu, fauché trop tôt !! (je pense aussi à Laurie Colwin).
Bref, n'hésitez plus à découvrir cette perle !!
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Laissez-moi : absence de l'homme | 1 | Agathe | 20 avril 2004 @ 10:06 |