Juste avant l'oubli de Alice Zeniter
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Nous sommes tous des îles désertes...
Une intrigue en cache (ou révèle) une autre...
C'est d'abord l'histoire du désamour dans le couple de Franck (infirmier) et Emilie, qui commence une thèse sur un auteur de thrillers et son détective Adrian Dickson Carr (inutile de chercher sur Internet, tout est inventé : les titres, les extraits, l'article de Wikipédia).
Mais c'est aussi l'histoire du succès fabuleux de cet auteur, y compris chez les intellectuels : un groupe d'universitaires se réunit régulièrement dans l'île déserte de Mirhalay (inutile là encore de la chercher dans l'archipel des Hébrides) pour célébrer l'idole.
Enfin, l'île elle-même a son histoire : par 2 fois désertée et oubliée du monde, on l'a vue renaître après que Donnell, divorcé et misanthrope, est venu s'y retirer pour composer le reste de son oeuvre et y mourir sans laisser de traces en laissant son dernier roman inachevé.
C'est dans l'île que s'achèvera l'amour de Franck et Emilie, une fois dissipée l'illusion d'un Amour fusionnel et rendues évidentes les multiples dissonances qui font d'eux un couple mal assorti, incapable de se construire sur des fondements solides.
Car Emilie partage avec les universitaires du colloque un engouement démesuré pour Donnell et son oeuvre : les 10 romans de cet auteur sont centrés sur un personnage addict sexuel, violent et totalement indifférent à toute valeur morale.
On peut voir là une critique de cette forme de littérature à succès, où le public satisfait sans doute ses instincts primaires, avec ou sans alibi intellectuel, mais l'auteur ne prend pas position, elle suggère. Une conversation entre Franck et le gardien de l'île, Jock, condamne la tendance du public à se passionner pour des super-héros, au lieu de prendre sa vie en main.
L'île peut être comprise comme une métaphore de la condition humaine, où l'homme, s'il ne veut pas sombrer dans la solitude et le désespoir, doit par lui-même se trouver ses propres valeurs et construire des relations authentiques avec l'autre.
Franck, assez terne et dépourvu de confiance en lui-même au début, va sortir grandi de cette épreuve, et conforté dans son choix professionnel, où il essaie de soulager des souffrances réelles, au lieu de se délecter, comme Emilie et de nombreux autres , de celles de héros fictifs.
Un roman dont on ne découvre peut-être vraiment le sens qu'à la relecture, et qui montre l'inventivité de son auteur. Aucun roman d'A. Zeniter ne ressemble d'ailleurs au précédent ; que sera le 4ème ?
Les éditions
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Juste avant l'oubli [Texte imprimé] Alice Zeniter
de Zeniter, Alice
Albin Michel
ISBN : 9782081334816 ; 19,00 € ; 19/08/2015 ; 288 p. ; Broché
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Pas le meilleur
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 4 février 2021
Ed. J'ai Lu
Bonjour les fous de lectures....
Voici ma troisième lecture de cette autrice.
C'est l'histoire d'un jeune couple.
Lui, c'est Franck, infirmier, amoureux il rêve d'Emilie qu'il trouve parfaite et d'avoir des enfants.
Elle, c'est Emilie, elle se cherche, essaye de trouver sa place et décide de commencer une thèse sur Galwin Donnel, un auteur de polars disparu brutalement sur une île perdue des Hébrides.
C'est justement sur cette île, Mirhalay, occupée uniquement par un gardien taciturne, que Franck rejoint Emilie chargée d'organiser les journées consacrées à l'auteur disparu.
Ces rendez-vous ont lieu tous les trois ans et sont les seuls moments où l'île sort de sa solitude.
Franck va à la découverte d'un monde inconnu.
Qu'est-il réellement arrivé à Donnell?
Qui est ce gardien de l'île ?
Qui est vraiment Emilie?
De découvertes en découvertes, Franck perd pied
Nous le suivons pas à pas jusqu'au moment où tout bascule.
Roman à la construction impeccable qui se veut à la fois roman d'amour et policier.
L'atmosphère décrite est lourde, étouffante , intrigante et a le don de capter le lecteur.
L'auteur décortique avec subtilité les sentiments amoureux.
A noter la création de cet auteur de Pola qui est plus vraie que nature? Des citation, extraits de livres et d'interviews, le tout parfaitement inventés mais parfaitement crédibles au point que je suis allée voir sur "Google mon ami" si il existait vraiment.
Voilà, beaucoup de points positifs pour ce roman mais il n'est pas mon préféré de cette auteure.
je ne suis jamais parvenue à me plonger totalement dans l'histoire et n'ai pas éprouvé beaucoup d'empathie pour les personnages.
Je déplore également quelques longueurs soporifiques.
Il n'empêche que je lirai d'autres livres de cette autrice.
Je recommande vivement " Sombre dimanche " et "Jusque dans nos bras" si vous voulez découvrir Alice Zeniter
"L'art de se perdre " est toujours perdu dans ma Pal
Fine analyse de polars
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 19 août 2017
Alice Zeniter a enseigné le français en Hongrie et est chargée d'enseignement à l'université Sorbonne nouvelle. Avec ce roman, Alice Zeniter obtient en 2015 le Prix Renaudot des lycéens et en 2016 le Prix de Trouville.
Emilie et Franck vivent une vie qui paraît idéale : elle, elle prépare une thèse sur Galwin Donnell, le célèbre auteur de polars et lui, il est infirmier. 8 ans de vie commune mais tout évolue trop vite : suite à des journées d'études à Mirhalay, une île pratiquement déserte dans les Hébrides où vécut et mourut mystérieusement Galwin Donnell, Emilie se doit d'y être présente sur l'invitation pressante de son coach Martin Stafford. Franck la rejoint. À Mirhalay, un seul habitant : Jock, un marin qui a bien connu l'auteur Donnell et qui n'en garde pas un souvenir admiratif comme ses lecteurs ! Que s'est-il donc passé sur cette île à l'époque de Galwin Donnell ?
Alice Zeniter étudie à fond le fonctionnement du polar : chaque auteur se dévoile par le truchement de ses héros. Un auteur adulé peut être un homme impossible à vivre, les états d'âme de l'auteur peuvent être emprunts d'un profond pessimisme qu'il n'affiche pas face à ses admirateurs.
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