Échecs amoureux et autres niaiseries de Matthieu Simard

Échecs amoureux et autres niaiseries de Matthieu Simard

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 26 décembre 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Matthieu avec 2 t se cherche une blonde

Dans Échecs amoureux et autres niaiseries, on sent l’esprit des jeunes de la vingtaine à qui le livre plaira sûrement. Plusieurs s’y reconnaîtront, en particulier les garçons incapables de dénicher l’âme sœur. Ça les intéressera d’autant plus que sa forme et son écriture épousent la mentalité faussement désinvolte des jeunes mâles prétendument affranchis alors qu’ils se sentent très mal à l’aise en présence du sexe opposé, surtout quand l’enjeu est d’ordre affectif.

L’œuvre se présente comme une chronique des rendez-vous galants d’un Montréalais désireux de combler son vide amoureux. Chaque chapitre narre l’une de ses rencontres qui se soldent toujours par un échec. L’auteur a choisi d’imprégner son roman d’une atmosphère conviviale plutôt que de succomber aux pièges de l’esbroufe littéraire. Ça donne une œuvre déglinguée, apparentée à la personnalité brouillonne des garçons.

Le héros, affublé du prénom de l’auteur, est un brave type comme on peut en croiser partout. Matthieu a un bon boulot et, surtout, une moto pour souligner son appartenance à la gent masculine. Il n’est pas machiste pour autant. Il est seulement « niaiseux » avec les filles. « Romantique comme un bloc de béton », il ne sait que dire à celles qui l’intéressent, en particulier celles qui ont un beau sourire et de « belles boules ». Parfois, ses tentatives de rapprochement débouchent sur une cohabitation de courte durée. Mais, à cause de sa maladresse, il perd ses blondes (amoureuses) qui fuient comme le diable dans l’eau bénite.

L’œuvre se limite à ses relations avec les filles. Elle ne pénètre pas la psychologie du héros, qui ne semble préoccupé que par la satisfaction de ses besoins affectifs. Au fond, il est le miroir de ses pairs. Il est cynique comme beaucoup de jeunes et drôle comme tout. Sa lettre au pape est hilarante. Il lui demande s’il peut prendre de la cocaïne parce que ça lui permet de rester éveillé pour prier. Les cocasseries abondent et le rappel répétitif de l’orthographe de son prénom avec ses deux « t » ont un effet comique qui rappelle Molière avec la cassette d’Harpagon. Si l’on sourit, il ne faut pas être dupe de la tristesse qui habite cette âme solitaire. Il faut dire qu’il mène une vie ennuyeuse. Boulot, moto, télé et bars. Quand même, son problème est bien réel. Il souffre énormément de ses inaptitudes au bonheur à deux. Il nous le crie même : « Vous auriez pas pu me le dire que c’était si dur ? Qu’aimer, ça faisait mal. Qu’aimer, c’était souffrir, c’était se battre, c’était changer. Se faire changer, se tordre, se déchirer. Se déchirer, oui c’est ça. »

Planant sur un quotidien sans saveur, cette œuvre sans prétention se joint à la longue liste des portraits de jeunes, somme toute, sympathiques.

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