La nuit des femmes qui chantent de Lídia Jorge

La nuit des femmes qui chantent de Lídia Jorge
(A noite des mulheres cantoras)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Tistou, le 18 décembre 2015 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 3 112 

« Afortunada »

Je ne sais pas trop où Lidia Jorge va chercher ses histoires mais le fait est qu’elles sont généralement d’une très grande originalité. Nous avons ici affaire à cinq jeunes femmes, à Lisbonne (Portugal), qui en 1987, toutes de retour des colonies portugaises en Afrique (où l’on sait que Lidia Jorge a passé six ans, entre Angola et Mozambique), quatre portugaises de souche et une, noire, se réunissent, unissent leurs efforts sous la houlette de l’une d’entre elles, Gisela, pour créer un groupe vocal et enregistrer un premier disque.
Il y a Gisela donc, à l’origine du projet et la principale contributrice matérielle via son père adoptif, M. Simon. Il y a les deux sœurs Alcides, deux sopranos ; Maria Luisa et Nani, il y a Solange, la narratrice, recrutée à la base pour sa capacité à créer des « lyrics » et la noire, à la voix chaude et « jazzy », Madalena Micaia.
Tout ce petit monde vit chichement sa petite vingtaine d’années, entre études pour les unes et travail de serveuse pour Madalena. Chichement, toutes sauf Gisela, dont le père assume dépenses et, pourrait-on dire, caprices.
Gisela veut créer un groupe et lancer un premier disque. Un vrai, l’équivalent d’un 33 tours d’autrefois. Elle n’a pas une voix à tomber à la renverse mais elle a la volonté et la ténacité. Il lui fallait quelqu’un pour écrire les textes, c’est Solange qui a été recrutée, elle a deux sopranos de formation classique, Maria Luisa et Nani et puis, donc, Madalena …
Lidia Jorge va commencer par nous raconter « la nuit parfaite », une nuit qui se déroule vingt ans après cette époque, pour poser les bases de la relation un peu compliquée, il faut bien le dire, qui lie les cinq jeunes femmes et lancer les éléments du récit dans le flash-back de vingt ans auparavant. Ce flash-back constitue le corps du roman, l’étude de ce qui s’est mis en place pour satisfaire la soif de Gisela de créer un groupe, dans ses composantes matérielles comme psychologiques puisque beaucoup de sacrifices vont être demandés par Gisela – et acceptés par les quatre autres ; assiduité aux répétitions, abandon des relations sociales, amoureuses, perte de poids, travail vocal, travail chorégraphique, … Rien ne leur sera épargné et tout ça pour ça serait-on tenté de dire. C’est qu’il y aura un sacré grain de sable peu avant de toucher au but …
Vingt ans après Gisela a fait carrière. Les autres ont vécu leurs vies, des vies plus simples. C’est le moment de revisiter certains coins sombres de leur vie de cette époque et de solder des comptes.
C’est très sensible, intelligent, et ne se complaît pas dans la facilité (jamais avec Lidia Jorge !). Une belle lecture d’une auteur qui a certainement un bel avenir devant elle …

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Les éditions

  • La nuit des femmes qui chantent [Texte imprimé] Lídia Jorge traduit du portugais par Geneviève Leibrich
    de Jorge, Lídia Leibrich, Geneviève (Traducteur)
    Métailié / Bibliothèque portugaise (Paris)
    ISBN : 9782864248484 ; 21,00 € ; 19/01/2012 ; 312 p. ; Format Kindle
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