La cour des grands de Michel Déon

La cour des grands de Michel Déon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Didier, le 19 février 2004 (Inscrit le 19 février 2004, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 046ème position).
Visites : 5 576  (depuis Novembre 2007)

souffle sensuel vers ailleurs

LA COUR DES GRANDS de Michel DEON de l'Académie française

L'histoire:

Arthur MORGAN est un jeune Français des années cinquante. Sa mère, veuve et pauvre, lui a offert un billet de première classe pour se rendre en paquebot aux Etats-Unis. Il s'y rend pour étudier le droit des 'affaires'. Pour sa mère, c'est là-bas, qu'il doit réussir sa vie en passant dans ce qu'elle appelle la cour des grands.
Sur le bateau, il rencontre un riche Brésilien: Getulio, sa soeur Augusta, son 'amie' Elisabeth et un de ses futurs professeurs Seamus Concannon, alcoolique. Il croise aussi PORTER, lequel jouera un rôle dans son avenir. Il s'agit du conseiller spécial du Président EISENHOWER.
Après son installation à l'Université de Beresford avec Getulio, Arthur trouve un 'job' à New-York chez un agent de change grâce à Porter. Il fréquente Elisabeth qui navigue dans le monde artistique et théâtral de Greenwich Village.
Arthur échange péniblement un peu de courrier avec sa mère avant que celle-ci ne meure alors que son fils a remis un voyage en France pour passer un séjour amoureux avec Augusta en Floride.
Après son retour en France, Arthur perd de vue tous les acteurs de sa vie américaine sauf l'agent de change Breinstein avec qui il poursuit ses activités. Ses affaires sont prospères.
Il revoit Getulio, ruiné, après 15 ans; Elisabeth, artiste célèbre après 20 ans, Augusta en Italie mais malade et presque folle. La boucle est bouclée.

Les personnages:

Arthur MORGAN: Le héros, naïf, intellectuel, amoureux, révolté, intelligent, fort et faible, mélancolique, heureux et malheureux.

Getulio: joueur, dur, autoritaire, torturé et tortueux, jaloux, subtil, rebondissant, fade.

Elisabeth: belle, vaporeuse, amoureuse, artiste, femme, auto-sacrifiée, vraie.

Augusta: très belle, torturée, fragile, inaccessible, méprisante, douce, gentille, folle.

Seamus Concannon: alcoolique, ringard, philosophe, amoureux, torturé, sympa.

Porter: intelligent, dur, gentil, calculateur, politique, ombrageux.
et les autres
.
L'auteur:

70 ans, vit en Irlande après la Grèce, plus que discret et même casanier, paraît très sensible ou sensuel et semble vivre dans le passé, sympathique, amusant et bon.

Le style:

Académique mais léger, raisonnablement descriptif, phrases souvent courtes, peu ampoulées.

Le livre:

Roman de sociétés, d'amour et initiatique. Chassé-croisé entre les personnages qui s'aiment ou se haïssent tour à tour. Peinture légère (léchée) de différents milieux tels que la bourgeoisie de croisière, la richesse et la politique sud-américaine, la politique et la finance nord-américaines, le milieu artistique new-yorkais, la France profonde.
Grand livre au souffle (et au soufre) sensuel qui emmène le lecteur 'ailleurs'.

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Les éditions

  • La cour des grands [Texte imprimé], roman Michel Déon,...
    de Déon, Michel
    Gallimard / Blanche
    ISBN : 9782070746064 ; 10,80 € ; 25/11/1996 ; 341 p. ; Broché
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Plaisir de lire du bon !

9 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 24 juillet 2017

Milieu des années 50, Arthur Morgan quitte la France à Bord du Queen Mary pour aller suivre aux Etats Unis des études de « droits des affaires ». Sa mère gratte dans ses économies pour pouvoir lui offrir un billet de « première » et c'est à cette générosité qu'il devra des rencontres qui modifieront sa vie à jamais.
Augusta dont il tombera fou amoureux, Elisabeth auprès de qui il se consolera et Getulio le mauvais génie, frère d'Augusta.
Augusta un prénom féminin dont l'écho le troublera pour toujours !

«  Ce nouvel homme qui faisait table rase de son passé avec un joie rageuse s'offrit à pied une longue et lucide visite à New York. Les villes croient que nous les aimons Quelle méprise ! Nous n'avons que des humeurs avec elles. L'humeur d'Arthur sera à la fois légère, critique et proche du désespoir, et ce pendant vingt ans que durera sa résilience.
Quelque part dans ces termitières de béton, d'acier et de verre, Augusta respirait, appuyait son front contre la vitre d'une fenêtre et contemplait dans les voir, les premières rousseurs des frondaisons.
Puis il achèterait des croissants dans une pâtisserie italienne, servi par une jeune fille à la crinière platinée qui zézayait : « Deux croizants ou quatre croizants ? » Le jour des quatre croissants quelqu'un partageait la vie d'Arthur. »

Un livre d'une grande sensibilité.

Un excellent roman français

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 23 août 2015

Quel plaisir de lire (relire ?) Michel Déon ! Il sait construire un roman, il choisit avec soin ses personnages, et son style fluide et élégant fait le reste...

Son héros, Arthur Morgan, construit progressivement son existence : une bourse Fullbright le propulse aux Etats-Unis qu'il rejoint en transatlantique ( le Queen Mary !). Cela paraît désuet aujourd'hui, mais en 1955 ! C'est un rêve qui lui fait rencontrer trois personnages hors du commun, deux brésiliens frère et sœur et une jeune irlandaise. Ils ne vont plus se quitter, au moins en pensée car nombreuses seront les absences parfois longues.

Nous connaitrons (un peu...) New-York, Washington, la Floride, mais aussi en Europe la France, la Suisse, l'Italie. C'est un festival qui nous enchante et bien des problèmes abordés restent d'actualité.

Michel Déon n'était-il pas un des "Hussards" ? Un autre monde, un autre style

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