Une grande voix dans notre désert

Cet opuscule est un tiré à part que distribuent gratuitement les librairies indépendantes à leurs bons clients. Il ne faut donc pas le rechercher comme un ouvrage publié normalement.
La présentation, assurée par Vincent Duclert, offre les références bibliographiques suffisantes pour des recherches ultérieures, grâce aux notes figurant au bas des pages 7 à 11 inclusivement. D’autres parsèment le texte proprement dit, afin de préciser la biographie de tel ou tel protagoniste.

L'ouvrage est la retranscription d'un discours prononcé à la Chambre par Jaurès, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances, sur les principes du fonctionnement et des principes de base dans l'Instruction Publique.
On pourra se procurer par le circuit normal ce discours ainsi que l'intégralité des interventions de Jean Jaurès en consultant la bibliographie déjà signalée.

On se prend à penser que le hasard fait bien les choses… mais est-ce bien un hasard si ce texte se trouve être l’objet d’une publicité particulière cette année ?
En cette fin de novembre 2015 la France panse ses plaies, inhume ses enfants, fauchés par des assassins prétendument inspirés par Dieu.
Après le sang, l’encre coule à flots afin de tenter une explication, d’esquisser des ripostes, d’envisager tel ou tel changement dans nos modes de penser ou d’agir.
On reparle d’intégrisme, de voile, d’islam, de « guerre sainte » et encore et toujours de ce grand absent au nom duquel ont été commis, se commettent et se commettront encore les pires crimes contre l’humanité : Dieu.
Un homme, Français, défendit jadis la primauté de l’universel sur le particulier, sans nier à ce dernier droit de cité d’autant qu’il était une composante du premier. Jean Jaurès, enseignant, universitaire, député, unificateur des socialistes, mit son immense culture, son talent d’orateur et de dialecticien, son désintéressement, au service non seulement d’un parti, d’une idée, d’une école philosophique, mais surtout d’un pays (le nôtre) et des plus humbles de ses citoyens.

Il a payé de sa vie, le 31 juillet 1914, la force de ses convictions. Il était attablé dans un café, en compagnie de quelques amis ou collaborateurs ; il est mort sous les balles d'un fou exalté...
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Ce martyr-là ne promettait pas la lune, ni un tas de vierges ou d’éphèbes, mais une espérance concrète tirée de la richesse matérielle, humaine, et spirituelle de son époque, de sa patrie.

Il n’est pas uniquement question dans son discours à la chambre des députés de la question de l’enseignement, congréganiste ou républicain. Jaurès en appelle à l’Histoire, à la philosophie, aux institutions, aux mœurs d’autres peuples, parmi lesquels les musulmans, vis-à-vis desquels il suppute ce qui pourrait résulter de leur réveil en ce début du XXe siècle.
Nous sommes au début du XXIe. Qu’avons-nous appris ? Rien, comme d’habitude. Malgré un Jaurès. D’ailleurs, lui et ses semblables, on les assassine.
A cette différence qu’autrefois on n’assassinait que les vieux (rois, présidents, empereurs ou ministres) et qu’aujourd’hui ce sont, encore une fois à NOS enfants qu’on s’en prend.

Je suis resté volontairement imprécis dans cette courte critique. Il appartient au lecteur de se replonger dans ce grand moment de janvier 1910, à Paris.

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  Pour la laïque

  de Jaurès, Jean
  le Livre de poche / Les classiques de poche
  ISBN : 9782253183105 ; EUR 5,60 ; 08/06/2016 ; 192 p. ; Poche

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