Kéraban-le-Têtu de Jules Verne, Léon Benett (Dessin)
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Promenons-nous autour de la Mer Noire
La légendaire fierté d’Artaban est depuis longtemps devenue une expression usuelle. Grâce à Jules Verne nous pourrions rajouter sur ce modèle un nouveau proverbe: « Têtu comme Kéraban ! », tant l’écrivain a réussi à camper là un personnage hors-du-commun. L’argument de départ du roman est génialement improbable, prétexte aussi invraisemblable que farcesque : Kéraban est un riche négociant turque célèbre pour son entêtement et sa susceptibilité. Le jour où le préfet de Constantinople impose une taxe pour la traversée du Bosphore, Kéraban refuse de s’en acquitter. Prêt à tout pour défier l’administration, il décide, pour rejoindre sa demeure qui se trouve de l’autre côté du détroit, de faire le tour de la Mer Noire, même si cela doit lui coûter une fortune et lui prendre plusieurs semaines de voyage ! Il entraîne au passage dans cette aventure son ami le Hollandais Van Mitten qui avait le malheur de se trouver là.
Ce qui fait une grande partie de la saveur du roman est le portrait haut-en-couleur de Kéraban, qui accumule bien des défauts : obstiné, râleur, tyrannique, conservateur, voire rétrograde (il déteste tout ce qui est moderne, comme la façon dont s’habillent les « Jeunes-Turcs » ou les moyens de transports à vapeur)... Une des forces de Jules Verne pourtant est de savoir éviter la caricature. Kéraban au final s’avère ainsi malgré tout profondément humain, absolument attachant.
Le négociant turc porte sur ses épaules la mécanique de l’histoire, son caractère excessif en est la substantielle épice. Le personnage est d’ailleurs tellement mis en lumière qu’il introduit un sérieux déséquilibre, assez dommageable me semble-t-il, dans la composition des protagonistes du roman. Ceux-ci sont de fait passablement renvoyés dans l’ombre, en paraissant beaucoup plus convenus, comme Ahmet, le neveu de Kéraban, type même du jeune homme courageux et intelligent, ou Van Mitten, à la personnalité fade et effacée.
L’intrigue par elle-même était plutôt prometteuse, Jules Verne greffant, sur l’argument de départ, une course contre la montre dont l’enjeu est le mariage de Ahmet et de la belle Amasia, avec moult péripéties, aussi bien tragiques que comiques. Je regrette que ces événements soient plutôt concentrés à la fin du roman. La première partie du récit est de fait assez peu palpitante, ce qui donne un sentiment mitigé sur l’ensemble.
Kéraban-le-têtu est un des romans méconnus de Jules Verne. Il aurait pu sans doute se révéler un très bon cru, n’eût été sa construction déséquilibrée. Il y a quand même de nombreux passages savoureux qui méritent à eux seuls le détour, sans oublier la figure théâtrale de l'inénarrable Kéraban !
Les éditions
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Kéraban-le-Têtu [Texte imprimé] Jules Verne dessins et une carte par Benett
de Verne, Jules Benett, Léon (Illustrateur)
Hachette / Grandes oeuvres. Les Intégrales Jules Verne
ISBN : 9782010051036 ; 15,00 € ; 01/01/1978 ; 480 p. ; Relié
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Les critiques éclairs (1)
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Ah ! ce Kéraban, quel personnage !
Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 79 ans) - 17 mai 2020
De la même façon que l’on utilise l’expression usuelle « fier comme Artaban » , on pourrait dire : « Têtu comme Kéraban ».
Kéraban est un riche marchand turc de Constantinople, cité à cheval sur deux continents. Le jour où le préfet impose une taxe pour traverser le Bosphore, Kéraban refuse de s’en acquitter.
Prêt à tout pour défier l’administration, il décide, pour rejoindre sa demeure de l’autre côté du détroit, de faire le tour de la Mer Noire.
Peu importe si cela doit lui coûter une fortune, lui prendre plusieurs semaines de voyage immanquablement semées d’embûches, tantôt comiques , tantôt dramatiques.
De plus ce voyage est l’objet d’une course contre la montre dont l’enjeu est le mariage de Ahmet avec la belle Amasia, convoitée par de louches individus, qui vont mettre à profit l'absence des maîtres des lieux. Il entraîne au passage son client et ami le placide hollandais Van Mitten dans ses aventures.
Kéraban est un personnage haut en couleurs, obstiné, excentrique, conservateur voire rétrograde ( il déteste tout ce qui est moderne ).
S’il empoisonne la vie de son entourage, Jules Verne nous révèle au fil des pages un Kéraban qui s’avère malgré tout d’un caractère généreux, profondément humain et devient un personnage attachant.
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