Belle lecture !

Depuis quelques années, la bande dessinée explore les mêmes plates-bandes que la littérature avec les mêmes qualités, le même enthousiasme et la même persévérance. Du coup, progressivement, la bande dessinée est devenue plus grave, plus profonde, plus humaine, plus universelle. On y traite des grandes questions métaphysiques, de l’avenir de l’homme et de la planète… sans avoir, pour autant, oublié les fondamentaux du genre, l’aventure et l’humour ! C’est pour cela que les magasins spécialisés proposent à la vente, et donc à la lecture, aussi bien le nouvel Astérix que L’Algérie c’est beau comme l’Amérique, un livre d’Olivia Burton et Mahi Grand publié aux éditions Steinkis.

Olivia Burton est née en France dans une famille pied-noir qui le revendique. Durant toute sa jeunesse elle a entendu ses grands-parents, sa mère, ses oncles et ses tantes, dire que là-bas c’était plus beau, plus chaud, mieux ! Elle ne connait pas là-bas et elle avait du mal à imaginer que la mer pouvait être plus bleue qu’à Bandol où habitait sa grand-mère… Ou alors, cette Algérie devait être un pays extraordinaire et il était temps qu’elle aille voir à quoi cela ressemblait…

Elle voulait y aller mais tout le monde la dissuadait : les Arabes sont des barbares trop dangereux, l’Algérie vit sous la dictature, les Islamistes sont des assassins… Un jour, elle a franchi son Rubicon, elle a pris son billet d’avion et elle est partie voir l’Algérie. Elle avait la secrète intention de voir où sa famille avait vécu, de rencontrer ceux qui avaient connu ses grands-parents, d’aller au cœur des Aurès, le pays de sa grand-mère… Pour cela il a fallu attendre que la grand-mère meure mais comme cette dernière lui avait laissé un récit manuscrit sur sa jeunesse en Algérie, c’est en quelque sorte, accompagnée par sa grand-mère, qu’elle va fouler ce pays aimé et fantasmé par sa famille…

De ce voyage à la découverte de ses racines, elle nous offre une bande dessinée dont elle a fait le scénario et qui est dessinée par Mahi Grand. Le dessinateur n’a pas été en Algérie, ni dans sa jeunesse ni avant de dessiner, il n’a mis les pieds là-bas que très récemment après avoir terminé sa mise en image du scénario d’Olivia Burton. Pourtant, on s’y croirait presque…

Olivia est partie comme s’il s’agissait d’un voyage banal et, au fur et à mesure, elle a pris conscience que les choses étaient plus complexes que prévu. Elle a d’abord pris la mesure de la beauté de ce pays, de sa lumière, de sa terre, de son climat. Elle a pu comprendre la fascination de tous ceux qui ont vécu et qui ont fini par croire que c’était chez eux…

Elle a aussi compris, après plusieurs rencontres avec des Algériens, la nature des liens entre deux peuples qui se haïssaient et s’adoraient. Au départ, elle avait comme une sorte de vision stéréotypée : il y a des colonisateurs et des colonisés. Puis elle a découvert que tout était d’une autre nature, que l’on ne pouvait pas simplifier les perceptions des évènements, sans compter que le FLN avait en quelque sorte confisqué l’Indépendance à son profit ce qu’elle n’avait pas envisagé avant d’être là-bas…

Elle a pu mettre ses pieds dans les empreintes laissées par sa mère et sa grand-mère, même si à Alger, elle s’est un peu trompée d’appartement… Mahi Grand a trouvé une narration graphique qui s’adapte parfaitement à ce récit. Il s’est glissé dans l’ombre d’Olivia Burton, on l’oublie, mais il est bien là pour créer des images qui nous portent dans ce voyage qui a donné à la scénariste des racines solides et aux lecteurs que nous sommes l’envie de découvrir un pays par-delà les frasques de l’histoire tumultueuse de la France et de l’Algérie…

Oui, L’Algérie c’est beau comme l’Amérique et ce livre est excellent !

N-B : j'ai une tante qui m'a dit tellement souvent que c'était beau, là-bas ! que cela peut expliquer pourquoi j'ai été séduit par cet ouvrage...

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  L'Algérie c'est beau comme l'Amérique [Texte imprimé] Olivia Burton [dessin de] Mahi Grand

  de Burton, Olivia Grand, Mahi (Illustrateur)
  Steinkis
  ISBN : 9791090090569 ; 20,00 € ; 21/01/2015 ; 180 p. ; Album

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